The monster (D.BANDEIRA)

13. Meurtrière

MEL

Assise sur le rebord du trottoir devant la boîte je fixe le toit de l'immeuble en face en revivant la scène du coup de feu de l'autre soir. Je vérifie une dernière fois le portable de Brandon pour être sûr que Diego n'ait pas rappelé. Ça fait trente minutes que je l'attends. Je me demande ce qu'il fait.

Je resserre ma veste sur moi et commence à me demander si j'ai bien fait de le contacter. Pourquoi lui ?
Notre dernière discussion, comme la plupart de nos discussions, a tourné au vinaigre. Et depuis le temps, j'ai bien compris quels sont les principaux reproches qu'il me fait. Je ne lui fais pas confiance, je lui cache mon passé.

Cette soirée loin de lui, loin de ses frères, loin de cette maison m'a permis de réfléchir. Et oui, je sais qu'il faut que je lui en parle. Il ne me jugera pas, il a fait bien pire que moi dans sa vie. La vérité c'est que cette réalité m'effraie moi. J'ai peur de lui parler. Mais je n'ai pas peur qu'il soit au courant.

- Hé bien alors, on reste seule dehors ?

Je relève la tête et le voit, plus beau que jamais. Et pourtant il porte la même tenue que tout à l'heure. Il est immobile au milieu du parking et me fixe intensément, comme à chaque fois qu'il me regarde sauf quand il est en colère. La lumière du lampadaire éclaire suffisamment son visage pour que je vois ses yeux briller.

- J'attends quelqu'un.

Je souris quand il penche la tête sur le côté et se passe la main dans ses cheveux. Il est incroyable, bordel. Il devrait présenter ses excuses à tout les hommes de cette terre pour être si beau.

- Ah oui ? Quel homme peut faire attendre une si jolie fille ?

Je glousse en mettant mon menton dans le creux de ma main, puis je le fixe, droit dans les yeux. Nos regard plongent l'un dans l'autre.

- Un imbécile, qui passe son temps à dicter la conduite de tout le monde.

- De tout le monde...ou d'une jeune blonde complètement imprévisible ?

Je remet une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille en le voyant s'approcher lentement, les mains dans les poches.

- Cette femme a peur, c'est tout.

- Elle a si peur qu'elle serait capable de plonger tête baissé dans le danger. Pas très intelligent.

Je hausse les épaules.

- Quand on a peur, on ne réfléchit pas.

Je hausse un sourcil et il s'arrête à quelques pas de moi.

- Savez-vous que cet homme qui dicte sa conduite à tout le monde vient de se faire dicter la sienne. Par une femme qui plus est.

Je me pince les lèvres en me rendant compte de ce que je viens de faire. Cet homme qui n' en fait qu'à sa tête, qui ne reçoit d'ordre de personne vient de m'écouter en venant jusqu'ici alors qu'il était occupé.

- Elle est incroyablement forte.

Il hoche la tête puis fixe un point au dessus de moi avant de replonger son regard dans le mien.

- Elle est surtout pleines de mystères.

Je déglutis en prenant conscience que je ne peux plus faire marcher arrière. Le moment est venue de me confier. De lui donner une partie de moi. Je baisse les yeux me sentant soudain si faible. Alors que je ne lui ai toujours rien dit.

Je joue avec mes doigts en essayant de chercher les bons mots. Mais il n'y a pas de bons mots pour ce que je m'apprête à dire.

- J'ai tué la femme d'Hernandez.