Comme un ciel bleu devient rouge puis de nouveau bleu, lorsqu'une lumière s'éteind, quelque chose la rallume.
Ou bien on en allume une seconde qui la remplace. La lumière revient toujours, peu importe sa forme. L'obscurité n'existe pas sans elle, alors, pour exister, elle laisse la lumière revenir d'une façon ou d'une autre. Parfois, c'est même elle qui nous l'apporte.
Et j'avais fini par perdre la mienne.
Je me repli sur moi-même, ramenant mes genoux contre ma poitrine, les entourant de mes bras pour me plonger dans ces souvenirs douloureux de mes combats incessants contre cette forme noire. Il faut que je me souvienne de tout pour comprendre ce qui m'attend. Je ressens ce besoin énorme de protéger l'ancien moi qui a vécu toutes ces choses en évitant d'y repenser mais quelque chose de plus puissant que ce sentiment m'en empêche. Quelque chose en moi cherche à tout savoir.
Je ferme les yeux et je me laisse guider.
Je ne m'arrêtais plus sur les détails du chemin, pensant avoir compris l'essentiel. J'avançais tête baissée vers cette foutue falaise pour tenter d'anéantir cette forme sombre qui s'y trouvait.
J'avais beau tenter de prendre des directions différentes une fois en haut, elle apparaissait toujours et réussissait à me faire chuter.
Je ne peux pas compter le nombre de fois où j'ai chuté. Ce que j'en retiens, c'est que plus je perdais, plus elle grandissait à chaque fois que je la recroisais. Sa colère, sa haine et sa douleur remplissaient l'espace de la falaise bien avant qu'elle n'apparaisse. Il m'était impossible de reculer lorsque j'y posais un pied, le mur invisible s'imposait derrière moi, me bloquant la route.
Au bout d'un moment, je n'avais toujours pas trouvé plus d'informations sur cette forme ni sa façon de fonctionner. Je savais seulement qu'elle se nourrissait de mes échecs et de ma frustration et qu'elle n'apparaissait que lorsque j'étais sur la falaise.
J'ai donc pris la décision de ne pas y retourner.
Je m'arrête au niveau de l'arbre et je grimpe sur ses branches pour m'installer à mi-hauteur. Je suis installé confortablement et je réfléchis sur un possible chemin différent qui me ferait éviter la falaise lorsque je sens les branches frémir autour de moi. Je me redresse pour observer les alentours.
Je la sens bien avant de la voir.
L'air vibre tout autour de moi, se chargeant de sensations négatives que je connais maintenant très bien. Je me repli entre les branches, tentant de me dissimuler derrière ses nombreuses feuilles. Mon cœur bat la chamade. Mes certitudes tombent et le sentiment de sécurité disparait très vite. Je ne comprends plus rien.
Pourquoi est-elle ici ? Comment a-t-elle quitté la falaise ?
Est-ce réellement mon fardeau ?
Simplement cela. Un fardeau inextricable qui ne cesse de me poursuivre où que j'aille.
Je la sens s'approcher de plus en plus. Je tente de me cacher derrière le tronc vis-à-vis de là où elle arrive. Je ne me doute pas un seul instant du pouvoir qu'elle détient.
Le ciel devient rouge et je la sens très proche, presque sous mes pieds. Elle pousse un cri qui fait vibrer l'air avec une puissance effrayante. L'arbre frémit et je regarde apeuré ses feuilles devenir brunes avant de tomber au sol. Je secoue vivement la tête, prenant conscience que je mets en danger un sage conseiller mais la peur m'empêche de bouger pour m'éloigner d'ici.
La forme sombre se colle alors à lui et monte avec une lenteur accablante. Elle semble se délecter de ma peur qui croît de plus en plus à mesure que je vois l'arbre dépérir tout autour de moi. Plus elle monte, plus son contact se nourrit de la force vitale de ce protecteur.
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Il suffit d'un mot
FantasiPanne d'inspiration mais envie d'écrire. J'ai demandé à mon ami de me donner un mot, pour voir si je pouvais en faire quelque chose... De fil en aiguille, de mot en mot, l'histoire s'est créée et se créera encore. J'ai souhaité vous la partager pou...