Heure 20

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« Tu devrais savoir que certains silences en disent plus long que des paroles inutiles. »

Marc Levy

***

     Stéphanie était revenue, une dizaine de minutes plus tard, le visage ému. Elle reniflait, un mouchoir à la main et fit un signe à Mia.

    Celle-ci s'avança à son tour dans les dédales de couloirs et s'installa de nouveau en face de son père.

- Maman ne m'a jamais détesté.

    Surpris par cette entrée en matière, il lâcha un rire soudain.

- Bien sûr que non, enfin !

- Et tu ne me l'as jamais dit ?

- Mais, parce que c'était évident !

    Pas pour moi, pensa-t-elle.

- Bon, Mia. Je ne sais pas comment va se finir cette histoire. Honnêtement, j'ai un bon dossier sur le dos, et pas forcément l'envie de me battre. J'ai peur depuis des années, je vis avec le ventre noué depuis tout ce temps, et aujourd'hui, la sensation a disparu. Parce que c'est fini. Quoi qu'il arrive, je vais enfin pouvoir laisser cette histoire derrière moi. Alors je ne veux plus me battre. Laissons la vie décider pour cette fois.

- Tu connais la décision de la vie, comme tu dis, si tu n'essaies pas de te sortir de là, immédiatement.

- C'est vrai. Mais je crois que je l'ai mérité. Je me sentirai plus en paix avec moi-même une fois que la sentence sera tombée.

- Mais, enfin, c'est idiot !

- Je suis désolé, c'est égoïste pour toi et ta sœur, mais je crois que j'ai besoin de passer par cette étape pour repartir de bon pied.

- Donner un nouveau regard à la vie, murmura-t-elle, entendant les mots de sa mère dans les siens.

- Exactement.

    Un silence plana entre eux.

- Je voulais te le dire depuis que je t'ai revu, mais je te trouve resplendissante. Tu as quelque chose qui a changé dans ton allure, et ça te rend plus majestueuse encore...

- Hum, merci... Je crois que je suis heureuse, pour de vrai.

- C'est la plus belle chose que tu puisses me dire.

- En fait, j'ai rencontré quelqu'un. Et depuis que je le connais, il a redonné des couleurs à ma vie.

    William sourit.

- Alors, c'était ça. Tu es amoureuse.

- Je... Je crois, oui.

- Tant que tu ne t'oublies pas, toi, cela ne peut être qu'une bonne nouvelle.

- Au contraire, il m'apprend à de nouveau me voir en face... Il est merveilleux.

- Et, je peux connaître le prénom de ce petit miracle ?

- Adam. Il s'appelle Adam.

    *

- Adam, je m'appelle Adam Owen.

- Bien, merci, vous pouvez vous asseoir.

    De l'autre côté du mur, le petit miracle venait d'arriver. La circulation encombrée avait été la dernière de ses préoccupations quand Mia lui avait envoyé l'adresse de l'endroit où elle se trouvait.

    Au début, il avait seulement prévu l'attendre à l'extérieur pour l'accueillir à la fin de son entrevue avec son père, mais il s'était finalement décidé à entrer quand un des hommes devant le bâtiment lui avait demandé s'il avait l'intention de commettre un attentat.

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