Je réussirai... Pour toi ~ { Partie 1 }

Chapitre 3

- Bon, on commence par quoi ?

Il s'arrête dans ses cent pas et me fait face. Je lui montre les fauteuils et nous nous asseyons. Il prend la parole le premier.

- On a été séparé moins d'un an après Leur arrivée. On avait le choix. Si on peut encore appeler ça un choix. Soit on mourrait tous les deux, soit je me faisais capturer et elle pouvait s'enfuir. Mon choix a été rapide. Je n'ai plus entendu parler d'elle après ça.

- Je vois. Et bien... Je l'ai rencontrée, il y a un peu plus d'un an. Elles étaient un groupe de filles entre quinze et vingt ans. Et malgré le fait qu'elle était la plus jeune, c'est elle qui donnait les ordres. Quand nous nous sommes faites attrapées, Ils ne nous ont pas tuées tout de suite. Comme nous étions les dernières en liberté, Ils nous ont d'abord enfermé. Puis, pour nous ''féliciter'', Ils nous ont accordé un souhait.

- Un chacune ?

- Non. Un seul pour nous toutes. Elles se sont mises d'accord et m'ont laissé faire. Je leur ai demandé une chose : passer un marché avec moi.

- Pourquoi ne pas avoir demandé à ce qu'Ils partent ? Non. Excuse-moi. C'est idiot comme question.

- Je les ai intrigués. Alors Ils m'ont écoutée. Je savais que, s'Ils envoient des hommes dans ces différents mondes, c'est parce qu'Ils veulent savoir si on peut changer un destin déjà tout tracé. Alors... j'ai proposé que... si je parviens à changer l'histoire d'un monde de leur choix, alors Ils partent et nous laissent tranquille. En attendant, Ils doivent laisser les filles vivre.

Il ne dit rien pendant plusieurs minutes. Je me demande bien ce qu'il pense en ce moment.

- Et... tu... Comment tu peux être sûre qu'Ils respecterons les conditions que tu leur as imposées ?

Sa question me fait sourire. C'est vrai qu'Ils n'ont appris mon nom seulement après avoir enfin réussi à me capturer.

- Je leur fais peur. Je sais, et Eux et aussi, que j'aurai pu m'enfuir sans problèmes. Mais je ne pouvais pas laisser les filles.

- Alors... c'est... Tu... Enfin...

Il ferme les yeux et prend une grande inspiration pour retrouver ses esprits.

- C'est toi. Celle qui tuait inlassablement tous les guerriers qu'Ils envoyaient à la recherche des résistants. Ils n'ont jamais su, ni à quoi tu ressemblais, ni comment tu t'appelais.

- Maintenant, Ils savent.

Nous ne parlons pas pendant plusieurs minutes. Nous avons loupé le repas. Ce n'est pas grave. Pour tous ceux pendant lesquels je n'ai pas pu manger, faute de provisions, je ne suis plus à un festin près. Je l'entends prendre sa respiration, que veut-il savoir ?

- Alors, on fait comment ?

- On ?

- Il s'agit de sauver ma petite sœur. Tu pensais vraiment que j'allais te laisser te débrouiller seule ?

- Non, en effet. Je te comprends. Bon, ce qu'il faut, c'est maîtriser la magie le plus parfaitement possible.

- Magie noire ou blanche ?

Il est comme moi, prêt à tout. On a une chance de les renvoyer là d'où Ils viennent. Alors on fera tout pour, peu importe la méthode.

- Avant qu'Ils ne débarquent, j'avais pris le temps d'écrire dans un carnet, toutes les informations que je pouvais trouver. Sortilèges, enchantements, potions, certains objets magiques, animaux...

- Tu ne te serais pas encombrée pour rien...

- Figure-toi que je l'ai retrouvé au fond de ma valise. Va savoir comment c'est possible...

- Donc... il y a tout dedans ?

- Non. Il va falloir faire des recherches pour compléter.

- Je peux le voir ?

Je sors le carnet de ma poche et lui tends. À peine a-t-il vu la première page, qu'il hausse un sourcil et relève les yeux pour les fixer dans les miens.

- Je sais. Attaquer par les Impardonnables n'était peut-être pas une bonne idée.

Il lâche un petit rire et continue sa lecture. Arrivé à la fin du carnet, ou plutôt de ce qui y est écrit, il le referme et me le rend.

- Je te demanderai bien ce qu'il t'a pris d'écrire un carnet pareil, mais je ne veux pas savoir. Par contre, il nous faut une salle pour nous entraîner.

- Cette salle est très bien. Il faut juste avoir fini le plus gros de l'apprentissage avant la cinquième année.

- Et réussir à trouver une autre salle au moment où ils créeront l'AD.

- On a encore pas mal de temps avant d'avoir à penser à ça. Oh ! Et comme on va prendre pas mal d'avance sur les autres élèves, il faudra qu'on fasse profil bas.

- On pourrait faire gagner la coupe à Serpentard...

- Non, je ne pense pas. Et puis ça changerait trop de choses.

- Mais...

- Je veux surtout changer la fin. Et ça risque d'être compliqué si on change tout dès la première année. Rien qu'avec notre présence, on prend des risques.

- C'est bon, j'ai compris. On a tout vu ?

- Je crois bien que oui. On se retrouve à la bibliothèque à chaque moment de libre qu'on a dans la journée, puis ici à la fin des cours ?

- On va louper les dîners.

- Parce que tu vas me dire que tu as toujours mangé à ta faim ces dernières années ?

Je hausse un sourcil et attends. Il finit par laisser apparaître un léger sourire en coin et se lève.

- Non, je ne pourrai jamais affirmer une chose pareille sans mentir. Le planning me convient. Tu viens ? C'est bientôt l'heure du couvre-feu.

- Je te suis.