Il suffit d'un mot

Tempête

Je cligne des yeux, une sensation nouvelle m'envahit. Lorsque je reprends pied avec cette réalité, je comprends toute l'importance des histoires. Elles ont toutes deux sens, tout comme nous. Une vie réelle et leur signification. Nous parlons longuement de tout ce que cela peut vouloir dire à l'un comme à l'autre. J'en oublie presque ce qu'il se passe pour moi pendant mon trajet initial.

Ombre n'oublie pas.

Elle s'étend vers l'horizon lorsque le ciel devient rouge et le souvenir me revient en tête.

Je me redresse d'un bond et tente de lui expliquer l'urgence de la situation, le combat à venir. Je crée de nouveaux mots, des mots qui font peur, qui parlent d'échec et de blessure. Pourtant ces mots gardent la même lumière, parce que je souhaite l'inviter à combattre ce sombre destin qui nous attend.

Il ferme les yeux un instant, je ne comprends pas pourquoi il ne se met pas à courir tout de suite pour tenter de changer tout ce qui va arriver.

Il me regarde alors et dans ses yeux je vois la réponse à ma question.

Il a déjà vécu ça.

Comme moi, il est revenu dans un passé et quelque chose s'est modifié. Je penche la tête, fronçant les sourcils. Je me demande combien de fois il a du reprendre du début. Combien de fois il a du revenir sur ses pas pour tenter de parvenir enfin à trouver la véritable voie de la victoire. Je ne l'ai fais que deux fois et cela m'a semblé si difficile à chaque fois... Qu'a-t-il bien pu ressentir de son côté ?

Il m'annonce alors que lors de ses premiers voyages, il était seul.

Il était seul et il ne prenait pas le temps. Il avançait, toujours plus vite, tentant de combattre sans réfléchir, allant de front à chaque fois. Il se faisait embarquer dans une tempête mentale et physique par ce démon et il ne parvenait jamais à s'en sortir.

Chaque fois, la forme sombre le poussait à basculer de la falaise et à tomber plus profond dans la noirceur. Plus il souhaitait aller vite vers son objectif, sans regarder autour de lui, plus il sombrait. Sa tempête devenait présente même lorsqu'il n'approchait pas la forme sombre. Ses chutes le faisaient de plus en plus souffrir dès qu'il se retrouvait au début de sa route, à devoir forcément revenir vers ce combat. Il ne pouvait pas le refuser, le fuir. La forme le trouvait, peut-importe où il se trouvait.

Ses échecs.

Puis il s'est posé, plusieurs fois, et il a remarqué les différences. Il les a acceptées et il a écouté. C'est ensuite qu'il m'a vu. Il ne s'attendait pas à ce que cela provoque tous ces changements mais il les a tous acceptés. Il lui manquait pourtant toujours quelque chose pour combattre et je le lui ai apporté.

« Maintenant, réveille-toi ! »