12. Ca va être dur

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Gabrielle

Finalement, nous sommes tous retournés à table pour finir de déjeuner, mais une fois le repas terminé, Elena et Jamie sont sortis se balader en ville, ils avaient besoin de se retrouver seuls tous les deux. Comme le soleil est présent malgré qu'il ne chauffe pas beaucoup, Kenan et moi sommes sur la terrasse, assis sur des transats. J'adore sa maison, ni trop grande, ni trop petite, idéale pour une personne vivant seul ou pour une famille pas très nombreuse. J'aime Toulouse et la France plus que tout, mais j'avoue que ça ne me déplairait pas de venir vivre ici, avec lui. Mais aurais-je le courage de quitter ma famille, mes amis, mes habitudes et ma co-gérance de la librairie ? Ca, c'est moins sûr. Toute ma vie est en France et même si j'aime profondément Kenan, ce serait difficile de tout plaquer pour changer radicalement de vie.
Mon chapitre terminé, je pose mon livre sur le sol et pose mon regard sur mon bel irlandais. Ses écouteurs dans les oreilles, il semble regarder l'horizon, pensif. Il n'est pas bien depuis sa dispute avec Jamie, il m'a avoué détester ces moments où ils se prennent la tête, ce que je ne peux que comprendre. Je n'aime pas le voir aussi soucieux, ça me fait de la peine pour lui, j'espère que son moral va aller mieux au cours de la journée. Pour le faire penser à autre chose, je décide de me diriger vers lui et de m'asseoir sur ses jambes tendus. Il détourne son attention de l'horizon et me regarde dans les yeux en souriant.

— Toi, tu as envie de faire des choses pas très catholiques, me taquine-t-il.
— Disons que j'ai simplement envie de te remonter le moral.

Il arque un sourcil.

— Me remonter le moral ? Pourquoi ? Je vais très bien.

Je le regarde d'un air de dire « tu te fous de moi ? ».

— Arrête de me mentir, Kenan, je sais très bien que ce n'est pas le cas. Tu repenses à ta dispute avec Jamie ?

C'est plus une affirmation qu'une question, en réalité.

— Ouais, mais pas que, me confirme-t-il.

Je passe mes mains sur son torse nu puis dans ses cheveux, je sais qu'il adore ça.

—  Alors quoi ?
— Je repense aussi à ce que tu m'as dit sur mon père. Mon vrai père.
— C'est vrai ?

Je suis contente qu'il y resonge, j'avais peur qu'avec sa tête de mule, il ne veuille plus en entendre parler.

— Je... je pense que tu as raison, il faut que je retourne le voir. Je ne sais pas si je serai capable de lui pardonner et de tisser un lien avec lui, mais il faut au moins que j'essaie.

Je glisse un baiser sur ses lèvres.

— Tu serais d'accord pour venir avec moi ? m'interroge-t-il.
— Bien sûr que oui, quelle question ! Si tu me veux à tes côtés, je serai là.

Il me sourit et m'embrasse à mon tour.

—  Il faut aussi que je parle à mes parents.
— A propos de quoi ?
— De la façon dont j'ai découvert mon adoption. C'est vraiment trop bizarre que ce papier était là où il était, on aurait vraiment dit qu'il avait été posé là pour que je tombe dessus.
— On en a déjà parlé, tu penses vraiment que tes parents auraient été capable de le mettre en évidence pour que tu le découvres plutôt que de te dire la vérité eux-mêmes ?

Il hausse les épaules.

— J'en sais rien, mais tu vois une autre explication ? Ils ont eu dix-neuf ans pour me l'avouer et s'ils ont fini par le faire, c'est uniquement parce que je les ai mis devant le fait accompli. Ils me doivent au moins cette vérité là.
— Tu as raison, cette conversation ne pourra qu'éclaircir les dernières parts d'ombres.
— Jamie et Elena ne sont toujours pas revenus ?

Across the USA - Between Toulouse and Dublin tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant