37 - Edward

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Il se sentit enfin complet, le vent dans les cheveux, la sensation de ne plus reposer sur le sol. Il se métamorphosa partiellement, sortant seulement ses ailes et sa queue. Il ne les avait plus déployés depuis son accident qui avait failli le rendre infirme.

Il en profita pour fusionner avec l'alcano. Il sentit son corps se modifier à nouveau, mélangeant leurs deux apparences. Il vit apparaître autour de ses poignets les marques de l'alcano, il en déduit qu'il en allant de même pour les autres marques pourpres. Il regretta son choix en comprenant qu'une nouvelle paire d'ailes, plus petites, venait de pousser dans son dos.

Il arriva tout de même à stabiliser son vol à plusieurs mètres de l'eau. Il fut étonné par la rapidité à laquelle il s'habitua à ses nouveaux membres. Il battit ses deux paires d'ailes pour reprendre de l'altitude et voler parmi les mouettes et autres animaux à plumes.

Il sentit Xélion s'agiter dans ses bras tandis que son vol fut un peu plus maladroit. Il reprenait enfin ses esprits.

– Je suis... mort ?

Edward rit et le regarda. Il en profita pour ouvrir un peu plus les yeux, il les maintenait plisser pour se protéger des bourrasques de vent.

– Non ! On t'a sauvé in extremis. Un peu plus et tu y passais !

Il laissa le proxénète enrouler ses bras autour de son cou.

– Vous êtes quoi du coup ?

– Un allié !

Il sentit quelques choses frôler son aileron droit.

– On est suivi ! Informa Xélion.

Edward jura. Bien sûr qu'il était suivi ! Il n'était pas le seul être au monde à posséder des ailes.

– À quoi il ressemble ?

– Ils sont deux ! Peut-être trois !

– Accroche-toi.

Il se retourna en plein vol, chose risquée pour lui. Il n'arrivait pas à distinguer clairement leurs poursuivants mais l'alcano en lui s'agita, lui transmettant des informations.

Esrimi. La vision.

Capraja. La guérison.

Barlynza. La vérité.

Il se retourna une nouvelle fois, continuant son vol au-dessus de l'océan. Il réajusta sa trajectoire, accompagné du cri de Xélion.

Edward hurla. Quelque chose venait de se planter dans sa jambe. Il jeta un coup d'œil fugace et comprit qu'on lui tirait dessus.

– Vous avez une flèche dans le genou !

– Non, tu crois ? ironisa Edward.

Il fallait revoir le plan. Il était incapable de manipuler les forces à cause de son épuisement précédant et de l'effort qu'il faisait pour voler. Il devrait esquiver les flèches. Quant aux trois Porteurs, ils savaient sûrement voler mieux que lui. Leur seule chance de survie, à lui et au proxénète, serait de se cacher. Il se mit en direction de la ville quand une nouvelle flèche manqua de près son aile droite.

– Ils se rapprochent !

Il jura.

– Tu penses pouvoir courir ?

– Mais, vous ?

– Je peux encore voler petit con !

Il était proche des plages de Samudr quand une flèche se planta au milieu de son dos. Il tomba droit dans l'eau salée. Si les deux flèches qui pénétraient son corps lui avait arraché un cri de douleur, celle qui ressentait quand l'eau toucha ses plaies était une torture. Il essaya de nager, mais avec la flèche plantée dans son dos qui entravait ses mouvements, il ressemblait plus à un chien en train de se noyer.

– Allez !

L'encouragement de Xélion lui redonna du courage. Lui aussi peinait à nager, mais il faisait moins d'éclaboussures que lui. Il le sentit venir près de lui et le porter partiellement.

– Laisse-moi et va te cacher en ville !

Edward but la tasse et toussa après avoir parlé.

– Je les retiendrais aussi longtemps que je peux.

– Hors de question ! Vous m'avez sauvé la vie, je dois au moins vous rendre la pareille !

Il le traîna ainsi jusqu'à la plage en laissant d'immenses traces humides dans le sable. Edward était couvert de sable. Du coin de l'œil, il vit les trois Porteurs ailés tourner autour d'eux comme des vautours. Une flèche rata de s'enfoncer dans la poitrine de Xélion. Il se recula par peur, puis revient le tirer. Le Porteur aux ailes blanches atterris non loin d'eux, c'était lui l'archer. Il avait des airs de Cupidon, même si les flèches qu'il tirait ne rendaient pas amoureux.

– Dégage, ordonna Edward.

Le roux n'en fit rien, il récupéra une des flèches plantées dans le sable et menaça le Porteur d'Esrimi.

– Je n'arrive pas à savoir si ton courage est dû à ta connerie ou si c'est véritablement du courage, dit Esrimi.

– Si tu fais un pas de plus, je t'égorge !

Edward hurla en sentant quelque chose appuyer sur son dos et remuer la flèche. Xélion tourna la tête, la peur et la panique imprégnés sur son visage.

– C'est toi qui vas plus bouger sinon je bute ton copain.

– Les gars ?

Les deux Porteurs se retournèrent vers leur camarade.

– Qu'est-ce qu'il y a Lyn ?

Il vit dans son champ de vision apparaître la Porteuse atteinte de vitiligo.

– Il ne vous fait pas penser à quelqu'un ?

Elle désigna de la tête le proxénète.

– Qui es-tu ? demanda Capraja.

Xélion hésita un instant. Barlynza se rapprocha de lui et il la menaça avec la flèche.

– N'approche pas.

Sa voix était défaillante, un peu plus et il donnait l'impression qu'il pouvait se pisser dessus de peur. La Porteuse le désarma facilement puis lui fit prit le poignet. Elle observa la main à la plaie infectée puis approcha son visage du corps meurtri du roux.

– Tu sens la poussière.

– Euh... Merci ? Je suppose...

Il n'était pas à l'aise. Edward sentit la pression sur son dos diminuer. Le Porteur de Capraja s'était redressé.

– Comme lui ? demanda-t-il.

– Quasiment la même.

– Mais il n'a eu qu'un enfant non ? dit Esrimi

Barlynza regarda droit dans les yeux l'homme.

– Qui es-tu ? Et ne t'avises pas de mentir, je le saurais.

Il déglutit.

– Soigner mon ami et je vous dirais qui je suis.

La femme se retourna vers le Porteur de Capraja.

– Vas-y, qu'on en finisse.

Edward sentit la flèche sortir de sa chair, puis, comme une caresse, la magie de Capraja l'inonda. Il en fut de même pour la flèche dans le genou. Il se sentait bien, légèrement euphorique. Le Porteur agrippa les cheveux rouges d'Edward et le força a s'asseoir sur ses talons.

– Bordel de merde...

Esrimi lâcha son arc et ses ailes s'affaissèrent. Barlynza le dévisageait comme s'il était un mort revenu à la vie. Le troisième Porteur dévisagea à son tour Edward.

– C'est impossible...

– Et pourtant, déclara Edward.

Il ne savait pas si leurs réactions étaient à cause de la Pierre qui pendait à son cou ou si c'était parce qu'il avait reconnu les marques de l'alcano.

Le clan des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant