Speechless

Chapitre 32

A mon avis, vous feriez mieux de relire le dernier chapitre. Histoire de ne pas être complètement lost. Bonne lecture ;)

POV Sloane

Flashback

02H47

Dans moins de cinq heures, je dois me lever pour aller en cours. Les gens normaux dorment à cette heure, mais moi, je suis à la fenêtre en train d'observer le monde plongé dans l'obscurité. J'ai toujours préféré la nuit au jour. Elle effraie tout le monde, mais est tellement plus intéressante. Les choses les plus merveilleuses surviennent la nuit : la lune, les étoiles, le silence. Les gens ne devraient pas en avoir aussi peur.  Il y a tellement plus de lumière que durant la journée. Les lampadaires éclairent les rues et les ruelles sombres et abandonnées ; les phares des voitures éclairent les routes. Et la lumière lunaire éclaire le reste du monde.

Oui, j'ai toujours préféré la nuit. Ce qui me rend encore plus bizarre aux yeux des autres. Certains pensent que je suis étrange et anormale, juste parce que je ne leur ressemble pas. Je ne m'habille pas comme eux, je ne pense pas comme eux, je ne leur adresse pas la parole et c'est très bien comme ça. Cela ne m'a jamais dérangé. Au début peut être que oui mais entre nous,  quel enfant souhaite se sentir à l'écart dès son premier jour d'école ? Personne, évidemment. C'est juste qu'au bout d'un moment, on finit par s'y habituer.

De ma fenêtre, j'aperçois le cimetière. Les pierres tombales grises, sont visibles mais un léger brouillard les recouvre. Ça aussi, ça ferait peur à plus d'un. Dans les livres, les films et même dans la vie en général, un cimetière n'a rien de positif. C'est le lieu par excellence qui prouve que notre vie a une fin et qui nous le rappelle dès qu'on passe devant. on n'arrive pas à imaginer qu'un jour, notre corps sera consommé par des vers, mille pieds sous terre. Certains ont même réussi à créer tout un univers autour des cimetières : celui des morts-vivants par exemple, qui sortiraient de leurs tombes pour terrifier les humains.

Pourtant, ce n'est pas du tout comme ça que je les vois. Mon père a toujours fait en sorte que je puisse voir un cimetière à travers ses yeux. Et c'est magnifique. Le jour, les pierres tombales brillent au soleil, et les bouquets de fleurs rappellent aux êtres aimés qu'ils ne sont pas oubliés tandis que les tombes sans décorations attisent la peine et la compassion. On voudrait alors juste déposer une fleur, pour que les défunts ne se sentent pas trop seuls. Mais les uns comme les autres ont tous un endroit où se reposer, où vivre en paix. Leurs corps sont là quelque part et reposent dans des tombaux qui leurs servent d'abris. Quel meilleur endroit qu'un cimetière ?

Si quelqu'un m'entendait penser, il me prendrait pour une véritable folle. Mais encore une fois ce n'est pas grave parce que je ne parle pas vraiment à beaucoup de monde. A vrai dire, je ne parle à personne.

03H12.

Si seulement je pourrais rester sur le bord de ma fenêtre et observer le monde silencieux toute ma vie, je n'irais plus jamais en cours. Mais il le faut bien, j'ai beau aimer cet endroit, je ne veux pas rester ici toute ma vie. Je veux partir et voyager, je veux voir tout ce qui se trouve par delà ce cimetière. J'en ai marre de cette ville et des gens qui l'y habitent.

Je descends lentement de ma fenêtre, non sans un soupir de tristesse. Mais un bruit m'attire au moment où je m'apprête à aller dormir. Un bruit de moteur. Je m'arrête un instant, puis hausse les épaules. Sûrement une voiture qui ne faisait que passer. Seulement, quand j'entends les portières claquer, je fronce les sourcils. Habituellement, le secteur est vide, surtout à cette heure. D'autant que je n'ai pas beaucoup de voisins. Notre maison se trouve de l'autre côté du cimetière, mais nous pouvons tout de même voir les gens qui y entrent. Je me dirige de nouveau vers ma fenêtre, lentement comme si l'on pouvait m'entendre d'ici.