Il poussa son cheval à ralentir l'allure. C'était une jeune jument abordant une robe baie et une apparence harmonieuse malgré sa taille ridicule comparée aux licornes de ses soldats. Il flatta l'encolure pleine de sueur de Jangaly.
– Allez ma belle, on est bientôt arrivé.
Il n'aimait pas particulièrement monter à cheval. Surtout parce qu'il considère les animaux comme des êtres pensant, et non des objets comme certains de ces semblables, mais aussi parce que sa queue d'écureuil le gênait sur les grands trajets.
Cependant, il était bientôt de retour chez lui, auprès de Fanrei. Il avait d'ailleurs besoin de mettre les choses au point rapidement avec lui. Jangaly secoua la tête, le faisant tirer de ses songes.
Il remarqua alors qu'ils étaient entrés dans la périphérie de la ville, il voyait au loin le palais surplombant la baie de Samudr. Il sourit. Les soldats se rapprochèrent de lui, prêt à le protéger. Le peuple commençait à se regrouper pour avoir la chance d'observer leur roi. Il sourit et salua la foule.
Subitement, Jangaly s'arrêta, manquant de le faire tomber de selle. Elle avait été effrayée par un oiseau qui avait foncé sur elle. Tey'ro observa l'albatros qui s'était posé et l'observait de loin. L'oiseau semblait rire de la situation qu'il avait provoquée.
– Votre Majesté, tout va bien ?
– Oui.
Il observa l'oiseau prendre le large, emportant avec lui le sentiment familier qu'il percevait au fond de lui. Il flatta sa jument et lui fit reprendre son trot tranquille. Ils furent en un rien de temps au palais, Jangaly était heureuse et impatiente de retrouver sa maison, et il devait se l'avouer lui aussi.
Il mit pied à terre tandis qu'une armée de palefreniers venait prendre soins des bêtes. L'un des garçons d'écuries qui les avait suivis de Vistari l'approcha. C'était un elfe à la peau foncé, une queue de cheval retenait ses cheveux noirs et ses yeux dorés révélaient une certaine intelligence. Il s'inclina rapidement.
– Votre Majesté, puis-je prendre votre bête ?
– Oui, je t'en prie. Récompense-la bien, elle en a bien besoin.
– Bien Votre Majesté.
L'elfe s'inclina de nouveau et amena la monture. Il se tourna vers l'entrée du palais, plusieurs serviteurs s'étaient réunis, mais il ne vit pas la bouille blanche de son ami. Il soupira, il allait lui faire regretter cet affront en l'empêchant de marcher correctement les prochains jours.
Il remarqua sa future femme plus loin. Il allait la rejoindre, elle était magnifique malgré l'épuisement qu'elle affichait. La servante qui l'accompagnait s'inclina en le voyant.
– Ma chère, voulez-vous que je vous accompagne jusqu'à vos nouveaux appartements pour vous y reposer ?
Elle sourit.
– Si cela ne vous dérange pas, j'accepte volontiers.
Elle prit son bras. Il sentit sur lui le regard haineux d'Akil Kash Vishnuu, qui les avait accompagnés car Tey'ro s'était vu obligé de lui céder le statut de Gardien, sinon il pouvait dire adieu à son alliance. Ils entrèrent dans le hall.
Il laissa l'humaine découvrirent l'entrée du palais, puis ils furent guidés par l'un des nombreux serviteurs dans les étages supérieurs jusqu'à arriver aux couloirs menant aux différents appartements royaux. L'humaine découvrit, émerveiller son nouveau lieu de vie, les anciens appartements de Yarra.
– J'espère que cela vous plaît Nirmala.
Elle se retourna et le regarda.
– Bien sûr que ça me plaît ! Puis-je réaménager l'endroit à ma convenance ?
Il acquiesça. Il observa longuement la jeune femme décrire à sa servante comment elle voyait les appartements qui lui avaient été attribués.
– Je vous prierais de m'excuser, Nirmala. Je vais me retirer pour être un peu plus présentable.
– Vous n'avez pas à vous excuser Votre Majesté.
Les deux femmes s'inclinèrent et il se retira. Il rejoignit l'entrée de ses propres appartements, un étage plus haut et se laissa enfin aller. Il ouvrit les portes et entra.
– Fanrei ?
Il enleva ses bottes puis la couche de vêtements l'oppressant. Il alla au salon extérieur. Il avait été modifié pour être protégé de l'orage à venir. Il vit enfin son amant, assit dans un coin, le regard sombre et les genoux ramenés près du menton. Il avait les vestiges d'un cocard à l'œil.
– Tu vas bien ?
Il s'assit à ses côtés.
– Je ne peux en vouloir qu'à moi-même...
– Que se passe-t-il Fanrei ? Qui t'a frappé ?
Il passa son bras dans le dos de l'albinos, il le rapprocha de lui. Il apprécia ce contact.
– Pourquoi Akil est ici ?
Il avait relevé les yeux sanglants, attendant fatalement une réponse.
– Je l'ai nommé Gardien, je n'avais vraiment pas envie de me le mettre à dos.
Fanrei détourna la tête.
– Crois-moi que j'aurais préféré ta tête blonde à mes côtés, mais trop de changement d'un coup peut être fatal. Et aussi, il m'a un peu forcé la main.
– Comment trouves-tu Nirmala ?
Tey'ro fut surpris que Fanrei rentra dans le vif du sujet.
– Elle ferait une bonne reine. Et puis, elle te ressemble.
L'albinos poussa un couinement. Le thérianthrope continua.
– Tu fais partie de cette famille non ?
La ressemblance que partageait Fanrei avec les membres de la famille des Kash Vishnuu ne pouvait pas être une coïncidence et il venait de Vistari.
– Tu sais, je ne vais pas te renier Fanrei, être un bâtard n'est pas la fin du monde.
– Je ne suis pas un bâtard...
Tey'ro se tut un instant, légèrement surpris. Son amant le regarda, ses larmes coulaient.
– Je suis son premier fils Tey'ro...
Il lâcha toute sa peine et cacha son visage. Il se refermait encore plus sur lui-même.
– Mais... Ces fils sont morts.
– Shri est décédé ?
Tey'ro soupira.
– Et si tu me racontais tout, surtout avait Samudr.
Fanrei essuya ses larmes et commença son récit.
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Le clan des disparus
FantasyLes dieux règnent depuis plus d'un millénaire sur le continent d'Ikade. Tey'ro Prihya, le bras droit de l'un d'eux, rêve depuis toujours d'un monde où ces huit tyrans ne seront plus qu'un mauvais souvenir. L'occasion se présente un soir, où il neut...