A ce moment-là, je sentais un changement sans pouvoir en expliquer le sens. Comme un murmure présent, ou quelque chose de ténu dans l'air autour de moi, qui s'échappait dès que je tentais de mette le doigt dessus.
L'autre moi m'observe tranquillement, j'affiche un léger sourire. Il semble deviner où j'en suis dans notre histoire passée et sourit à son tour. Je me doute bien qu'il sait quelque chose de plus que je n'ai pas encore compris et qu'il attend simplement que je lui pose la bonne question. Il reste là, près de moi et me laisse faire en silence.
C'est tout de même étonnant que nous nous permettions cette longue pause sur la route pour me laisser le temps de réfléchir à tout cela. Moi qui d'habitude préfère de loin l'action, je ne peux plus m'empêcher de fouiller ma mémoire pour tout comprendre. Ce moyen de prendre du recul sur tout mon passé me donnera des clés pour l'avenir, je le sens.
Et ce passage-là est d'autant plus décisif sur tout le reste que je ne peux pas me permettre de l'occulter.
Je passe un doigt sur cette brume un peu plus lumineuse qu'auparavant, sans faire un seul pas. Je n'ose pas avancer. J'observe simplement autour de moi et remarque l'ombre accrochée à mes pieds. Elle suit et imite mes mouvements, les peignant sur le sol de sa couleur sombre.
Est-ce la lumière qui l'a créée ?
Est-ce un écho de ma première et seule victoire sur la forme sombre ?
Je m'accroupi pour poser mes doigts sur cette ombre mais ne ressent rien d'autre que la pierre froide sous mes doigts. Elle reste pourtant là, bien décidée à ne pas disparaitre. J'incline très lentement la tête, l'ombre m'imite. Un salut partagé qui me donne le courage d'avancer.
J'enfonce les mains dans mes poches et reprend donc ce chemin que je connais par cœur. Cette sensation qui m'entoure qu'un changement est présent m'empêche de sentir le poids de la routine. Ce qui m'agaçait auparavant me semble maintenant nécessaire pour comprendre la suite.
Je m'arrête devant la pierre qui murmure, toujours intrigué de ne pas reconnaitre son langage. Je ne la touche pas, au fond de moi, quelque chose me presse et m'attire vers la suite.
Quelque chose d'important.
J'avance, recevant la fleur pour la poser sur ce morceau de bois qui n'est plus brisé. Il semble n'avoir reçu aucun dommage dans cette version là et je m'en réjouis. Je frôle du bout des doigts le dessin provoqué par la fleur en son centre. Je me permets de l'observer longuement alors que l'urgence en moi se fait de plus en plus forte. Je ne la comprends pas et ne l'écoute qu'à moitié.
Je me permets de répondre à ce besoin de prendre mon temps parce que je n'aime pas vraiment suivre aveuglément ces sensations qui m'oppressent.
Je reprends enfin ma route, écoutant ces discussions autour de moi dans la brume. Elles ont quelque chose de changé, elles aussi. Elles sont plus vives, plus rapides, les murmures semblent faire écho à cette urgence que je ressens. Troublé, je tente de comprendre ce qui les pousse à s'agiter ainsi mais lorsqu'ils en parlent, le sens m'échappe.
Jusqu'à ce que je comprenne que le danger est tout près.
Je ressens les vibrations dans l'air que j'avais occulté. Ces fameuses vibrations de haine et de colère qui précédent son arrivée. En occultant ce nouveau sentiment d'urgence, j'avais occulté mes sens à l'affût de son attaque.
Je me mets à courir pour ne pas la voir arriver à cet endroit. Je refuse qu'elle les attaques. Elle en a déjà trop pris.
Seulement, je suis arrivé trop tard. Les vibrations que je ressentais n'indiquaient pas son attaque future, ils indiquaient son attaque présente au niveau de l'arbre.
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Il suffit d'un mot
FantasyPanne d'inspiration mais envie d'écrire. J'ai demandé à mon ami de me donner un mot, pour voir si je pouvais en faire quelque chose... De fil en aiguille, de mot en mot, l'histoire s'est créée et se créera encore. J'ai souhaité vous la partager pou...