Surtout ne pas la brusquer. Je prends son visage en coupe et observe le moindre de ses mouvements. J'ai envie de sourire en remarquant qu'elle a du mal à avaler sa salive. Son regard émeraude illumine son visage, je ne me lasserais jamais de la regarder. Je me sens un peu serré dans mon jean et je me retiens pour ne pas plonger sur son visage.
Surtout ne pas la brusquer. Je recale une mèche derrière son oreille et délicatement scelle mes lèvres aux siennes.
Et un raz de marée de sensations, venues de toute part, s'empare de moi.
*
Je suis devant sa maison depuis bientôt un quart d'heure. Son père est parti il y a 10 minutes et par chance, il n'a pas vu la voiture, garée un peu plus loin. Je me demande ce qu'il aurait pensé s'il m'avait vu là, en train d'attendre patiemment son départ pour voir sa fille. Seul, le mot "psychopathe" me vient à l'esprit.
Cette nuit, j'ai eu beaucoup de mal à m'endormir. A cause d'elle, à cause d'hier, à cause de toutes les sensations que j'ai ressenti et sur lesquelles je n'arrive pas à mettre un putain de mot. J'ai même hésité à en parler à ma mère mais la dernière chose que je voulais était d'avoir affaire à une hystérique.
Lorsque j'étais revenu, je ne souhaitais que me soulager. Je n'en pouvais plus, j'en avais presque mal. Sur la route, j'avais tenter d'arranger mon jean de nombreuses fois, en vain. J'étais monté dans ma chambre et y était resté quelques bonnes minutes avant de redescendre. Une bonne heure même.
Je n'avais pas réussi à manger non plus et pourtant c'était de la pizza. Je me suis maudis d'être aussi faible encore une fois. C'était juste un baiser et je n'arrivais déjà plus à vivre normalement. Un baiser qui avait provoqué une chaleur si intense dans ma poitrine que je voulais à tout prix la ressentir de nouveau.
J'étais parti de bonne heure ce matin. J'avais sorti à ma mère que j'avais besoin de travailler à la bibliothèque avec Nija et elle n'avait rien dit. Elle avait remarqué que quelque chose avait changé. Elle avait juste pouffé de rire, sans vraiment me regarder. Et quand je lui avais demandé ce qui se passait, elle m'avait répondu, amusée :
" Non, non, rien."
Je la soupçonne de savoir.
Ma mère a toujours voulu connaître mes petites histoires. Déjà petit, elle me demandait si je n'avais pas d'amoureuse et lorsque je lui avais dis, pour qu'elle me lâche, que j'étais amoureux de Mathilde Beaugrand, elle l'avait invité à tous mes anniversaires pendant au moins 3 ans.
Je ne lui ai plus jamais reparlé de tout ça. Je n'ai jamais eu de relations à long terme. De relations tout court d'ailleurs.
Lors des fêtes de Kyle, les filles étaient plus chaudes que les mecs. C'était facile de s'en procurer une. Et pourtant, je n'allais jamais les chercher, ce sont elles qui venaient à moi. J'ai du m'en faire 3 en tout. Mais le lendemain matin, je me réveillais toujours dans la baignoire parce que je refusais de dormir dans une chambre avec l'une d'entre elles. La baignoire faisait très bien l'affaire.
Pff, je ricane. Avant, je n'étais juste qu'un pauvre jeune qui tente désespérément de faire parti d'une bande. Maintenant : un pauvre jeune qui se trouve devant la maison d'une fille parce qu'il n'arrive pas à se la sortir de la tête, j'ai envie de rigoler. Dans les deux cas, je suis pathétique. Je n'aurais jamais cru me retrouver dans une telle situation un jour.
Parfois, je voyais Maxendre et Amina s'échanger des petits regards mais je feignais de ne rien voir parce que je trouvais ça complètement ridicule. On était pas mal au courant de ce qui se tramait entre eux, mais Kyle semblait ne rien voir du tout. Maintenant, je me demande comment Maxendre a fait pour partager Am'. La première fois qu' il était revenu me voir, j'avais clairement compris à quel point il avait été mordu de cette fille. J'ai pris du temps pour lui pardonner, mais je ne lui en veux plus. Il est mille fois plus désespéré que moi, même s'il le dissimule derrière ses vieilles vannes. Au fond, il est brisé et seul, ceux qui le connaissent vraiment, peuvent le voir.

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Speechless
RomanceEnes est le genre de garçon qui n'en a rien à foutre de la vie, voir de lui même. Il en a marre d'aller au lycée, qu'il trouve parfaitement inutile et se retrouve souvent dans une baignoire quand il se réveille à la suite d'une soirée. Lorsque Nija...