« Et que ne durent que les moments doux. »
Alain Bashung
***
Mia était en train de rassembler ses affaires quand Adam se leva. Il sourit à la vue de sa femme si débordée à seulement huit heures de la matinée. Il adorait l'observer à son insu. Son air si naturel, son regard perçant qui scrutait le moindre bout de papier qu'elle aurait pu oublier lui donnait un air autant glacé que passionné : une femme redoutable en somme. Exactement celle qu'il aimait.
- Chéri, je t'ai déjà dit d'arrêter ce regard doux. Il me donne envie de gerber et de te sauter dessus à la fois, ce que je n'ai ni les habits, ni le temps de faire.
- En retard ?
- Tu parles. En avance, comme toujours. C'est la seule façon de se faire respecter.
- Si tu le dis, souffla l'homme en déposant un baiser sur son crâne avant de s'installer à table pour commencer à manger.
La P-DG enfila une veste, ses talons qui claquaient et prit son sac d'une main assurée. Adam sourit en la voyant faire. Cinq ans qu'ils vivaient ensemble, mais leur rituel matinal n'avait pas changé. Ils étaient restés de parfaits opposés, mais leur monde différents s'attiraient toujours aussi bien.
Il commença à remplir sa tasse de café, accoudé au bar et pianota sur son portable. Le mois de mars s'annonçait plutôt doux si on ne comptait pas les nombreuses averses que le ciel déverserait sur les habitants de Manhattan tout du long. Il soupira. Sa voiture sortait de révision et même si Mia riait de lui quand il montrait trop d'affection à son véhicule de collection, il sourit à l'idée de la conduire de nouveau.
Il avait beau être le mari de la femme la plus riche de Manhattan, Adam n'avait pas perdu son goût pour les choses simples. Un rayon de soleil dans une après-midi, sa voiture toute propre ou une pièce tombée par terre, il cueillait ces moments où il avait l'impression que la vie nous file un coup de pouce amical. Il était resté lui, et c'était peut-être ce pour quoi l'amour qu'entretenait Mia à son égard ne tarissait pas.
La femme lui souffla un baiser de la main avant de refermer la porte. Elle était devenue plus niaise au contact de son mari. C'était une évidence. Évidence qui la gênait beaucoup moins que ce qu'elle aurait pensé. Néanmoins, une fois installée dans son taxi, à peine huit heures et quart passées, elle repassait dans son monde sans pitié, où une femme n'était égale à un homme qu'en réussissant à se démarquer sévèrement. L'injustice de la situation la révoltait, ça non plus, ça n'avait pas changé. Son téléphone sonna mais elle n'y fit pas attention.
Mia parcourait déjà ses mails, sans un regard pour le chauffeur de la voiture. Elle était certaine qu'il l'avait reconnue au vu des nombreux coups d'oeil qu'il avait laissé échapper. Depuis qu'elle avait fait la couverture du Time en début d'année, elle se sentait de plus en plus épiée dans la rue, ce qui l'avait au premier abord angoissée, puis énervée, mais avec le recul, et Adam, Mia avait réussi à se défaire de ces désagréables sensations, et bien qu'elle ne fut toujours pas à l'aise avec ce genre de reconnaissance, elle fit mine de ne rien voir.
- Vous êtes bien Mia Lee ?
Elle remonta son regard vers lui.
- Il me semble, oui, fit-elle après un coup d'oeil autour d'elle.
- Ah ! Ma fille vous adore.
- Ah, oui ?
- Vous êtes arrivée au sommet avec beaucoup de mérite. C'est un exemple comme celui-là dont elle a besoin en ce moment.
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24 heures
RomanceMia Lee a vingt-quatre ans, une entreprise à son nom, et sa vie sous contrôle depuis bien trop longtemps. Quand le hasard place sur son chemin Adam Owen, rêveur paumé en quête de réponses, les imprévus s'enchaînent. Si pour une fois, elle laissait l...