24 heures

Heure 11

« Je veux bien, car j'ai un petit cœur, y croire. »

Clémentine Beauvais

***

     Puis ils s'embrassèrent. Doucement, d'abord, attendant une permission qui n'existait que pour eux, ajoutant au fil des minutes peu à peu la passion qui les consumait. Plus rien n'existait, si ce n'est leur corps en parfaite symbiose. Les sensations étaient décuplées par dix, emportées dans un torrent de sentiments incompréhensibles mélangés les uns les autres.

    La porte de la chambre était franchie lorsque Adam, essoufflé, se pencha vers Mia et huma les cheveux de la brune, un sourire aux lèvres.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu as la même odeur que moi. Mon shampoing.

- Très homme préhistorique cette remarque.

- M'en fous, c'est bien trop agréable.

    Elle rit. Le même rire spontané qui les avait mené à cette situation. Un son cristallin qui faisait augmenter le pouls d'Adam. Il voulait que jamais elle ne s'arrête, mais l'envie de poser ses lèvres une nouvelle fois sur les siennes fut plus forte.

    Il n'avait jamais ressenti ça. Ce désir doux ardant qui l'empêchait de former une pensée cohérente dans sa tête était bien trop addictif. Il venait seulement d'y goûter, mais alors, il sut déjà que jamais il ne pourrait s'en passer.

    Mia était frêle et forte à la fois. C'était la première fois qu'elle se sentait aussi bien depuis des années, et elle n'aurait quitté les bras de son amant pour rien au monde. Elle sentit une douleur  par vague traverser son corps, mais trop enivrée par le moment, ne fit que très peu attention à celle-ci, et laissa les baisers d'Adam parcourir sa peau nue sans un mot.

    Le matelas qui l'avait accueillie pour la nuit, s'offrit aux deux amoureux. La douceur des draps, la faible luminosité et la découverte l'un de l'autre les garda des heures durant, collés, l'un à l'autre, sans qu'ils ne voient la journée passer et la nuit tomber.

*

    Mia avait l'impression d'avoir à peine cligné des yeux lorsqu'elle redécouvrit l'extérieur. Ses deux jours en compagnie d'Adam avait été une parenthèse bien trop idyllique pour qu'elle ne se décide à revenir à la réalité de son propre chef.

    Ses talons compensés au pied, son rouge à lèvres parfait et sa chemise blanche bien rentrée n'avaient rien d'inhabituel, contrairement au sourire qui flottait sur ses lèvres. Elle avait l'impression d'avoir tellement changé, mais aux yeux de tous, elle restait la même Mia Lee, simplement de meilleure humeur.

    Elle sentait encore les lèvres de son amant dans sa nuque, et c'était suffisant pour avoir l'envie de soulever des montagnes. Aujourd'hui allait être une bonne journée.

    Julie lui lança un regard noir quand elle arriva.

- Mia, tu te rends compte dans quel bourbier tu m'as mise ? Deux jours que tu ne réponds à personne et que Stéphanie te couvre comme si tu étais une gosse qui a fait le mur au nez de ses parents ! Tu as intérêt à avoir une bonne excuse !

    Mia ne put s'empêcher de sourire. Derrière ses sermons, elle entendait l'inquiétude de Julie, la vraie, pas celle de perdre sa boîte à cause d'une PDG inconsciente, mais celle d'une véritable amie. Elles avaient un drôle de lien ensemble, quelque chose qui faisait qu'elles ne pouvaient pas discuter sans que l'une ne reproche à l'autre quoi que ce soit, quelque chose qui les rendait obligées de se lancer des piques, pourtant, elles ne s'imaginaient pas faire autrement pour manifester leur attachement mutuel.