Kenan
Je suis content d'avoir enfin retrouvé Gabrielle, même si j'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances. Je n'ai pas envie de toquer à la porte de cet appart, je n'ai pas envie qu'Elena le voit comme ça, ça va lui faire un sacré choc. Déjà que, pour moi qui suis habitué, c'est un crève-cœur et c'est très compliqué, je n'imagine pas comment elle va se sentir après ça. Elle est forte psychologiquement, mais voir son petit ami dans un tel état, j'ai peur que ça la détruise. J'aurais aimé venir en aide à mon meilleur ami, j'aurais aimé le sortir de cette léthargie et de ce mutisme dans lequel il s'est renfermé, mais c'est au-delà de mes compétences. Demander à Aeden ? Il a bien essayé, mais Jamie ne lui a pas ouvert une seule fois malgré ses tentatives. En fait, Jamie n'a pas revu son frangin depuis qu'on est rentré, mis à part quand il est venu nous chercher à l'aéroport. Depuis son appel quand on était à New York, c'est comme s'il l'évitait alors qu'il n'est en rien responsable. Mais avec sa nouvelle, il l'a rendu comme ça. Cependant, Jamie ne lui en veut pas le moins du monde.
Si ni moi ni Aeden ne parvenons à faire en sorte qu'il sorte de ses ténèbres, Elena est sa dernière chance avec qu'Aeden... Je secoue la tête. Non, je ne préfère pas penser à ça, Elena va réussir, je ne vois pas d'autres solutions. Elle y est parvenue aux Etats-Unis, il n'y a pas de raisons que ça se passe mal ici.
Planté devant la porte d'appart de mon meilleur ami, je me retourne vers les filles, toutes les deux anxieuses, mais la plus atteinte, c'est évidemment Elena.— Pour le moment vous me laissez faire, OK ? S'il m'ouvre, il faut que je le prévienne que vous êtes là parce que si vous entrez alors qu'il n'est pas au courant, il pourrait... Bref, pour l'instant resté là.
Elles hochent la tête en parfaite synchronisation, comme des automates.
Je lève mon poing et donne deux coups à la porte, le cœur tambour-battant. Comme je m'y attendais, je n'obtiens pas de réponses. Je réitère mon geste.— Jamie, c'est moi, c'est Kenan, ouvre-moi. S'il te plaît, laisse-moi entrer.
Le silence total.
Nouvel essai.— Mon pote, je t'en prie, ouvre-moi.
Je déteste le savoir enfermé là-dedans sans savoir ce qu'il s'y passe et surtout en sachant qu'il a une réserve hallucinante d'alcool. La dernière fois que je suis rentré et qu'il s'était endormi, j'en ai profité pour tout mettre dans un sac-poubelle dans le but de tout jeter, mais il s'est réveillé avant que je ne le fasse et il a été si virulent dans ses paroles que j'ai préféré tout laisser, même si ça ne m'a pas plu. Évidemment, j'ai essayé de lui tenir tête, de lui dire que je faisais ça pour son bien, mais un Jamie en colère alors qu'il est dans cet état, je défie quiconque de lui tenir tête plus de cinq minutes. Il ne sera jamais violent physiquement, pas après tout ce qu'il a vécu avec l'autre fils de pute, mais je me méfie toujours parce qu'un coup peut partir sans qu'il ne s'en rende compte.
— Jamie, je te préviens, t'as intérêt de m'ouvrir parce que je ne bougerai pas d'ici avant d'être entré. Jamie, bordel, ouvre ! m'énervé-je.
— Ce n'est pas en t'énervant que ça le convaincra, me balance Elena.Je me retourne vers elle, le regard assassin. A d'autres, ses leçons de morale !
— Je me passerai de ton jugement !
Pourtant elle a raison, il faut que je me calme. Rien que pour ne pas rameuter tout l'immeuble ou pire, que l'un des voisins finisse par appeler les flics.
— Allez, Jamie, je t'en supplie ouvre-moi. Laisse-moi t'aider.
— Barre-toi, me congédie sa voix rauque et pâteuse.L'entendre me met en joie, ça prouve au moins qu'il est conscient.
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Across the USA - Between Toulouse and Dublin tome 3
RomanceDe retour en France, Elena n'a toujours pas de nouvelles de Jamie. Ce silence la ronge. Que se passe-t-il en Irlande ? Pourquoi ne répond-il a aucun de ses messages ni appels ? Jamie est-il en danger ? Est-il seulement encore une vie ? De son côté...