Chapitre 8

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- Hunt ...


- Présent. dis-je en arrivant devant la salle de classe.


Samson ne prend pas la peine de me poser des questions sur ma longue absence. Il doit en avoir pas mal marre lui aussi. Il me regarde et me fait le même signe de main que d'habitude pour me dire d'entrer. Nija a sûrement du lui dire pourquoi j'étais absent, je pense. Quand je me dirige vers ma place, je la vois, sur la table d'à côté, le regard baissé. Elle semble avoir les lèvres crispées et ne me regarde plus comme la dernière fois. Ma présence la dérange ou est-elle toujours en rogne par rapport à hier ? Si c'est le cas, c'est ridicule. J'étais de mauvaise humeur et elle m'a énervé. Ce n'est pas à elle d'être en colère. Je la regarde du coin de l'œil et je remarque qu'elle a bien attaché ses cheveux cette fois ci. Ils sont lissés, plaqués et coiffés en chignon. Elle a vraiment le temps de faire tout ça le matin ?


Ce matin, je n'ai pas entendu le réveil alors je me suis encore réveillé en retard. Ma mère et Nicolas étaient déjà partis et sur le coup ça m'a pas mal embêté car je voulais m'excuser auprès de ma mère. Ma fierté et mon orgueil me rongent mais cette fois ci je me rends vraiment compte que j'ai dépassé les bornes et je voulais m'excuser. Manque de peau, elle n'était pas là et ne m'avait pas laissé de message. Si ce n'est, la boite Tupperware qu'elle avait laissé sur la table avec écrit sur un post-it :


"Cookies pour Nija. J'espère que tu pourras au moins faire ça. - Ta mère"


A côté de la boîte, se trouvait un paquet de feuilles, avec une très belle écriture bleue dont les lettres étaient formées par de belles courbes et délimitées par leurs interlignes respectives. J'ai tout de suite deviné qu'il s'agissait des cours de la muette. Et à tous les coups elle avait utilisé un stylo plume si l'on en jugeait l'écriture bleue et lisse sur la feuille blanche. Pour lui faire plaisir, j'ai pris la boîte. Je n'avais vraiment pas envie de l'énerver encore plus contre moi qu'elle ne l'était déjà. Mais à présent, je rigolais intérieurement car si j'ai pensé, je l'avoue, que le défi qu'elle m'avait lancé s'annonçait plus que simple, voir Nija aussi ferme dans l'expression de son visage ce matin même me montra que la tâche allait être un peu compliquée que prévu.


Assis, je tourne la tête pour l'observer. Elle se tient droite, la tête haute, stylo en main, nouvelle feuille sur sa table, prête à écrire. Je la détaille du regard : elle porte un débardeur gris avec un peu de dentelle sur le contour au niveau de la poitrine, un pantalon noir et des Converse noires. Décidément, elle aime ça les Converse. Son chignon est gros mais parfaitement fait. Elle est vraiment belle il n'y a rien à dire.


Au même moment, sa tête tourne vers moi, et ses yeux se plongent dans les miens. De magnifiques yeux verts. Je suis déconcerté. Ils sont d'un vert indescriptible mais profond, ils sont juste incroyables, je n'avais jamais vu la beauté de ses yeux jusqu'à maintenant. Et le crayon et le mascara qui tirent sur ses cils ne font que les accentuer. Je n'arrive pas à détacher mon regard du sien et c'est énervant, j'ai peur de paraître con. C'est la première fois que j'en vois comme cela. Pourquoi elle les cache tout le temps ? Elle ne devrait pas, je ne les cacherait jamais si je les avais ses putains d'yeux.


Au même moment, elle me regarde, mais sans sourire, pas comme d'habitude. Elle doit être vraiment énervée contre moi. Tant mieux au moins, elle me lâchera. Je dois juste lui donner la boite de ma mère et ne pas regarder ses yeux. Faut que je me reprenne moi d'ailleurs. Ça va vite après ces choses là, si elle voit que son regard me perturbe comme son rire, ça va mal aller pour moi.

SpeechlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant