Elisabeth Collins, jeune New Yorkaise diplômée, voit sa vie basculer du jour au lendemain. Elle souhaite changer radicalement les prochains mois de sa vie pour tourner la page.
Quoi de mieux que les terres arides d'Australie pour oublier ?
Curtis...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La nuit est tombée depuis longtemps, mais le sommeil refuse de venir. Élisabeth est blottie contre moi, sa tête nichée dans le creux de mon épaule, son souffle régulier caressant ma peau nue. Mes bras l'enlacent sous la couverture. Je fixe le ciel à peine étoilé au-dessus de nous. Tout est calme. Le crépitement du feu s'estompe peu à peu, et le silence devient assourdissant.
Elle va partir.
Ces trois mots cognent dans ma tête avec la force d'un marteau-piqueur. Ils déchirent chaque parcelle de paix que j'ai essayé de trouver ce soir. Parce que cette nuit, je lui ai tout donné. Je me suis laissé aller. Je lui ai tout offert, même les morceaux brisés que je garde soigneusement cachés sous une armure de silence et de contrôle.
Et pourtant, ça ne change rien. Elle va partir.
Je serre la mâchoire, tentant de refouler cette sensation de vide qui s'insinue en moi. Je ferme les yeux un instant, mais tout ce que je vois, c'est son regard quand elle me dit "Alors ne me laisse pas partir sans te donner quelque chose à quoi te raccrocher."
Il n'y a personne qui te le dit, mais un jour tu te retrouves face à un chagrin d'une intensité démente. Tu vas vivre une douleur qui ne fléchira pas pendant des mois interminables.
J'ai déjà vécu ça. Une fois. Et ça m'a laissé à moitié détruit. La mort de mon père a tout changé. Le ranch, ma famille, moi... Tout est devenu un foutu champ de ruines.
Quand tu vis un deuil de cette ampleur, t'as l'impression de vivre la pire des injustices, que le monde entier a comploté contre toi.
Je revois son visage. Les rides marquées par les années, son regard fatigué mais toujours doux, son sourire discret même lorsqu'il souffrait. J'entends encore ses derniers mots, le ton calme avec lequel il m'a demandé de veiller sur le ranch. Sur Cassie. Sur tout ce qu'il laissait derrière lui.
Pendant plusieurs mois, tu vas être hors service, il va falloir continuer à faire semblant, à fonctionner comme si tout était normal, alors que plus rien ne l'est.
Je sais ce que ça fait de perdre quelqu'un qu'on aime. Je sais ce que ça fait de se sentir dépossédé, amputé d'une partie de soi-même. Et cette nuit, en tenant Élisabeth dans mes bras, je me rends compte que je suis en train de replonger dans ce foutu gouffre. Et cette fois, je ne suis pas sûr d'en ressortir.
Les gens qui n'ont jamais vécu ce deuil-là sont un peu maladroits avec toi, ils prétendent comprendre ce que tu vis, mais seuls ceux qui l'ont vécu savent vraiment ce que c'est.
Même Cassie a sa propre façon de gérer son chagrin. Je me suis enterré dans le travail, dans la poussière et la sueur, espérant que l'épuisement physique puisse anesthésier la douleur. Mais la vérité, c'est que ça ne disparaît jamais vraiment.