Heure 24+1

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« Car la mort fait partie de la vie. On a tendance à l'oublier. »

Romain Puértolas

***

     On aura beau l'avoir lu dans des centaines de livres, l'avoir vu dans des dizaines et des dizaines de scènes au cinéma, l'avoir vécu, même un petit nombre de fois, la Mort frappe toujours aussi fort quand elle arrive. Elle a ce pouvoir dévastateur, cette dangereuse attraction qui change des vies à jamais. On pense y être anesthésié, pouvoir la regarder en face sans flancher, mais c'est faux.

    Elle a le pouvoir de graver des dates à tout jamais, et de ne connaître comme remède que le temps qui passe et qui adoucit sa morsure froide et sans pitié. Elle est amère, autant à prononcer qu'à ressentir. Elle terrifie quand on l'a en face, pourtant, on oublie souvent sa présence, regrettant ainsi de ne pas avoir eu le temps de faire ce qui comptait vraiment. Elle emporte avec elle tellement de souvenirs, de remords et d'expériences que sa trace reste toujours gravée dans un coin de notre esprit. Elle est cruelle et froide. Elle est atroce et féroce à la fois.

    La Mort est impitoyable.

*

    Stéphanie n'arrivait plus à lutter contre la fatigue qui la surplombait depuis quelques heures. Assise sur le fauteuil placé juste à côté du lit où se trouvait sa sœur, elle essaya en vain de garder ses paupières ouvertes pour la surveiller, l'accompagner dans cette expérience.

    Un docteur passait toutes les heures, pour vérifier que l'opération se déroulait sans problème, et en estimant l'heure qu'il était, elle se dit qu'il ne restait que quelques minutes pour voir de nouveau Mia revenir parmi eux en compagnie d'un soignant, alors elle se leva de sa chaise et s'étira pour rester éveillée.

    Mia s'était calmée, elle bougeait beaucoup moins, et avait retrouvé un pouls normal depuis la dernière visite, cependant, Stéphanie n'arrivait pas à chasser la vilaine impression qu'elle n'aurait jamais dû embarquer sa sœur dans ce coup de folie. Le génie de cet idée l'avait si vite convaincue qu'elle en avait oublié le « après ».

    Si Mia ne retrouvait pas goût à la vie après ça, Stéphanie ne savait plus quoi faire. Elle aurait adoré être marabout pour ramener un mort à la vie, mais à moins d'être dans une série aux allures fantastiques, ce n'était pas la solution.

    À côté d'elle, elle vit Mia remuer de plus en plus fort. Sa voix tentait de percer sous le masque d'oxygène qui lui avait été placé sur le visage et elle se débattait, comme si elle n'arrivait pas à se réveiller. Bien que le docteur lui avait déconseillé de toucher la patiente, Stéphanie prit la main de sa sœur en hurlant à l'aide.

    Deux médecins déboulèrent dans la chambre, une femme qui faisait plus d'un mètre quatre-vingt lui assura de ne pas s'inquiéter, tandis que l'homme qui la suivait s'occupait de régler toutes les machines autour de Mia pour lui assurer un retour à la normale.

    Cette dernière ouvrit les yeux brusquement, et le bip incessant des machines qui l'entouraient reprit.

- Plus d'oxygène !

- Dexter, en renfort, chambre 314 !

- Tout va bien, madame, ne vous inquiétez pas. Respirez doucement.

    L'agitation autour d'elle ne calmait pas Mia qui, derrière son masque d'oxygène, appelait son mari, les yeux écarquillés. Le seul point de repère auquel elle pouvait s'accrocher était la main que sa sœur s'obstinait à garder dans la sienne. La médecin vérifiait les perfusions tandis qu'un infirmier tentait de calmer Mia en lui imposant des exercices de respiration.

24 heuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant