Le silence. Même le souffle ne s'entend pas, j'ai beau respirer, il n'y a aucun bruit. Mon coeur, mes pas, mes gestes, rien ne produit de son... Je ne sais même plus si je vis ou non. Qu'est-ce la vie après tout ? Le bruit ? Les mouvements ? Voir ? Et si c'était plus que cela ? Je continue pourtant d'avancer. Je ne vois rien que la brume devant moi. Brume qui n'a pas de teinte, ce n'est ni blanc, ni noir, ni gris, c'est tout cela à la fois. Je ne sais même pas pourquoi j'avance. Je ne sais pas depuis combien de temps j'avance, je ne sais pas si je vais dans la bonne direction... Y a-t-il une direction ?
Doit-il y en avoir une véritablement ?
Mon pied nu butte contre quelque chose, je le sens, j'entends ce petit « toc » qui résonne alors dans ce nuage. Je cligne des yeux, le sol se dévoile au fil de mes pas. J'ai touché une pierre froide, humide, posée là... J'avance encore, mon souffle devient bruyant, relâchant de la buée qui vient se noyer dans la brume. Un sifflement diffus perce mes tympans de longues secondes puis j'entends un battement de cœur, suivit d'un autre... Je m'arrête et pose la main sur ma poitrine, c'est bien le mien. Il n'y a toujours rien devant moi mais je ressens l'envie de courir.
Je cours. Il y a de plus en plus de pierres au sol, certaines me font glisser mais rien ne me fait chuter. Je ne dis rien, je cours simplement, droit devant. J'entends mon souffle, j'entends mon cœur, j'entends mes pas, je cours plus vite. Jusqu'à perdre haleine.
Lorsque je ralenti enfin, j'aperçois une ombre dans la brume, juste devant moi, au dessus. Une petite ombre qui semble tomber vers moi. Je tends la main et l'ombre devient plume. Elle tombe lentement, bercée dans un souffle qui ne m'atteint pas. Elle se pose sur ma main, plume grise tâchée de blanc dont la pointe rouge dénote dans ce paysage sans couleur. Je ferme la main sur ce contact duveteux, fantôme, caresse... Une vibration me traverse de part en part, me coupant le souffle.
Je tombe à genoux.
Mon mouvement soulève la brume autour de moi. Il n'y a rien que de la pierre au sol, parsemée de petits cailloux. J'ouvre la main, la plume a disparue, ne reste que cette couleur rouge dans ma paume. Rouge sang. Ce vermeil qui semble briller dans cet univers. Je penche ma paume, une goutte de carmin tombe lentement sur le sol en un « ploc » qui pulse dans la brume en un écho troublant.
La brume se soulève à nouveau, comme si le mouvement l'avait soufflée aussi fort qu'une tornade. Le rouge du ciel m'apparait, ce rouge sombre, vibrant, effrayant. J'en viens à regretter la brume qui disparait petit à petit autour de moi de plus en plus loin. Mon cœur bat plus fort, bien plus que lorsque je courrais. Le souffle me manque, mes muscles se figent, je suis aux aguets. Qu'est ce que je cherche ? Qu'est ce que j'attends ? Le jugement, peut-être, la sentence... La paix ?
Sol de pierre, ciel rouge, il n'y a que moi. Il n'y a que moi au milieu de rien. Il n'y a que moi dans cette quête. Il n'y a que moi et la désolation.
Jusqu'où devrais-je aller pour remplir ce monde encore ? Quelle couleur me manque-t-il ? Quel sentiment ?

VOUS LISEZ
Il suffit d'un mot
FantasíaPanne d'inspiration mais envie d'écrire. J'ai demandé à mon ami de me donner un mot, pour voir si je pouvais en faire quelque chose... De fil en aiguille, de mot en mot, l'histoire s'est créée et se créera encore. J'ai souhaité vous la partager pou...