Dévoilement

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Je prends de plus en plus confiance. En moi, quelque chose se modifie clairement. Mon audace me fait tendre le pied vers le mur mais j'en ai visiblement mal calculé la distance. Le vent diminue et mon pied ne fait que frôler le rebord. Je sursaute et baisse les bras. Le vent perd sa prise et disparait, soufflant sur moi, me décalant un peu.

Je tombe.

C'est alors que je cri. La peur revient se nouer à moi comme une étreinte mortelle.

Je vois l'autre se pencher rapidement et tendre sa main. Je vois son visage et la peur qui le prend lui aussi. Perdre. Se perdre. Ne plus se retrouver.

Je tends ma main vers la sienne dans un élan de frayeur. Il m'attrape. Mon corps se fait lourd et bascule vers le mur. Je m'écrase contre cette paroi qui me griffe la peau. Il me tient. Je le vois, à moitié penché vers le vide. Sa main se resserre sur la mienne, je réalise alors que c'est le premier contact.

Vibration.

Mon âme résonne et je me sens entourée, malmenée, propulsée, bousculée sans trop savoir par quoi ni d'où cela vient. Je relève les yeux vers l'autre qui semble encore plus penché vers le vide à présent.

Il glisse.

Derrière lui, une forme, sombre, s'approche. Je ne ressens que l'angoisse. Ma main devient moite. A nouveau cette vibration. Je ferme les yeux et l'accueille cette fois. Mon corps tout entier tremble et je me sens bousculée.

Plus de contact. Je ne sens plus sa main. Je ne ressens rien. Mes pieds touchent un sol froid.

Lorsque j'ouvre les yeux, il n'y a que de la brume autour de moi... Je n'entends rien...

Pourtant je me souviens. Je me souviens de tout. Alors je me mets à courir, droit devant moi.

Je passe devant la pierre solitaire sans la toucher. Mes pieds frôlent le sol tellement je cours. Les sons arrivent petit à petit et je n'y fais pas attention. J'attrape la plume et la serre contre ma poitrine, elle y laisse une marque rouge en forme de cicatrice.

Peu m'importe, je continue de courir.

J'attrape la lame noire plantée au sol et je la garde en main, sans cesser d'avancer. Ombre se colle à mes pieds nus et semble m'encourager. Elle me prête de sa force, je le sens dans mes pieds qui se durcissent face à ce contact répété sur la pierre.

Je frôle l'arbre du bout de mes doigts, le chant des oiseaux ne me touche pas. Je cours.

L'autre n'est pas là. Je suis mon instinct, j'avance, encore, toujours au même rythme. Je passe la couverture sur mes épaules, elle vole dans mon dos sous la vitesse de mes pas.

Devant la rivière, je vois l'autre de dos qui s'en va sur la gauche. Je tente de le suivre, de l'interpeller mais quelque chose bloque ma course. Quelque chose d'invisible m'empêche de le rejoindre.

Je tape des poings contre ce mur invisible, je cri, je donne des coups de pieds... Rien ne m'ouvre la voie. Je me laisse glisser au sol, vaincue.

Le doute s'empare de moi. Pourquoi aurais-je fais tout cela si ce n'était que pour recommencer et chuter encore ? Pourquoi suivre la voie qui mène à l'impossible ? Pourquoi m'offrir tout cela pour me le reprendre ensuite ?

Près de moi, la rivière se met à chanter. Mon regard se pose sur elle et elle me renvoi ma propre image. Force, détresse, courage, espoir, confiance, doute, peine... La rivière me renvoi tous ces sentiments perçus dans mon regard.

Et tout au fond, la lumière.

Je me redresse, réajuste la couverture sur mes épaules. Le brun s'est teinté d'un bleu profond par endroits. Je relève les épaules. Dans ma main droite scintille doucement la lame sombre. Je m'incline devant la rivière et l'enjambe avec humilité.

J'avance sans courir mais plus vite que la première fois où j'ai fais ce chemin. Je le connais par cœur. Je sais que l'autre m'attend là-haut et qu'il n'y est pas seul.

Il me manquait seulement une arme...

Il suffit d'un motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant