Chapitre 42

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Le trajet en train se passait bien. Nous nous étions installés dans un compartiment avec Drago, Blaise, Pansy, Daphné et Théo. Vers une heure de l'après-midi, le chariot de bonbons, et de boissons aussi, est passé. Et ils ont tous failli faire une crise cardiaque. Juste parce qu'à la place de prendre du chocolat, j'ai pris des plumes en sucre, des baguettes à la réglisse et des patacitrouille. Ils pensaient vraiment que je n'aimais que le chocolat ? Navrant, vraiment.

Et puis, quelques heures plus tard, Drago a eu une envie de boisson. Et, non pas parce que je n'ai pas confiance en lui, j'ai décidé de l'accompagner. Bon, peut-être que les bonbons m'ont donné soif, aussi. Et, pour changer, Jake est venu avec nous. Ce qui a, immanquablement, provoqué des commentaires de la part de tous dans le compartiment. Ce n'est pourtant plus étonnant, au bout de deux ans.

En progressant dans le train, nous passons devant le compartiment de Potter et ses amis.

- Drago...

Il s'arrête et se tourne vers moi en soupirant.

- C'est bon, Stella. Juste une petite remarque, d'accord ? Ce serait quand même dommage qu'ils m'oublient.

Il finit sa phrase avec un sourire en coin qui a le don de m'agacer plus qu'autre chose. Je relâche mes épaules, vaincue, et m'occupe de continuer à consommer ma plume en sucre. Il a plutôt intérêt à faire attention à ce qu'il dira. Il ouvre la porte.

- Eh bien, eh bien. Qui voilà ? Potter et... son poteau.

Le jeu de mots était franchement nul. Vraiment. Mais dans le genre tellement nul que je ne peux pas empêcher un sourire léger de m'échapper. Ce qui fait hausser les sourcils à Jake.

- Alors, Weasley... Il paraît que tu as pu partir en vacances cet été ? Ça ne t'a pas fait trop bizarre ? Tu ne dois pas avoir l'habitude.

Woaw. Je suis actuellement trop fière de moi. Comme quoi... Tout ce que je fais n'est pas totalement inutile. Il n'a pas abordé une seule fois le sujet de sa famille. Même Jake laisse afficher un sourire.

Le rouquin se lève d'un bon, faisant tomber un panier sur le sol, ce qui fait émettre un grognement à la silhouette endormie dans un coin. Drago y jette d'ailleurs un regard avant de reculer d'un pas.

- C'est qui ?

C'est Potter, qui s'est levé, sûrement au cas où il aurait dû retenir son ami, qui lui répond.

- Un nouveau professeur. Tu disais quoi, Malefoy ?

Ce dernier plissa les yeux avant de faire demi-tour. Il n'est sûrement pas assez idiot pour tenter quoi que ce soit en présence d'un prof. Ce qui ne m'étonne pas plus que ça. Plus loin dans le couloir, je m'adresse au blondinet.

- Bah alors, on a peur d'un prof endormi ?

- La ferme Stella.

Il grogne, sûrement pas très heureux de mon ton moqueur.

- Même toi tu n'as rien dit.

- C'est normal. C'est toi qui as voulu leur parler.

Il continua à maugréer dans sa barbe jusqu'à ce qu'on trouve le chariot. Il passe sa commande et je prends une petite bouteille de jus d'orange. Puis, prise d'une illumination, je prends aussi deux tablettes de chocolat. Jake le remarque tout de suite.

- On ne perd pas les bonnes habitudes.

Je lève les yeux au ciel sous les rires des garçons. Nous finissons par rejoindre nos amis, qui se mettent à rire, eux aussi, quand ils voient mon chocolat.

- Puisque ça a l'air de tous vous faire bien rire, vous n'en aurez pas !

Ils n'eurent pas le temps de dire quoi que ce soit, que le train commença à ralentir.

- Mais... Ce n'est pas encore l'heure, on ne peut pas être arrivés.

Blaise, qui allait sûrement faire une énième blague à la suite de la remarque de Pansy, poussa plutôt un petit cri de surprise, qui me fit bien rire, quand le train s'arrêta soudainement. Basculant vers l'avant, j'ai à peine le temps de me décaler qu'il se cogne la tête dans mon siège.

- Sympa Stella. Tu aurais quand même pu amortir ma chute.

- Non. C'est bien plus drôle comme ça.

Il se rassoit en grognant alors que j'en faisais de même. Mon sourire disparut en même temps que la lumière.

- C'est vraiment pas drôle les gars.

- Ce n'est pas nous, Daphné.

La voix de Jake est calme est posée. Comme toujours, en fait. Mais pour l'avoir entendu parler plus souvent que n'importe qui ici, je sais qu'il est tendu. Les Détraqueurs sont réputés pour se nourrir de toute joie présente en une personne. Ne laissant que les pires souvenirs. Et pour ce qui est de souvenirs horribles, on a déjà notre quota, avec Jake. Je crois que c'est pour ça qu'il est tendu. Moi aussi, d'ailleurs.

Alors que la température chutait vertigineusement, je fais apparaître de la lumière au bout de ma baguette, imitée par Jake. Soudainement, une silhouette si grande que sa tête encagoulée touchait le plafond, apparue devant notre porte. Les deux filles étouffèrent un cri effrayé, alors que les garçons les plus proches de la porte reculaient vers la fenêtre.

Une main, si on peut encore appeler ça comme ça, sort de sous la cape et ouvre lentement la porte. Je peux sentir toute la joie que j'éprouvais il y a encore quelques minutes, s'évaporer. Elle disparaît, laissant la place à des souvenirs dont je ne veux plus jamais entendre parler. Je me mets debout, tremblante et peu sûre de moi, et lève doucement ma baguette. Se concentrer sur un souvenir heureux en cet instant est sûrement l'une des choses les plus difficiles que j'ai eu à faire de toute ma vie.

- Spero patronum...

Une brume argentée sort de ma baguette, prenant vaguement la forme d'une grande créature ailée. Il faut croire que faire un patronus en situation réelle est bien plus éprouvant que tout ce que j'aurais pu imaginer.

Le Détraqueur fait demi-tour. Je me laisse tomber à ma place, sous les regards ébahis de tous, sauf Jake qui sait le faire aussi. Ils reprennent leurs places silencieusement, me dévisageant toujours.

- Tout le monde va bien ?

- C'est plutôt à nous de te poser la question. Tu avais l'air tellement mal...

Je hausse les épaules, feignant l'indifférence suite à la remarque de Blaise. J'attrape l'une de mes tablettes de chocolat, la sépare en cinq et en donne un morceau à chacun de mes amis. Puis je prends la seconde et en donne la moitié à Jake tandis que je garde la seconde.

- Ne me regardez pas comme ça. Ça va vous faire du bien.

Ils en avalent un premier morceau, d'abord sceptiques, puis finissent leur portion à la vitesse de la lumière.

- C'était un patronus ?

Je relève les yeux vers Théo. Il semble complètement étonné. Il doit avoir compris que ce sortilège n'est qu'au programme des cinquièmes années. Je lui réponds tout de même.

- Oui. Mais il n'était pas génial.

- Tu rigoles, j'espère ? Tu as vu l'âge qu'on a ? Ce n'est même pas au programme ! Et il était presque corporel !

- Presque.

Il me regarde avec des yeux ronds tandis que les autres rigolent. C'est Jake qui reprend.

- Tu aurais dû t'y attendre. Elle est tellement perfectionniste, que même un sortilège aussi compliqué que celui-ci elle devrait le réussir parfaitement.

- Mais... Un patronus quoi... Par Merlin, cette fille est incroyable...

Malgré qu'il ait murmuré tout cela, nous l'avons tous très bien entendu. Ce qui nous a tous fait bien rire.

Je réussirai... Pour toi ~ { Partie 1 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant