Dissociation !

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« Tu sais ce que tu dois faire maintenant. »

Nous courrons.

Je cours aussi rapidement que je le peux. Il va légèrement plus vite. Nous tentons de réduire la longue distance entre nous et nos autres nous aussi vite que possible. Nous ne savons pas vraiment à quel moment de nos précédentes histoires nous allons arriver.

Seront nous gravement blessés ?

Seront nous mort ?

Lequel de mes voyage est réel... ?

Lequel de mes « moi-même » est le plus réel ?

Qui va s'en sortir ?

Je ferme les yeux, serrant l'arc dans ma main. Je sais presque déjà ce que je dois faire mais je ne le souhaite qu'à moitié. Pourtant, c'est ce qu'il doit être fait...

Lorsque nous faisons une pause pour reprendre des forces, nous ne parlons pas trop. Il semble lui aussi se douter de ce qui va suivre et se poser les mêmes questions. Il n'a pas souhaité savoir ce que les oiseaux ont dit, ni pourquoi cela semblait vraiment m'avoir affecté. Il a dû, lui aussi, comprendre des choses très importantes pendant son voyage sur ma route. Mais il ne dit rien. Il est comme ça. Les éléments prendront leur place à un moment donné et tout sera compris, aussi douloureux soient-ils.

Nous n'échangeons presque pas. Nos mots sont simples, nos phrases courtes et nos émotions sont dissimulées. La lumière est légèrement diffuse, elle nous éclaire très peu lorsque le ciel devient rouge.

Nous reprenons notre course. Nous longeons la rivière en direction de la cascade sans nous arrêter pour penser à notre ancienne séparation. Pourtant je le remarque à sa course, devant moi, qu'il y a pensé et que l'idée lui a pesé.

Arrivés à la cascade, nous nous posons encore une fois pour vraiment nous reposer avant de franchir le pont. Nous ne parlons pas, cette fois. Je m'allonge de côté sur la pierre froide, la couverture autour de moi. L'autre s'allonge sur le dos, les mains croisées sous sa tête.

Il regarde fixement la voûte céleste.

Lorsque le ciel commence à devenir bleu, il tourne sa tête vers moi.

Nous n'échangeons pas de mots, seulement nos regards.

La lumière apparait entre nous, au niveau de nos torses. Elle est belle, puissante et rassurante. Sa chaleur nous réchauffe tous les deux. Je ferme les yeux quelques secondes et je hoche la tête. Nous nous levons et nous reprenons notre route en nous ménageant cette fois.

Nous arrivons enfin proche de la zone de conflit.

Nos autres nous sont en l'air, au moment même où nous avons été balancés au départ de nos routes respectives. Comme si nous avions été en pause à ce moment-là jusqu'à notre retour ici.

Mon ancien moi est presque au sol, tombant dos à la pierre, les ailes et les bras levés vers le ciel. Mes yeux sont clos, mon visage exprime ma peur profonde de me blesser en touchant le sol.

Son autre lui est un peu plus haut dans le ciel. Il est replié sur lui-même, comme s'il avait tournoyé en l'air un moment. Son bras droit est tendu vers l'arrière, tenant l'épée qui a dû exercer une pression sur son épaule en le faisant souffrir.

La forme sombre s'est de nouveau repliée sur elle-même au milieu de la zone et semble vibrer doucement.

D'un regard, je comprends qu'il va aller empêcher mon ancien moi de tomber brutalement au sol. Je serais plus à même de sauver son autre lui grâce à ma capacité de voler. Je hoche la tête et file en courant vers lui. Dès que nous commençons à avancer, le temps reprend son court et tout se remet en marche. Nos anciens nous reprennent leur chute à vive allure.

Il suffit d'un motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant