20. La fin

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Elena

Cela doit bien faire plus de deux heures qu'ils sont partis et personne n'a encore de nouvelles. Shana, Gabi et moi sommes toutes les trois sur le canapé, les mains liées, l'angoisse à son paroxysme, ne cessant jamais de regarder l'écran de notre téléphone toutes les deux minutes en espérant y voir apparaître un message ou un appel. Ne rien savoir me rend barge, je vais devenir folle ! Lorsque j'ai vu débarquer ici avec la voiture de Kenan, je me suis imaginé le pire, mais elle nous a appris que les garçons ont insisté pour qu'elle vienne nous rejoindre, mais qu'elle n'a aucune nouvelle de son mari qui, quand elle s'est enfuit, était en proie aux griffes de Keziah. Elle a même pleuré de culpabilité de le laisser là-bas tout seul, Gabi et moi avons tout fait pour la rassurer malgré notre peur évidente, nous lui avons que tout allait bien se passer, que Kenan et Jamie était avec lui, mais plus les heures passent, plus je me convainc qu'il est arrivé quelque chose de grave. Ça ne peut pas être aussi long ! Je vais mourir de stress si nous n'avons pas de nouvelles dans les dix minutes.

— Pourquoi c'est aussi long ? nous interroge Gabi. Ca me rend folle cette attente ! On n'aurait jamais dû leur obéir et y aller avec eux.
— Non, ils ont eu raison de vous demander de rester, déclare Shana. S'il vous avait vu, Keziah aurait compris qui vous étiez et il s'en serait pris à vous sous les yeux des garçons pour...
— Mais je m'en fiche qu'il s'en prenne à moi ! m'exclamé-je. Je préfère mille fois subir ses coups plutôt qu'imaginer Jamie encore une fois subir ses sévices ! Il était déjà mal ces derniers temps, il n'était pas tout à fait guéri de son passé, si ce connard le touche de nouveau, il va me revenir complètement broyer ! S'il revient...

Un frisson me parcourt l'échine à cette éventualité. Je ne veux pas l'imaginer, mais plus les heures passent, plus je me dis qu'il lui est arrivé quelque chose, à Kenan et lui.

— Ne dis pas ça, m'engueule Gabi. Ils vont revenir sain et sauf, il n'y a pas d'autres solutions.
— Et s'il avait une arme à feu et qu'il s'en était servi ?
— Je suis sûre qu'il n'en avait pas, intervient Shana. Je ne l'ai pas vu, mais... s'il en avait une, il s'en serait servi, or je n'ai pas entendu un seul coup de feu quand j'étais caché dans la salle de bains.

Cela me rassure un peu, mais je reste très angoissée.
Gabi tente de nouveau d'appeler Kenan, mais vu sa tête, il ne répond pas.

— Messagerie... Bordel, ça me rend folle de ne pas savoir ce qu'il se passe là-bas !

Au même moment, la porte d'entrée s'ouvre. Nous nous retournons toutes les trois et quand nous faisons face à nos trois hommes sains et saufs, nous nous précipitons sur eux. Je serre fort Jamie contre moi sans penser aux possibles douleurs qu'il peut ressentir. Je le serre si fort que je dois l'étouffer, mais je suis trop heureuse de le revoir en vie pour m'en soucier. Il est là, contre moi et il va bien...

— J'ai eu tellement peur, lui murmuré-je.
— Moi aussi...

Je m'écarte et lui caresse le visage. Je n'aime pas le voir comme ça, le visage si fermé et le regard si vide et si lointain...

— Est-ce qu'il t'a blessé ? m'inquiété-je.
— Un peu, mais je... c'est rien, c'est plutôt Aeden qui...

Mes yeux fixent une rougeur dans son cou.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? lui demandé-je en la montrant.
— C'est rien, Elena.

Je vois bien qu'il n'a pas envie d'en parler, c'est pour ça que je n'insiste pas. Je porte donc mon regard sur Kenan qui n'a pas l'air trop blessé. En revanche, Aeden a une tête qui fait peur. Je suis si choqué que je ramène mes mains devant ma bouche, les larmes aux yeux. Il se tient les hanches en grimaçant, un œil vire au violet et un côté de la lèvre est gonflé. Il doit souffrir le martyr.

Across the USA - Between Toulouse and Dublin tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant