⍟40⍟

5K 303 11
                                    

PDV LORENZO

     Je l'ai tué... J'ai tué mon frère...

     Je regarde son corps de loup, par terre, saignant abondamment au niveau du cou, alors que le goût métallique de son sang traverse mes babines pour entre dans ma gueule.

     J'entends brièvement des pas lents, avant de sentir deux bras entourer mon cou.

Énora : Loren'?

     Je reste figé, avant de me libérer et de m'éloigner. Elle essaie de me suivre, mais Michelle l'en empêche.

     "J'ai besoin d'être seul, deux minutes. "

     Le message est passé. Je sens la compassion et la tristesse qu'elle a pour moi, et je l'en remercie silencieusement. Je sors de la maison, et vais dans la forêt. Il faut que je frappe dans quelque chose pour évacuer ma tristesse, mais aussi ma colère.

PDV ÉNORA

     Je suis triste pour lui. Après tout, tuer son grand frère, c'est quand même quelque chose de douloureux. Sa peine est telle que j'ai l'impression que c'est moi qui ai commis cet acte et non lui.

     Michelle me montre la sortie de la tête, et je la suis. Une fois à l'extérieur, je frissonne. Ça diffère beaucoup de la chaleur de l'intérieur. En plus, le ciel est gris, signe qu'il va pleuvoir. Je continue à suivre Michelle jusqu'à... Un yacht. Un yacht très grand.

     Tout est grand, avec les loups.

     Elle monte à l'aide des marches en fer installées, et moi aussi. Elle me montre une chambre, et je l'ouvre, elle ne pouvant pas, toujours sous forme lupine. Nous entrons, et elle va dans une salle que je suppose être la salle de bains. Elle en ressort trente minutes plus tard, convenablement habillée.

Michelle : à ton tour. Je t'attends.

     Je hoche simplement la tête et vais dans la salle de bains. Je me lave vite fait, et m'habille d'un jean noir simple et d'un T-shirt blanc immaculé, puis d'un pull-over gris avec fermeture à l'avant et de bottines noirs et simples. Je sors et demande :

Moi : tu sais où est allé Lorenzo?

Michelle : peut-être... Je n'en suis pas sûre. Mais tu devrais le laisser seul pour l'instant.

Moi : il en est hors de question. Il a besoin de moi, surtout maintenant alors que son frère est... Mort.

     Elle baisse la tête, et William ouvre la porte de la cabine, aménagée en chambre, dans laquelle nous sommes.

William : puisque tu veux y aller, tu pourrais lui apporter ceci?

     Il me donne un sac de vêtements, que je prends en le remerciant.

Moi : alors? Où est-il?

Michelle : près du seul lac de l'île. Tu le trouveras facilement, il n'est pas très loin de la maison si tu te diriges vers l'est.

Moi : d'accord, merci.

     Je sors et descends du bateau en me dirigeant vers la maison, puis, vers l'est. Et effectivement, derrière un arbre, une main posée sur le tronc, je vois mon loup de jais regarder devant lui, dysphorique. J'ai un pincement au cœur, soudainement.

     Je marche vers lui, veillant à ne pas faire trop de bruit, et m'assois près de lui.

Moi : je sais que tu as dit que tu voulais être seul deux minutes, mais là, ça fait déjà une heure.

     Je plonge ma main dans sa fourrure, quoique poisseuse de sang.

Moi : tu veux bien aller dans le lac? Tu as vraiment besoin d'une bonne douche. Après, nous irons... Enterrer le corps de ton frère. Il ne mérite pas de rester comme ça même après tout ce qu'il a fait. Et puis... Non rien. Allez mon loup, s'il te plaît.

     Je souris doucement en le voyant se lever. Il entre dans l'eau, toujours sous sa forme lupine. Je replie mes jambes contre moi, et observe le ciel pendant un court instant. Il est totalement noir. On dirait qu'il répond à nos émotions, à Lorenzo et à moi. Nous sommes tous les trois tristes.

     Quelques minutes plus tard, mon âme sœur se décide enfin à reprendre forme humaine. Il pose ses coudes sur le bord du lac, et regarde le ciel nuageux.

Moi : tu as fini?

Lorenzo : approche.

     Hein?

     Je le regarde sans comprendre, mais décide d'obéir. Je me lève, toujours le sac de vêtements en mains, et me rapproche de lui. Je m'accroupis pour être un temps soit peu à sa hauteur, lorsqu'il me dit :

Lorenzo : rejoins moi.

Moi : mais je viens juste de...

     Je me tais. Je préfère ne rien dire. Je soupire, et... Il va pleuvoir de toute façon, alors pourquoi se déshabiller?

     Je retire juste mes chaussures, et rentre dans l'eau froide en me collant à lui. Aussitôt, il me prend dans ses bras.

Moi : tu n'as pas envie de te libérer? Ne porte pas ce fardeau tout seul. Nous sommes là, la meute et moi.

     Il tarde quelque peu, avant de demander :

Lorenzo : que vais-je bien pouvoir dire à mes parents?

Moi : la vérité. Tout simplement. Ça sera dur mais... Tu ne seras pas seul. Je t'accompagnerai.

Lorenzo : je suis vraiment horrible.

Moi : tu ne l'es pas...

Lorenzo : j'ai tué mon propre frère!

Moi : mais tu n'avais pas le choix. Tu aurais préféré qu'il te tue? Tu aurais préféré me laisser seule? Entre ses mains? Tu aurais préféré me laisser souffrir sans toi à mes côtés?

     Il se tait, ne trouvant rien à redire.

Lorenzo : Énora...

     Je me sépare de lui et lui caresse la joue de mon pouce droit, avant qu'il ne m'embrasse.

Lorenzo : merci.

Moi : c'est mon devoir de te soutenir.

     Je souris, alors que nous sortons de l'eau. Il s'habille rapidement, et me prend la main. Nous allons vers la maison, et y pénétrons pour récupérer le corps déjà retransformé de son frère. Je l'aide à le déplacer malgré la nausée qui monte, et nous nous arrêtons à cinq mètres de la bâtisse. Lorenzo s'en va chercher des pelles, et lorsqu'il revient avec, nous commençons à creuser.

***

     Le corps est sous terre depuis déjà quelques secondes, et nous sommes là, à regarder la tombe, main dans la main. J'entends le cœur de mon Alpha battre rapidement, et me tourne vers lui.

Moi : tu sais, tout à l'heure, quand je te demandais de te libérer, c'était de ne rien laisser.

     Je lâche sa main et lui ouvre les bras.

Moi : allez, viens là.

     Il n'hésite aucunement, et niche son nez dans mon cou en me serrant contre lui tandis que je referme mes bras autour de lui, dans son dos. La première larme coule sur mon épaule, en même temps que la première goutte de pluie. Et ça continue, alors qu'il me serre encore plus fort, en pleurant plus bruyamment, le tonnerre grondant avec rage.

Moi : je serai toujours là pour toi, Lorenzo. Je te le promets.

Âme Sœur : L'Alpha Et La Légende. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant