Qui suis-je ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Qui est-elle ?
Etrangement, plus nous avançons vers cette destination inconnue, plus j'en viens à avoir ce genre de réflexion. De questions, qui s'imposent à moi comme si j'avais dû les avoir plus tôt. Je la regarde marcher à mes côtés sous sa couverture bleue, brune et violette. Elle ne semble pas avoir ce genre de pensée là.
Je ne les aborde pas avec elle lorsque nous nous arrêtons pour nous reposer. Nous échangeons parfois sur l'aspect de ce qui nous entoure qui ne change pas vraiment, pas encore.
Toujours cette plaine herbeuse parsemée parfois de fleurs colorées de tailles et de formes diverses. Toujours ce ciel qui est bleu ou rouge sombre étoilé. Toujours nos couvertures.
J'ai parfois trop de questions qui m'assaillent et je ralenti le pas, lourd de ce vide de réponses qui créent en moi ce sentiment nouveau, le doute.
A quoi bon continuer si l'on ne sait rien ?
Sans subir ces effets de son côté, elle semble plus déterminée. Suivre cette étoile vers l'inconnu lui donne cette motivation étrange et communicative. Je fini par reprendre le rythme sans vraiment lui expliquer pourquoi j'ai diminué mon pas. Je ne souhaite pas lui partager ce sentiment, j'ai peur que nous finissions par ne plus avancer tous les deux si le doute s'empare de nous.
Nous avançons encore, mon silence devient pesant. Je ne parviens presque plus à trouver de mots qui ne trahissent pas ce sentiment. Il pèse de plus en plus lourd. Je ne pense plus qu'à ça, je ne ressens plus que cette lourdeur, je ne vois plus que le sol herbeux à mes pieds tout en la suivant vers l'inexploré.
Je suis seul avec ces pensées, seul à les subir, seul à me noyer...
A un moment, j'ai presque l'impression de sentir à nouveau cette chose froide qui tente de m'attaquer, je trébuche contre une pierre dissimulée dans l'herbe en l'évitant.
Je m'arrête.
Elle se tourne vers moi et patiente. Comme si elle avait compris.
Je la regarde.
Elle, brune aux yeux marron, de corpulence moyenne sans avoir trop de forme ou pas assez. Elle se tient droite avec l'arc dans sa main gauche qu'elle passe parfois autour de son épaule. Sa tenue beige semble épouser son corps et même être plus solide qu'un simple tissu. Elle n'est plus pieds nus mais porte des bottines beiges. Sa couverture est devenue un manteau tout en gardant ses couleurs habituelles.
Je me regarde et remarque les mêmes changements sur moi.
A me concentrer sur mes doutes, je n'ai rien remarqué de cette évolution ni à quel moment il s'est produit.
Perdu, je m'assois, réclamant une pause. Je pose les deux épées à plat sur le sol devant moi. Elle vient s'assoir en face et pose son arc sur les épées.
Je m'exprime alors, vidant mon esprit et mon cœur de tous ces doutes qui me pèsent. Je cherche parfois mes mots, car c'est difficile de tout clarifier lorsque tout est resté trop longtemps dans mon esprit à bouillonner. Elle m'écoute calmement.
Le ciel devient sombre et la lumière entre nous s'allume comme d'habitude. Elle n'est même pas faible ni flageolante comme j'aurais pu le croire avec ces mots si sombres, tellement remplis de questions sans réponses.
Une fois que tous mes mots sont sortis, elle garde le silence et lève les yeux vers le ciel. Nous sommes proches de l'étoile que nous suivons depuis un moment déjà.
Elle s'allonge, fixant toujours le ciel. Je sais qu'elle réfléchit à tout ça et qu'elle essaye de comprendre, d'éclaircir peut-être ces sombres pensées. Je l'imite et nous restons ainsi jusqu'au changement de ciel.
La lumière entre nous ne faiblit à aucun moment.
Elle me regarde enfin puis se relève doucement, reprend son arc. Je me lève également, lentement, encore un peu lent, déçu de n'avoir pas obtenu de réponse de sa part. C'est alors qu'elle me dit ces mots :
« Je ne sais pas. Je voudrais pouvoir savoir, moi aussi. Je me dis que, peut-être, en suivant ces maigres indices que l'on reçoit depuis le début, nous trouverons nos réponses. Il faut bien qu'à un moment, les choses ne soient plus floues... Nous vivons bien ces évènements là pour une raison, donc nous finirons par la découvrir. Ferme les yeux, ouvre ton cœur, qu'est-ce que tu vois ? »
« Qu'est-ce que tu vois ? »
Etrangement, ses paroles résonnent en moi. Je ferme les yeux et j'essaie de me laisser glisser dans ce noir complet, sourd des questions et guidé par sa certitude un peu bancale à mon goût.
La lumière ne disparait pourtant pas.
Elle est là, elle palpite, telle une boule infinie qui n'a ni début, ni fin. Pas de doutes ici, ni de certitudes, juste l'instant. La puissance éternelle. Qui semble si fragile et qui rayonne pourtant avec tant de force.
A l'image de ces étoiles apparues dans le ciel.
Lorsque je rouvre les yeux, au loin derrière elle, j'aperçois une énorme forêt qui semble remplir en longueur l'horizon.
Plus loin, au milieu des arbres, de la fumée s'élève vers le ciel.
Derrière encore, des montagnes aux sommets enneigés.
Le paysage se rempli enfin. Les réponses finiront par arriver.
Je hoche la tête à sa question muette et nous reprenons notre route vers cette destination encore inconnue mais avec la conviction que nous saurons bien vite ce qu'il s'y trouve.
Ouvrir ses yeux avec son cœur, non avec ses doutes pour trouver lesréponses, c'est ce qu'elle m'a appris.
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Il suffit d'un mot
FantasyPanne d'inspiration mais envie d'écrire. J'ai demandé à mon ami de me donner un mot, pour voir si je pouvais en faire quelque chose... De fil en aiguille, de mot en mot, l'histoire s'est créée et se créera encore. J'ai souhaité vous la partager pou...