13 - Astrauliope

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Tw: meurtre

Elle avait profité de son temps libre pour explorer les quartiers du fleuve dont faisait partie le bordel de son employeur. Elle décida de trouver un marché pour y acheter du tissu. Ça faisait presque deux ans qu'elle se trimballait les mêmes vêtements et sa veste avait déjà assez souffert. Elle avait sur l'épaule son sac en bandoulière contenant son nouveau salaire ainsi que les quelques affaires les plus importantes  qui venait de sa maison.

Après une vingtaine de minutes, elle arriva au niveau d'une sorte de bazar entièrement ombragé par de multiples tissus coulant des toits. Une délicieuse odeur d'épice embaumait l'air mêlée aux brouhahas des échanges. Elle explora les lieux, complétement allègre face à cette culture si différente de la sienne. Les samudri échangeaient tout, peu importe si c'était avec de l'argent.

Elle acheta à un marchand du tissu pour se créer sa nouvelle veste, un tissu vert aux motifs triangulaires plus foncés, un tissu jaune aux motifs floraux typique de Teasan, un autre bleu aux motifs inspirés des motifs de Hocua et un dernier mètre violet aux motifs répétitifs. Elle avait aussi acheté du fils qu'elle changerait pour repasser les motifs du dernier tissu et elle acquit également des chutes de tissu rougeoyant pour se confectionner une ceinture.

Elle réussit à caser dans sa besace les quelques bouts de tissus, mais elle se résigna à écourter son exploration pour se concentrer à son envie de coudre. Elle commença à faire le chemin inverse pour retourner à son nouveau foyer. Elle remarqua à ses côtés un jeune chien trottinant calmement.

– Salut, lança-t-elle.

C'était son chien, il était propre  et non infesté de puces comme les autres animaux errants. Sa tête arrivait au niveau de la hanche de la jeune femme, c'était un beau chien, ressemblant énormément à un loup. Son pelage dru avait la couleur du sable et ses yeux étaient très foncés mais on percevait leur couleur vert écarlate. L'animal la regarda puis partit droit devant. L'étrangère prit son sac et le plaqua avec les tissus contre sa poitrine et suivit en courant le canidé.

Elle arriva devant l'entrée arrière du bordel de Xélion, le chien en position de combat et regardant la porte. Il n'aboyait pas, il était juste sur ses gardes. Elle sentit alors elle aussi le danger, le sang frais. Elle entra immédiatement dans la cour de la maison close.

Trois hommes se tenaient là, armés. Ils faisaient face à la maquerelle à la face ensanglantée et à son fils inerte marinant dans son sang. Xélion était aussi couvert de sang et de terre, un cocard commençait à se former au coin de son œil droit et un poignard gisait non loin de lui. Derrière eux se trouvaient les prostituées de l'établissement et leurs bâtards, terrifiés par le spectacle se déroulant sous leurs yeux.

– Allons Xélion. Ne me dis pas que c'est tout ce que tu sais faire ? Te mettre à genoux !

L'homme rit. Astrauliope ne le connaissait pas et pourtant elle sut qui s'était. Giriraj, un malfrat influant au niveau du port. C'était évident qu'il venait pour évincer le proxénète pour accaparer quelques-unes de ses richesses.

– Tu te vantes d'offrir la protection d'un foyer à ses chiens et quand tu te trouves face au danger, tu courbes l'échine !

Il frappa avec son pied le visage de Xélion qui se retrouva face contre terre. L'homme eut alors la cruelle idée d'écraser la tête du proxénète sous sa botte. Le chien aux côtés de l'assassin retroussa ses babines.

– Tu veux combattre Sam ?

Pour seul réponse, le canidé se jeta sur l'homme sans bruit et brutalement. Il referma sa gueule sur le mollet et arracha un bout de chair chaude. Giriraj hurla de douleur et se laissa tomber au sol. Ses camarades ne bougeaient pas, choqués par l'apparition de l'animal violent.

Le clan des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant