Speechless

Chapitre 33

POV Sloane

"Pourquoi tu l'as ramenée ici ?!"

Le pote d'Enes est furieux.

- Parce que je n'ai rien à me reprocher et toi non plus.

- T'es qu'un gros con !

Je les regarde et remarque une très grande différence entre eux. Enes a beau ressembler en tout point à un loup solitaire, qui semble en avoir marre de son existence, son ami le surpasse sur ce point là. D'ailleurs, il ne ressemble pas à grand chose. Ses cheveux sont gras et négligés. Son visage est assez pâle et quant à ses vêtements, ils ne le valorisent en aucun cas. Je n'ai pas grand chose à dire là dessus compte tenu des miens mais c'est pour une bonne cause, pas une raison pour me laisser aller comme lui. Sa maison est assez spacieuse pour une seule personne et pendant quelques minutes je me demande comment il fait pour payer le loyer. Le nombre de bières par terre est assez surprenant pour deviner qu'il passe ses journées à ne rien faire.

- Je te parle, toi !

Sa voix rocailleuse me fait légèrement sursauter.

- Pardon ?

Le ton qu'il prend ne me plaît pas forcément mais je tente de rester calme. Je suis seule face à eux et je ne connais pas assez bien Enes pour savoir s'il me viendrait en aide si les choses tournaient mal entre son pote et moi. Ce qui à mon avis ne saurait tarder vu la noirceur du regard de celui-ci. Un peu plus et je sentirais les éclairs lancés, me traverser le corps.

- Maxendre, c'est pas de sa faute. Arrête de réagir comme ça putain.

Enes semble fatigué d'essayer de convaincre son pote que je ne vais pas les dénoncer à la police et que je  les crois. Mais lui-même ne sait pas que je commence peu à peu à regretter cette décision..

- Toi, la ramènes pas. Ton coup de "Je vais tout dire aux keufs" tout à l'heure, je ne l'ai pas oublié figures toi. Et maintenant tu te ramènes avec une meuf dans ma baraque et tu me demandes de me calmer. Non Enes je ne me calmerais pas !

Le prétendu Maxendre a le visage qui vire au rouge. Enes se contente de ne rien dire et me lance un regard comme pour me dire "Balance ce que tu sais, il ne se calmera pas maintenant de toute façon."

Je n'ai pas peur d'eux. J'ai juste peur de ce qu'ils peuvent me faire ensemble dans un endroit qui m'est inconnu. Comme tout le monde.

- Pourquoi tu t'énerves ? je demande au dépravé.

- Te fous pas de moi, okay?

- Tu te sens coupable ?

Je le provoque et le choc que je peux lire sur son visage me fait sourire légèrement.

- Ta gueule, dit-il les dents serrées. Tu sais rien de moi, c'est clair.

- J'en sais assez pour savoir que tu as peur de ce que moi, je sais.

Sa mâchoire se contracte et il s'approche de moi à une vitesse éclair.  Il plaque brutalement ses deux mains sur le mur, de par et d'autre mon visage et me regarde droit dans les yeux :

- Écoute salope, je vais pas y aller par quatre chemins. Tu te crois forte mais tu l'es pas, d'accord ? Tu te caches derrière  ce tas de vêtements et cette apparence de mec ou je ne sais quelle autre chose identifiable parce que t'es même pas capable d'assumer ce que tu es réellement.

Je ne relève pas le "salope" amer qu'il me lance, mais ses mots me clouent tout de même sur place. De ma vie, on ne m'avait jamais dis quelque chose d'aussi méchant et honnête à la fois.