Chapitre 4

22 4 0
                                    


⎯ Baron, je vous prie de vous calmer.

⎯ Il en est hors de question ! Elle est impossible, qu'allons nous faire d'elle ?! Elle est la honte de notre famille !!! S'écria le Baron.

⎯ Il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Elle reviendra...

⎯ Oui ! Et dans quel état ? Moi qui avais promis au Comte de St-Germain qu'il pourrait rencontrer Alice avant le bal du Duc de Valois.

⎯ Mon cher ami, êtes vous certain qu'elle a fuie en longeant la rivière ? N'aurait-elle pas sauté plutôt ? fit la Baronne.

⎯ Mmh...il est évident qu'elle a dû longer la rivière, elle sait que le courant est trop fort pour y survi...

Le Baron Endarlatsa montait les marches de son manoir suivi de son majordome et de la baronne. C'était un homme de grande taille il se tenait droit, fière. Il portait la moustache et était habillé de son costume militaire. Il avait combattu au nom du roi d'Espagne à plusieurs reprises et avait reçu les honneurs, plusieurs médailles étaient accrochées sur son blason. Il portait une écharpe rouge autour de la taille. Le Baron entra dans son bureau suivit de son majordome qui l'aida à enlever son veston. La Baronne resta à la porte et prit la parole ;

⎯ Qu'allez-vous faire ?

⎯ Hé bien cela me semble évident je vais annuler la rencontre avec le Comte de St-Germain. Je trouverais une excuse ! Mais il faut la retrouver elle doit faire son entrée dans le monde au bal du Duc de Valois c'est impératif. Vous pouvez disposer Jean.

Le majordome quitta la pièce et la Baronne partis à sa suite.

⎯ N'oubliez pas votre fille.

Le Baron sur ces dernières paroles releva la tête voyant son épouse de dos s'éloignant. La Baronne avait des longs cheveux marron remontée en un chignon strict mais quelques mèches rebelles réussissaient à s'en échapper. Elle portait une robe bleu marin. Elle était de toute beauté. Elle avait toujours sue trouver les mots justes pour remettre ces idées en place.

*

La baronne était une femme rationnelle qui avait inculqué les valeurs de la haute société à sa fille toute en lui permettant d'avoir une ouverture sur les beautés du monde.

Elle avait baigné Alice depuis sa tendre enfance dans des ouvrages d'exploration, lui avait fait donner des cours de physique et d'ingénierie, Ce qui était mal vue par la gente masculine. Elle gardait aussi une correspondance avec un moine philosophe du nom de Zorzie avec qui les conversations sur l'astronomie et les mathématiques ne tarissaient jamais.

La mère d'Alice venait d'une famille du sud de l'Espagne son père était un grand astronome qui avait une passion pour les sciences de toutes sortes. Cet homme avait transmis sa passion à sa fille et à son fils. Malheureusement, étant fille aînée de la famille, la Baronne avait dû faire un mariage de raison.

Par chance, le Baron avait été un homme doux, attaché à ces valeurs certes, mais ouvert d'esprit et il avait conquis la jeune femme, en la laissant s'instruire sur ses passions. La seule demande qu'il lui eût faite était que ces drôles de sujets d'intérêts ne viennent pas interférer dans ces affaires à lui.

Elle avait accepté et n'avait jamais rien dit sur son travail, elle lui avait donné une fille à l'âge de 20 ans et le Baron était devenu l'homme le plus gentil qu'elle est connue. 

Maintenant, la Baronne savait que l'esprit d'Alice était vif et en soif d'aventures. Elle souhaitait que sa fille trouve ce qu'elle cherchait. Elle n'acceptait pas pour autant les actes de sa fille mais elle pensait pouvoir comprendre les raisons qui l'avait poussé à partir. Un mariage arrangé avec un homme, qu'il soit riche ou aimable, il manquerait toujours l'amour. 

 Cependant, Consuela était loin de la vérité sur les vraies raisons de la fugue de sa fille, mais elle était réellement inquiète. Bien que Alice sache se débrouiller en théorie, elle savait que le monde serait bien plus dur à affronter et elle ne pouvait que prier pour que sa fille réussisse à s'en sortir indemne.

Elle arriva dans son petit salon et sortit un portrait d'Alice d'un tiroir. Elle allât s'asseoir dans un petit fauteuil de velours à motif fleuris rose et gris. Nostalgique, elle regarda ce petit portrait d'Alice bébé. Alice avait toujours été une enfant enjouée et curieuse, bébé elle riait toujours.

À 5 ans, Alice avait déjà entretenu un débat avec le Marquis d'Andalousie, sur les portions de biens que devait donner un métayer à son seigneur. Le Marquis était un homme gentil et avait écouté les propositions de la petite Alice et sous le regard étonné du Baron et de la Baronne, le Marquis avait réellement pris en compte ces conseilles. À 10 ans, elle s'était battue contre un garçon du village, car il avait eu l'audace de la traitée de petite fille gâté. À 12 ans, elle avait ramassé tous ces jouets et était partie à l'orphelinat en faire don sans demander l'autorisation de ces parents. À 15 ans, comprenant que son avenir serait choisi par son père, elle avait essayé de fuir la maison et c'était fait ramener les oreilles en l'air par le croque mort. 

La Baronne avait un souvenir d'une petite fille qui s'entendait avec tous, mais après sa première fugue, elle ne fut plus pareille. Alice s'était renfermée sur elle-même.

Pris d'une soudaine envie d'écrire à sa fille, la Baronne se leva et s'assied à son petit bureau, elle se mit à écrire au nom d'Alice avec son petit encrier. Sachant que la lettre ne trouverait jamais son destinataire.

Le Baron aussi était assis à son bureau mais, il écrivait tout autre chose. De son écriture cursive il façonnait une lettre destinée au Comte de St-Germain. Lui expliquant qu'un problème de famille l'empêcherait de lui présenter sa fille, mais il lui promettait qu'il la rencontrait au bal du Duc de Valois.

Le Baron aimait sa fille, mais il savait ce qu'elle avait vue, lu et entendu. Il n'avait aucun mal a imaginer toutes les idées qu'elle avait pu se faire et c'était ce qui l'inquiétait le plus. Il savait qu'il devait avoir une discussion avec elle. 

De plus il était temps, sa fille devait avoir un nom, un mari, une position et si celle-ci pouvait leur permettre une alliance intéressante pour ces affaires alors, il en profiterait. Le Baron savait qu'Alice n'était pas une fille qui se serait laissé faire facilement, un peu comme sa femme avant leur mariage. Mais il devait la retrouver et lui remettre les idées en place, elle était intelligente, elle comprendrait.

Elle n'avait surement pas sauté la rivière... Il essayait de s'en persuader.

Mais, alors pourquoi les chiens avaient arrêtés à la lisière de la forêt? Comment avait-elle fait pour couvrir son odeur à leur odorat? Plus le Baron se posait des questions plus il commençait à penser au pire. Mais avant d'alerter son épouse il devait être sûr d'avoir explorer toutes les options. Le Bal du Duc de Valois était prévu dans 1 mois.

C'était le temps qu'il lui restait pour la retrouver. 

Alice au bout du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant