POV Nija
La bibliothèque est sûrement l'endroit où je me réfugie le plus ces temps-ci. Il y a un peu plus de personnes que d'habitude, surtout des lycéens mais c'est normal : le baccalauréat approche et tout le monde veut réussir. Pour ma part, je me concentre plus quand je suis ici. Il fait bon, nous sommes avril et les grandes baies vitrées laissent si bien traverser la lumière que j'ai l'impression d'être dehors. D'ailleurs, je me suis mise sur une table juste en dessus d'une de ces baies. C'est apaisant de voir la mini plaine de l'autre côté. C'est un très beau spectacle.
La bibliothécaire passe près de moi, avec quelques livres et me fait un petit sourire. Elle me voit souvent maintenant et contrairement à l'attitude qu'elle avait adopté la première fois que j'étais venue, elle est plus gentille qu'il n'y paraît. Je lui rends son sourire et reporte mon regard sur mes cartes de géographie. Je dois les connaître par coeur pour perdre le moins de temps possible le jour J, comme ça j'aurais plus de temps pour la composition en histoire.
Ce ne sont que des cartes, mais impossible de les apprendre à la maison. J'ai tout essayé : j'ai mis de la musique, me suis couchée sur mon lit, ai mangé en apprenant, suis sortie dehors et suis même allée au parc. Mais rien n'y fait. La dernière idée était d'ailleurs la plus mauvaise, parce que ça ne faisait que me rappeler certains moments que j'aurais préféré oublier.
Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse me manquer autant. Avant quand il ne m'adressait plus la parole, je ne me faisais pas de sang d'encre, pour la simple et bonne raison que c'était un ami. Un ami, c'est tout. Mais là, ses baisers, ses mains, ses prunelles qui brûlaient de désir quand il les posait sur moi, cette sensation d'être importante aux yeux de quelqu'un : tout assaille mon cerveau à chaque fois fois que je presse les paupières. C'est presque insoutenable. Je n'arrive que difficilement à me concentrer en cours, en sachant qu'il est derrière moi. Parfois, en anglais, je tourne discrètement la tête pour voir son expression faciale, mais elle ne change jamais : impassible et froide.
C'est insensé. On a passé combien de jours ensemble ? 2 ? 3 tout au plus ? Je ne sais pas vraiment. La bibliothèque est le seul coin qui m'apaise et encore là, je repense à ce qu'il s'est passé. J'essaye de recoller les morceaux mais je ne parviens toujours pas à comprendre. Il a beau me dire que ce sont des problèmes qu'il doit régler, je me remets en question. Est-ce que j'étais trop proche de lui ? Trop tactile ? Trop ... présente ? Je n'en ai aucune idée. Je ne le crois pas. S'il avait des problèmes, il m'en aurait parlé, il a confiance en moi. Il m'a parlé de son père, et pas qu'un peu, pendant une grande partie de l'après-midi qu'on avait passé au parc. Il s'est ouvert à moi alors je refuse de croire qu'il ait mis fin à tout ça pour des petits problèmes. Il traine avec personne en plus, quels problèmes pourrait-il avoir ?
Hier, lorsque je l'ai aperçu devant chez moi, il paraissait totalement perdu. Il était là, comme un fantôme qui disparait une fois que l'on se frotte les yeux. J'avais voulu qu'il vienne vers moi, qu'il s'excuse et me dise que tout ça, ce n'étaient que des sottises ou une blague et que jamais il n'aurait brisé sa promesse.
" Je ne partirais pas. "
Une semaine n'était pas passée, qu'il l'avait déjà fait. Comment appelle-t-on ça ? Un manque de respect ? Ou un simple connard qui s'est servi de moi parce qu'il était frustré sexuellement ? Je ne sais pas. Et ça me fait mal de penser ça de lui, parce qu'au fond, je sais qu'il n'est pas comme ça. Cependant, je suis contente de ne pas être allée plus loin dans ce "domaine" avec lui justement. Moralement, j'aurais été détruite, s'il m'avait laissée seule après. Je le sais.
Mes yeux commencent à picoter et je ferme les yeux quelques secondes en respirant profondément. J'ai pleuré quand je suis rentrée chez moi, le jour où il me l'a annoncé. Heureusement, mon père n'était pas là. Je pleurais déjà sur la route d'ailleurs, je me suis sentie affreusement seule. Ma mère, Mikhaïl et maintenant Enes. La vie semble être vraiment très remontée contre moi.

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Speechless
RomanceEnes est le genre de garçon qui n'en a rien à foutre de la vie, voir de lui même. Il en a marre d'aller au lycée, qu'il trouve parfaitement inutile et se retrouve souvent dans une baignoire quand il se réveille à la suite d'une soirée. Lorsque Nija...