TW : Mention avortement
Elle regrettait amèrement d'avoir accompagné Xélion. Elle s'ennuyait fermement à regarder de loin le proxénète négocier la propriété de plusieurs logements en périphérie de son territoire. Astrauliope avait pour seule compagnie de la bière tiède coupée avec de l'eau croupie.
Elle soupira et s'avachit sur sa chaise. Elle posa une main sur son ventre. Il était clair que ce n'était pas la femme la plus maigre qu'on puisse trouver, mais elle dut se rendre à l'évidence que son ventre s'arrondissait.
Sable avait raison sur un point, avorter clandestinement était dangereux pour elle. Elle pourrait se faire un mélange de plantes abortives, mais certaines étaient complètement toxiques, d'autres pouvaient être efficace au prix de sa fertilité ou de sa santé, ou cela pouvait être simplement inefficace.
Elle but une gorgée de bière. Xélion serait sûrement l'aider, il était proxénète après tout, des prostitués étaient sans doute tombées enceintes et il avait dû les aider à se débarrasser de l'invité surprise. Mais il avait eu l'air de vouloir assumer le petit être grandissant pour éviter qu'il subisse la même vie que le rouquin.
Ça pourrait être une solution, abandonner l'enfant, avant qu'on lui empêche de décider.
- Astrauliope ?
Elle leva les yeux. Elle n'avait pas prêté attention à Xélion. Il s'était assis en face d'elle, il sortit plusieurs sona.
– Voilà ta part, dit-il en esquissant un sourire en coin.
Elle récupéra l'argent. Au même moment, elle se sentit frissonner et son dos la tirer. Presque tout de suite après, une pensée lui traversa l'esprit.
C'est rien.
Edward. Edward était tout proche, elle le sentait.
Que se passe-t-il ?
– Tout va bien ?
Le proxénète la fixait.
– Oui. J'était juste perdu dans mes pensées.
Je me suis éclaté le dos. J'arrive plus à bouger.
Bouge pas Ed, j'arrive.
– Je pense disparaître quelque temps Xélion.
– Pourquoi ? s'étonna-t-il.
Elle lui sourit.
– Je vais me rendre au palais, je vais m'infiltrer parmi les servantes pour approcher Fanrei.
Il soupira.
– Astrauliope, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
Elle fronça les sourcils. Putain qu'il allait la faire chier à prendre sa défense. Elle n'était pas une princesse en danger qui a peur de se casser un ongle.
– Xélion, ma décision est prise. Je rentre prendre mes affaires, et je pars au palais et je vais tuer Fanrei.
Elle en n'avait absolument pas l'intention. Elle se leva et sortit de la taverne. Elle s'était attendue à ce qu'il la suive mais non. Elle rabattit sa capuche sur sa tête et parcourut les rues désertes à cause de la pluie battante.
Elle retrouva rapidement le bordel et entra dans la cour intérieure boueuse. Elle rejoignit sa chambre et récupéra son sac et ses vêtements. Elle repartit aussi vite qu'elle était venue et se mit en direction des avant-postes de gardes près du pont du palais.
L'un des bâtiments se trouvait proche d'une trappe menant au réseau souterrain du palais. Elle tourna en rond pendant un petit moment jusqu'à la trouver, cachée sous des caisses en bois. Elle s'engouffra dans les boyaux sombres.
Orlé ? Où es-tu ?
Elle marcha tout droit, car elle n'avait pas d'autre choix. Les couloirs sentaient la fumée, mais l'air était respirable.
Aux escaliers, tu descends et quand tu as une intersection, tu la prends. Puis droite et gauche et normalement, tu arrives dans un grand couloir. J'y serais.
Elle soupira. Cette histoire était bien compliquée. Elle suivit ses instructions et déboucha dans le fameux couloir. Elle vit Orléan, vêtu d'un simple pantalon et de la bande compriment ses seins. Il lui fit un grand signe de la main et sourit.
– Content de te revoir.
– Moi aussi Orlé.
Ils se firent un câlin réconfortant. Ils ne s'étaient pas revus depuis qu'Orléan s'était infiltré.
– Alors comme ça, tu es recherché ? charia-t-elle.
– Ouai, c'est pas plus mal, c'est la première fois depuis longtemps que je prends autant soin de moi !
– J'espère que tu as quand même restauré l'un des quais ?
Il sourit.
– T'inquiètes pas Trotro, je suis même en train de remplir le bassin. Par contre, je ne suis pas sûr qu'on va être discret en ouvrant les portes maritimes.
Orléan la guida jusqu'à la pièce où il s'était installé, une espèce d'établi avec une paillasse au sol. Il avait depuis cette chambre une vue sur tout le bassin. Elle pouvait le voir se remplir petit à petit. Astrauliope s'appuya contre la rambarde après avoir déposé ses affaires à côté d'un prototype d'arme.
– Je pense pouvoir faire un truc pour faire accoster Edward. Mais il va me falloir à manger.
– À quoi penses-tu ?
– Je vais tenter de refaire un tunnel.
Elle vit son ami froncer les sourcils.
– Comment ça ?
– Je vais déplacer la matière du bateau de dehors vers dedans, sans qu'on ouvre les portes.
Orléan s'étira.
– Et ben direction la cuisine, je vais chiper un peu de tout. Tu voudrais mon énergie aussi ?
– La bouffe suffira.
Il sourit et s'en alla. Astrauliope se désincarna, puis reprit son corps une fois les portes passées. Elle distingua au loin le bateau volé d'Edward. De nouveau, elle se désincarna. Elle atterrit sur le bois humide. Elle jura en sentant son énergie à moitié épuisé
– Ed ! appela-t-elle.
– Ici !
Astrauliope s'approcha du grand mât et vit un homme au sol. Edward avait un peu changé depuis la dernière fois qu'il s'était vu. Il avait une barbe négligée, ses cheveux rouges devaient lui arriver aux épaules mais il avait toujours son regard bleu pétillant.
– Tu as foutu quoi encore ?
– J'ai tenté de voler.
Elle soupira.
– Tu ne sais pas voler Edward.
– J'apprends, j'arrive à planer, mais c'est tout.
Astrauliope sentit quelque chose derrière elle.
– Il s'est pété le dos en tombant, déclara l'alcano. Il lui faudrait un soigneur.
Sable avait la mine grave. C'était un excellent médecin, il connaissait de nombreux moyens de soigner les blessures plus ou moins grave. Mais l'entendre dire qu'il fallait un vrai soigneur, c'était que le cas d'Edward dépassait ces compétences.
– Tu en connais beaucoup ?
Il réfléchit.
– Le Porteur de Capraja et les certains sorciers comme Yarra.
– Ouai, autant dire que c'est peine perdue, découragea Edward.
– Sinon, il faudrait apprendre à Réshulina à lancer le sort, proposa l'alcano.
– Elle nous aidera ? demanda-t-elle.
– Il y a des chances.
Elle espérait que la jeune princesse les aiderait. Mais pour l'instant, il fallait faire entrer le bateau. Elle toucha le bâtiment maritime, sentit sous ses doigts la structure de bois, les crustacés accrochés à la coque, le corps d'Edward et le sien. Puis, elle les dématérialisa.

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Le clan des disparus
FantasyLes dieux règnent depuis plus d'un millénaire sur le continent d'Ikade. Tey'ro Prihya, le bras droit de l'un d'eux, rêve depuis toujours d'un monde où ces huit tyrans ne seront plus qu'un mauvais souvenir. L'occasion se présente un soir, où il neut...