Speechless

Chapitre 2

" Où étais-tu ? " me demande-t-elle énervée.

Ignorant totalement sa question, je passe devant elle en lui balançant un bonjour forcé, monte les escaliers et gagne ma chambre. Aujourd'hui n'est vraiment pas un jour pour me prendre la tête.

Mais ma mère ne l'entend pas de cette oreille, elle crie mon prénom et j'entends ses talons frapper sur les marches des escaliers pour bien me montrer qu'elle est déterminée à avoir une réponse et qu'elle est en colère. Seulement, la chanson je la connais depuis bientôt trois ans. Elle va me demander où j'étais, je vais lui dire que j'étais chez Kyle et que je ne me rappelle de la soirée juste que je me suis juste retrouvé dans une baignoire et que je suis rentré. Habituellement, je vais au lycée, mais je ne vais pas lui donner la raison de ma venue ici. Ce genre de compte, ça se règle le soir ici.

- Enes ! Réponds moi ! Où étais-tu !

J'aimerai lui dire que j'ai un putain de mal de crâne, que j'ai la tête lourde comme une boule de bowling mais connaissant ma mère, cela ne changerait absolument rien. Alors je réponds calmement tout en cherchant mes affaires pour pouvoir me doucher.

- Tu sais parfaitement où j'étais ...

- Faut que ça s'arrête Enes ! J'en ai marre de tout ça ! Que tu gâches ton avenir comme ça, je n'en peux plus !

On y est. La fameuse leçon de morale. Je retire mon T-shirt et le jette à la poubelle directement. Je ne porterais plus jamais cette merde de toute façon, même lavée à 90 degrés. Je me dirige vers la salle de bains, elle, est toujours en train de râler derrière moi.

- Tu vois pas que tu gâches ton avenir ! Tu bois, tu ne travailles plus et ... Oh Grand Dieu ! Mais c'est quoi cette odeur ?!

Je me tourne alors vers elle et de mon sourire le plus hypocrite, je lui dis :

- L'odeur de la chère merde que tu vois en moi Maman !

Et je claque la porte avant de la boucler à clé. Je me déshabille et entre dans la baignoire tandis qu'elle est toujours en train de crier derrière la porte :

- Enes ! Ouvre la porte ! ENES !

J'allume l'eau pour que sa voix n'atteigne pas mes oreilles et je la laisse couler sur moi, brûlante, en fermant les yeux.

Quand je sors de la douche, je n'entends plus ma mère. Elle a du aller travailler. Tant mieux d'un côté, avant le rendez vous en tête à tête avec Monsieur Laroche, je veux un petit moment de tranquillité.

Je ne prends même pas la peine de rattacher mes cheveux, je les sèche, m'habille et ... bordel, je me suis tellement décrassé que je l'impression d'avoir une nouvelle peau. J'attrape mes affaires et je saute par la fenêtre pour ne pas avoir à faire à Nicolas, celui qui baise ma mère.

Si franchement, je faisais des efforts, je pourrais le trouver sympa mais rien que de savoir que la nuit, il se glisse dans le même lit de ma mère me fout la rage. Je ne le considère comme un père et encore moins comme un beau-père, ce salaud. Ma mère dit que c'est le mec avec qui elle a vraiment envie de vivre sa vie. Pff ... Bullshit. J'y crois pas un mot. Lui c'est le genre de mec qui n'est pas aimé pour ce qu'il est mais pour ce qu'il a. Et quand bien même, il s'agirait de ma mère, je ne vois pas d'autre option possible. C'est le genre de putain de gosse de riche qui as toujours tout eu dans la vie, sans problèmes, la vie déjà toute tracée. J'ai pas connu la misère, mais lui il n'a pas du vivre ce que j'ai vécu ou ce que je vis en ce moment sérieux. Grosse voiture, grosse baraque, gros chéquier. En tout cas, une chose est sûre, c'est qu'il ne gardera pas le gros cul de ma mère. Bâtard va. Et si jamais il la trompe, je vais lui défoncer sa petite gueule parfaite. Enfin "défoncer" ... je veux dire "l'arranger". Evidemment.

" Encore en retard Hunt " , me lance Clairine, la CPE.Tout le monde change au cours des années, sauf elle apparemment. Toujours aussi ronde, aussi curieuse et toujours là surtout. Je suis sûre que sa retraite, elle devait la prendre depuis longtemps, elle est là rien que pour faire chier sérieux.

Pas de Laroche ce matin. Hors de question, je suis déjà assez sur les nerfs.

8:30. Quand j'arrive en classe, j'ai les yeux rivés de la bande de morveux, qui constituent ma classe encore une fois sur moi. Le prof d'anglais M. Samson lis un texte et sans me regarder, me fais d'aller m'asseoir d'un geste de la main. A peine ai-je eu le temps de m'asseoir, que qui je vois devant la porte ? Mr Laroche. Oh bordel. Encore une emmerde. Sûrement cette salope de Clairine qui lui a dit que j'étais en retard. Bon après, elle n'a jamais rien de mieux à faire de toute façon, donc je pourrais me montrer compréhensif pour une fois.

- Bonjour !

Tout le monde se lève. Je ne veux pas me lever, mais Mr Samson me fait signe de le faire.

- Et ben Hunt, vous êtes à l'heure vous maintenant. Incroyable !

Qu'il se taise ou je lui pète sa gueule. Suite au regard que je lui adresse, il explique enfin sa venue.

- Mr Samson, je sais que nous sommes déjà au deuxième trimestre mais on a reçu une nouvelle élève ce matin et j'ai pensé que compte tenu, du nombre d'élèves dans votre classe, nous pourrions la mettre ici.

- Oui mais c'est que ...

- Bien sûr, elle n'aura rien à rattraper, ne vous en faites pas, compte tenu de son livret excellent, si je puis dire, elle n'aura aucun mal à s'adapter dans cette classe, sauf si bien sûr, certains sont trop perturbateurs, dit il d'un ton sarcastique en me lançant un vif regard.

Je me retiens de ne pas lui sauter dessus et frapper sa tête contre le tableau.

- Ne vous inquiétez pas Monsieur, dit le prof qui avait tout suivi, elle se sentira bien ici j'en suis sûr.

- Ma foi, c'est parfait. Les élèves je vous présente Nija Orivesi. Elle est russe et elle vient d'arriver en France. J'espère qu'elle s'intégrera facilement dans cette classe et que personne ne ...

- Tu peux aller t'asseoir Nija, nous sommes ravis de t'avoir parmi nous, le coupe Mr Samson avant qu'il n'ait pu faire une autre remarque à mon égard.

Dans ta face, connard. La nouvelle lui adresse un sourire, remercie Laroche d'une poignée de main et se tourne vers nous pour repérer une place. Le bonjour il vient quand du coup ? Elle a perdu sa langue ou quoi ? Salope, snob et mal élevée en plus.

Ok, d'accord.

Elle est belle. Je l'avoue.

Mince, du genre "Elite", brune, avec une putain de crinière qui cache à moitié son visage et tout ça.

Ah ben non en fait, elle est comme les autres. En plus avec ce qu'a dit Laroche à son propos, elle pourrait facilement se faire passer pour la fille de Nicolas elle. Facilement. Je n'imagine pas la personnalité. Absolument mer-dique.

Elle observe la classe de ses grands yeux verts et la seule place qu'elle semble trouver c'est ... oh bordel. Celle qui est à côté de moi. Qu'est ce que j'ai bien pu faire hier soir pour recevoir une journée comme celle-ci.