L'autre...

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Je le prends. Ma main semble se marier avec la forme de la poignée. Il s'illumine doucement au niveau de ma main puis la lumière longe le bois jusqu'à l'emplacement de la corde pour en devenir une.

Corde de Lumière.

Je ne m'attarde pas et cours pour rattraper l'autre. Courir avec l'arc en main me gêne moins que lorsque je tenais la lame. Je comprends à qui elle est destinée et il faut absolument que je le trouve rapidement.

J'arrive au niveau de l'arbre mais il est déjà loin, en compagnie de ma forme passée. Je ralenti, me souvenant du temps passé devant la rivière. Je leur laisse le temps... Je nous laisse du temps ? Je sais seulement qu'il doit connaitre le langage avant que je ne le retrouve. Je dois pouvoir m'expliquer...

Et s'il ne me voyait pas ?

Je m'arrête un moment, figée. Je suis incapable de savoir ce que je dois faire, comment je dois le faire et si je suis sur la bonne voie.

Est-ce parce qu'il m'a attendu et empêchée de tomber que la forme s'en est prise à lui ?

Dois-je continuer de me mettre sur son chemin ? Devrais-je lui conseiller de continuer sa route, de son côté ?

Je passe un doigt contre la cicatrice sur ma peau, au niveau de la poitrine. J'ai obtenue le rouge du sang, la caresse de la plume et la blessure, puis la lame... Il a obtenu la couleur fleurie puis l'arc... Je réalise enfin ce qui change ici... Je sentais l'arbre et la force du bouclier... Je comprenais le chant de l'oiseau...

Il entendait la vie animale. Tout autour de moi j'entends de nombreux mouvements et des cris différents qui ne se traduisent pas en moi. Pourtant, l'autre les traduisait en son fort intérieur comme je traduisais le chant des oiseaux. Il sait ce qu'ils savent. Il ressentait leur connexion puissante.

Je me souviens de son regard plus serein lorsque je l'ai rencontré la première fois.

Je suis dans son voyage, je peux le suivre sur son chemin après la rivière. Je sers le poing avec conviction et me remet à courir vers ce lieu où nous nous sommes séparés.

Je ralentis, je nous vois de loin sur le point de prendre des routes différentes. J'attends que mon moi d'avant s'éloigne avant de m'approcher un peu plus. Je reste prudente, de peur qu'il y ai de nouveau ce mur invisible. Je tends ma main libre en avant mais rien ne l'arrête.

Je soupire et avance d'un pas plus déterminé tout en observant autour de moi. Il semble longer la rivière, ajustant parfois sa propre couverture bleue sur ses épaules et j'y remarque des reflets bruns. Cela me fait sourire. Plus loin, il s'arrête et se tourne vers l'autre rive. Il semble fixer un point au loin, je mets énormément de temps avant d'apercevoir ce qu'il regarde, le ciel rouge dissimulant presque tout au loin à ce moment là.

Il me regarde, là-bas, assise au sol, discutant avec la lumière... Sa propre lumière se diffuse devant lui, il la laisse faire, sans parler. Son regard clair est toujours serein, ses lèvres dessinent un très léger sourire lorsqu'enfin la lumière diminue. Il incline la tête et se remet en route.

De temps en temps, il répète ce rituel même s'il ne me voit plus. Il s'arrête sans raison, fixe un point de l'autre côté de la rive et sa lumière danse autour de lui. Il reste silencieux mais je comprends qu'il m'entend. Mon cœur se réchauffe d'un seul coup devant cette révélation, je serre l'arc contre moi et continue de le suivre d'assez loin pour pas qu'il ne me remarque.

Le chemin commence à monter de plus en plus, la pente devient très raide. Il ne cesse pourtant pas de continuer son chemin sans ralentir. A un moment, je me demande même s'il ne connait pas déjà cette montagne. La rivière est devenue une cascade qui s'échappe d'un trou sous le pont de bois que nous traversons. Il frôle les rebord du pont du bout des doigts comme s'il saluait une ancienne connaissance. Lorsque j'arrive à mon tour de l'autre côté, il a disparu.

Je le cherche de tous les côtés, la peur d'avoir échoué revient se nouer à ma première conviction. J'avance un peu, essayant de voir s'il n'a pas pris de l'avance puis je me tourne...

Il est là, appuyé contre un rocher, il me fixe.

Il sourit.

Il suffit d'un motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant