Chapitre 21

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L'observer dormir est fascinant. Je le fais depuis plus de vingt minutes maintenant et je me fais peur à moi-même. J'ai tout du pervers qui préfèrerait la séquestrer chez moi plutôt que de la laisser mettre un pied dehors. Je suis complétement ridicule.

Mais chacun de ses mouvements capte mon attention. Ses cheveux sont emmêlés mais attachés, ils tiennent parfaitement sur son crâne. Le drap qui était sensé la recouvrir est arrivé à ses pieds par je ne sais quelle manière et mon T-shirt est légèrement remonté et laisse entrevoir sa peau laiteuse. Son bras droit, au dessus de sa tête, est calé sur l'oreiller, laissant entrevoir la poitrine de Nija qui se soulève au rythme de sa respiration.

Je n'ai pas pu dormir à cause d'elle. J'étais lecivé mais je n'ai pas pu fermé l'oeil de la nuit. Mon esprit passait et repassait chaque petite seconde écoulée de la soirée de la veille. Et si je revisionnais avec plaisir les coups que j'avais balancé à l'autre con de sportif, c'était avec torture que je revisionnais Nija, au dessus de moi avec ses deux émeraudes qui lui servent de pupilles en train de me fixer attentivement et son corps collé au mien.

Appuyé sur mes genoux, je passe furtivement une main dans mes cheveux encore un peu humides à cause de la sueur. J'avais décidé de mettre un terme à cette insomnie insupportable et étais allé courir aux environs de 5h-6h du matin. Il fallait que je trouve un moyen de sortir de cette maison, en sachant qu'elle y était, à moitié à poil dans mon lit, sans qu'il ne lui arrive quoique ce soit. J'avais pris soin de prendre mon portable et de le mettre sur sonnerie au cas où elle appellerait. Bien que je savais qu'elle serait bien trop épuisée pour se réveiller de si bonne heure. 

La musique m'avait un peu fait oublié la nuit masacrante que je venais de passer. J'étais même allé m'asseoir près du lac pour tenter de m'évader de cette tension qui régnait entre nous depuis un petit moment. J'étais attiré par cette fille de manière inexplicable et cela me foutais en rogne. Je ne supportais pas mon comportement. Le petit gentil, le bagarreur obligé de la défendre, le protecteur ...

Depuis combien de temps ce changement avait-il opéré ?

Et je dirais même : depuis combien de temps a-t-ELLE opéré tel un changement sur mon comportement ? Je n'en sais rien. Aucune putain d'idée.

Elle gigote. Adossé, je plisse les lèvres. Elle tourne et se place sur son flanc droit, face à moi. Son bras qui était placé au dessus de sa tête, vient maintenant se mettre sur son bassin et sa main passe sous sa tête comme si elle pouvait remplacer un oreiller.

Quelques mèches tombent devant son visage mais je ne peux m'extirper de mes pensées à la vue de ses lèvres. Ses lèvres si roses et désireuses. Dire que j'étais à deux doigts de plonger sur elles la veille.

Je n'avais jamais ressenti un tel sentiment de frustration de toute ma vie que ce que j'avais vécu hier. Mais si c'était à refaire, je le referais. Il ne faut pas que je fasse de bêtises. Même si je suis le mec le moins stable qu'elle connaisse, le plus con, le plus désagréable, je m'en bats les couilles promptement.

Elle en vaut largement le coup.

Je dépose les deux comprimés sur ma table de chevet ainsi que la bouteille d'eau et sort de la chambre. Je ne veux pas qu'elle soit effrayée en me voyant à son réveil. Elle penserait que je suis un psychopathe, assis sur un tabouret, en train de la regarder comme un gros pervert qui aurait besoin de se vider rapidement en elle.

Il n'est que 7h : j'ai encore le temps de me reposer. Je passe à la douche rapidement et enfile un survet' avant de revenir sur le canapé. Je veux qu'elle se réveille. Je veux qu'elle vienne sur moi à califourchon et qu'elle serre son corps tout contre moi.

SpeechlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant