Météore

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Le silence.

Même mon souffle ne s'entend pas. Mes mouvements, mon cœur, mes battements d'ailes vains, rien ne produit de son. Tout est ralenti. Tout est absorbé par ce qui m'entoure. Je me sens flotter. Je me sens tomber. Je me sens légère. Je me sens lourde. Le tout en même temps.

Il n'y a rien devant moi que la couleur rouge aux quelques teintes noires. Derrière moi, il y a une énorme étendue nuageuse que je viens de traverser en usant de mes dernières forces.

J'ouvre les bras en grand tout en cessant de battre des ailes. Quelque chose m'attire vers l'arrière et je le laisse faire. Je me laisse tomber dans ce grand vide.

Devant mes yeux, je vois mes cheveux bruns flotter autour de mon visage. Je vois mes mains de chaque côté, égratignées, saignant légèrement, les doigts écartés comme pour tenter de toucher ce rien qui m'entoure. Le sang flotte autour de mes doigts, il ne tombe pas, il s'élève lentement.

Comme l'eau sur mon visage au début de mon histoire.

Je sais que tombe. Parce que je vois mes mains s'écarter du sang qui flotte. Je m'éloigne des gouttes de sang qui viennent de mes blessures et de mon aile brisée. Le sang ne bouge pas, lui, il tourne doucement dans ce ciel rouge et sombre.

Le silence...

Je n'entends plus les murmures de la pluie. Je n'entends plus leurs murmures. Ils sont ébahis par ce qui nous entoure à présent. Derrière nous s'élève la falaise que nous venons de quitter. Devant nous s'étend une prairie dont on ne voit pas l'horizon. Il y a une myriade de couleurs chaudes et claires à la fois.

C'est tellement immense et coloré que je me sens minuscule. Je me sens perdue...

Au-dessus de nous, les nuages s'effacent petit à petit pour découvrir le ciel bleu.

Comme une aube nouvelle.

Comme un nouveau départ.

Comme un renouveau...

Je tombe doucement. Toujours. Je me sens comme une plume qui tournoie dans le ciel avant de se poser.

Perdue sur la route de cet oiseau géant qui continue, lui, son chemin. La Plume, elle, tombe et se pose au sol. Elle sera trouvée, symbole quelconque, par quelqu'un, ou bien simplement balayée par le vent avant de dépérir.

Je traverse les nuages en sens inverse. Ma vision n'est plus que du blanc et quelques tâches de rouge et de brun. Nuage, sang, brun des plumes, de ma peau et de mes cheveux qui me balayent toujours le visage.

Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine.

Je ne suis pas prête.

Je regarde l'autre et son double. Ils sont là, l'un à côté de l'autre, dans une position identique, admirant l'horizon. Ils sont calmes, pour le moment.

Mon cœur accélère légèrement, comme si je savais que cela n'allait pas durer. Je repose mes yeux sur l'herbe d'un vert tendre parsemée de petites fleurs colorées autour de moi.

Je secoue doucement la tête et je recule mes pieds sur la pierre froide de la falaise. J'ai ce sentiment au fond de moi qu'il ne faut pas que j'avance. Il ne faut pas que je sois ici. Il faut que je reparte en arrière.

Il me manque quelque chose.

Je ne sais pas quoi... Je ne me souviens plus...

Est-ce que l'on me trouvera, lorsque j'aurais touché le sol, à mon tour ?

Il suffit d'un motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant