24. La France

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Jamie

L'avion a beau être l'un des moyens de transports les plus sûrs du monde, je n'ai jamais été rassuré et même avec à peine plus de deux heures de vol pour aller à Toulouse depuis Dublin, j'avais hâte d'atterrir et d'enfin sortir. Ce qui est le cas puisque Kenan et moi marchons dans la porte de débarquement afin de rejoindre le hall et récupérer nos bagages. Les filles doivent venir nous chercher, j'ai hâte de revoir Elena. Trois mois qu'on ne s'est pas vu, c'était interminable, mais nous n'avons pas pu faire autrement. Il y a toujours eu un monde fou au restaurant où je bosse toujours, alors Kenan et moi n'avons pas pu prendre quelques jours pour venir les voir, mais en ce début décembre, on a trouvé l'occasion. En effet, Kenan a peut-être trouvé un local pour son projet de restaurant dans la Ville Rose, il voulait absolument venir le voir pour en détecter les potentiels, donc c'était l'occasion parfaite pour revoir nos copines. La mienne a sauté de joie quand je l'ai appelé pour le lui annoncer il y a quelques jours. Ça a été dur sans elle, mais bosser m'a fait du bien, je me plais plutôt pas mal dans mon job de de serveur/barman, tellement que je n'ai même pas commencé à chercher un boulot en imprimerie. L'ambiance est cool et tous les employés m'ont accueilli les bras ouverts. J'avoue qu'au début, j'ai eu peur qu'à force de se voir tout le temps, on finisse par se pourrir avec Kenan, mais pas du tout, ça se passe même parfaitement bien. Tout comme avec Aeden et Shana. J'ai encore une petite dose de culpabilité, mais j'ai beaucoup travaillé sur ça avec ma psy ainsi qu'avec mon frère et ça m'a fait du bien. Avec Kenan, ils ont tous trois constater mon changement d'humeur et de comportement depuis que Keziah est mort et enterré. Ce que j'ai également observé. Je me sens mieux, je cauchemarde beaucoup moins, mes démons me laissent tranquille de plus en plus souvent et je n'ai plus ce besoin de me réfugier dans l'alcool quand ça va mal. Bon, je l'avoue, parfois mon humeur massacrante revient et parfois, encore, j'ai horreur qu'on me touche, mais généralement, c'est passager. Je ne voulais pas qu'il crève, je voulais qu'il pourrisse en prison, mais en fait, sa mort est la meilleure chose qui pouvait m'arriver, c'est ce qu'il me fallait pour enfin vivre comme je le souhaite. Ca, est l'enfermement de Saoirse dont je n'ai pas de nouvelles depuis que les flics l'ont embarqué. Elle a bien essayé de me contacter via son avocat, mais j'ai toujours refusé et je m'en porte beaucoup mieux. Elle n'est plus rien pour moi, elle est comme morte, je ne l'appelle même plus maman, seulement Saoirse. J'espère qu'enfermée dans sa cellule, elle peut enfin réfléchir à tout ce qu'elle a fait, qu'elle regrette et qu'elle se bouffe les doigts d'avoir perdu ses fils au profit de son psychopathe de second mari.

— Tu les vois ? m'interpelle Kenan, me sortant ainsi de mes pensées, quand on arrive dans le hall.
— Difficile à dire avec ce monde.

Je me dresse sur la pointe des pieds pour apercevoir une tête blonde et une autre brune, mais c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

— Mon amour, je suis là ! entends-je une voix crier.

Une voix que je reconnaîtrais entre mille.
Je la cherche pendant quelques secondes en étendant mon cou le plus possible, et quand je repère sa chevelure de lionne et sa main levée dans ma direction, je souris à pleines dents. Je fais signe à Kenan qui repère lui aussi Gabi à ses côtés.
Elena se met à courir pour m'atteindre plus vite. La hâte m'envahit et souhaitant moi aussi être dans ses bras le plus vite possible, je commence une foulée jusqu'à elle et quand nous ne sommes plus qu'à quelques mètres l'un de l'autre, elle me saute dans les bras avec brutalité. Je la réceptionne en reculant de deux pas pour ne pas tomber à cause de la force qu'elle y met et quand je l'ai contre moi, je ne la quitte plus. Mon nez se réfugie instantanément dans son cou, je hume son odeur qui m'a tant manqué et mes deux mains autour de sa taille, je la serre davantage, mon cœur battant la chamade.

— Tu m'as tellement manqué..., murmuré-je contre son oreille.
— Toi aussi mon amour, plus que tout.

Je l'observe, me noie dans son regard, les yeux humides dû à l'émotion. Les secondes s'écoulent lentement et je finis par plonger sur ses lèvres et l'embrasser comme j'en ai tant rêvé durant tous ces mois sans la voir. Notre baiser est passionné, impatient, langoureux, sensuel, il est tout simplement comme je l'avais imaginé.

Across the USA - Between Toulouse and Dublin tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant