Chapitre 36*

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Le week-end est arrivé vite. Nous avons eu beaucoup de cours annulés à cause des maladies qui arrivent peu à peu avec l'hiver. Mais aussi à cause d'une formation que beaucoup de professeurs font. Je n'ai pas recroisé Royce, il a dû sécher tous ses cours, et tant mieux. Joshua n'a pas pu me ramener de la semaine, je n'ai donc pas eu d'occasion pour lui parler en seul à seul. Il doit venir au match, j'espère donc pouvoir lui parler après celui d'aujourd'hui. Quant à Mason, il doit venir aussi, il est devenu plus amical ces derniers jours. Surtout après l'épisode de Diane, j'avoue que j'ai été fière de ma réplique. Cette revanche m'a fait beaucoup de bien, elle n'avait qu'à bien se tenir.

Aujourd'hui, nous avons un match important: si nous le gagnons, nous nous mettons en tête du classement. L'équipe a une grosse pression sur les épaules, mais Mathilde sait nous mettre en confiance: ce ne sont pas nos plus gros adversaires et leurs équipes n'a eu que peu d'entraînement à cause de la reconstruction de leur gymnase. Celui dans lequel nous jouons est d'ailleurs immense, bien plus grand que celui dans lequel nous avons joué notre première compétition. Fraîchement repeintes, les lignes sur le sol semblent scintiller et les tribunes oranges contrastent avec le bleu foncé des escaliers et des rambardes.

Nous nous échauffons sur une moitié de terrain. J'observe les gradins: Vincent est présent avec sa mère et la bande. Mason me regarde, nous échangeons un sourire et je fais un signe de la main à Joshua. À l'approche du début du match, je vais vers l'arbitre, Kessy est déjà avec lui pour le tirage au sort décisif pour l'engagement. L'équipe adverse gagne et engage. L'arbitre m'indique que le match durera deux fois une vingtaine de minutes. La pluie tombe sur le toit du gymnase, ce qui provoque un vacarme infernal. Nous peinons à entendre le sifflet de départ. Le match est lancé.

Nous sommes déjà placés en défense, nos adversaires avancent vers nous. Leur rythme de passe est répétitif: Mathilde a vu juste, elles ne sont pas très entraînées, et on voit que certaines sont nouvelles. Je fais signe à Kessy. J'attends qu'elles soient à notre hauteur et m'élance pour intercepter une passe faite par une des nouvelles. C'est moche, mais c'est le jeu, et je ne compte pas les ménager, surtout vu la pression qui règne sur nous.

Je cours alors à toute vitesse vers les cages adverses, la gardienne s'avance pour faire un un contre un. Je prends mon élan aux neuf mètres et je saute. J'envoie un boulet de canon dans le coin gauche. La balle ricoche sur le poteau et rentre.

Deux coups de sifflet, le score s'affiche sur le panneau lumineux accroché en hauteur: 1-0. Ça commence très bien.

Le match se déroule à la perfection: malgré les changements réguliers de l'autre équipe, nous gardons l'avantage sur eux. La mi-temps est sifflée, nous partons boire. Je regarde les scores: 14-8. Rien n'est joué, mais nous sommes sur la bonne voie. Kessy m'attrape par le bras et m'attire vers les gradins. Joshua m'attend, accoudé à la rambarde. Les autres sont en train de discuter avec Marion, un peu plus loin. Kessy nous laisse et rejoint le groupe.

—Joli match.

—Merci.

—On peut parler d'un truc ?

Je souris: je sais déjà.

—Je sais déjà.

Il écarquille les yeux.

—Elle te l'a dit ?!

Je ne suis plus aussi sûre de ce que j'avançais.

—De ?

Il soupire et annonce d'une traite:

—Je pense que c'était une mauvaise idée, je crois avoir compris que je suis vraiment attiré par les hommes.

Je m'y attendais, mais je ressens tout de même un pincement au cœur.

—Je pense aussi, et si tu es heureux comme ça, tant mieux.

Il me tend la main:

—Ami ?

Je soupire, soulagée que notre amitié en ressorte intacte.

—Ami, dis-je en la serrant.

Nous rejoignons le groupe. Nous discutons à peine quelques secondes avant d'entendre Mathilde nous appeler. Nous repartons sur le terrain. Je souffle et remets ma tête en mode compétition.

Nous nous élançons au coup de sifflet, Kessy a le ballon. Je suis sur l'extrémité droite de notre lignée humaine qui avance vers l'adversaire. Notre capitaine fait des passes, notre pivot se met derrière la défense qui se débat tant bien que mal. Léa, la fille à ma gauche me regarde. J'hoche la tête, nous allons faire comme à l'entraînement. Elle appelle la ballon, je cours vers elle comme pour tirer. Elle me fait la passe et part vers le trou créé dans la défense. Je lui lance la balle en arrière, elle l'attrape et tire. Deux coups de sifflet, la balle est rentrée. Nous nous tapons dans les mains et repartons vers nos cages pour nous défendre.

Après cela, le temps est passé très vite: je n'ai pas quitté le terrain, Kessy a mis quelques buts ainsi que les autres filles. J'ai joué à intercepter la balle et la distribuer, j'ai également marqué un but en plus. Nous finissons avec les scores finaux de 25-11.

Tout le monde se tape dans les mains et salue l'autre équipe. Nous avons le sourire au lèvres: nous sommes premiers au classement ! Mathilde nous félicite:

—Allez tous vous payez une mal-bouffe, vous l'avez bien mérité !

—Oui Coach ! Nous nous exclamons en coeur.

Sur ce, elle nous libère. Kessy, Marion et moi allons vers la sortie pour rejoindre la bande, déjà sur le parking. Nos sourires s'étirent jusqu'à nos oreilles, la tension redescend.

À peine dehors, Vincent attrape Marion et Ayden prend Kessy. Mason s'avance vers moi:

—Bravo, tu as été incroyable.

Je murmure un 'merci' et nous rejoignons les autres.

—Aller les jeunes, dit la mère de Vincent et Marion, je vous emmène chez DizzBug pour fêter ça !

Tout le monde est ravi. Nous partons dans plusieurs voitures vers le fast-food, dans la joie et la bonne humeur.

La soirée se passe très bien: nous rigolons et mangeons comme des morfales de délicieux burgers. Kessy et Marion repassent les meilleurs moments du match, Matthis me montre les vidéos qu'il a prises et Ayden se chamaille avec Joshua pour savoir à qui appartiennent les frites. Je regarde ce tableau et le mémorise. Cet instant est parfait, mais ce qui me fait le plus plaisir, c'est le moment où je sens la main de Mason attraper la mienne sous la table. Son pouce caresse ma peau, et je me rapproche de lui pour me poser légèrement contre son épaule. Mon cœur bat fort, mes joues rougissent et les papillons s'agitent dans mon ventre. Je sais qu'il me fait de l'effet, mais c'est de plus en plus à chaque fois. Plus je l'ignore, plus le voir me manque, plus ses bras me manquent et plus j'ai envie de l'embrasser. Son regard vert croise le mien. Je souris et apprécie le moment, sans penser à demain.

Grab My Hand (Auto-Publié)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant