Speechless

Chapitre 11.5

Nija POV
Flashback

"Milaya moya ?"

Maman entre dans ma chambre, avec une boîte à chaussures et un livre. Je laisse mon cahier de coloriage de princesses sur mon lit et court vers ses jambes que j'entoure de mes bras.

- Maman (1) ! je crie.

Elle caresse ma tête et s'exclame : "Ohoh ! Mais j'en connais une qui est contente de me voir, dis donc !"

- Voui ! je réponds en souriant

Elle est rentrée, enfin. Je l'attendais depuis longtemps. On est mercredi aujourd'hui et j'avais pas école alors je suis restée avec Papa comme d'habitude. Mais mon moment préféré de la journée, c'est quand Maman rentre du travail. Dès que j'entends "milaya moya" je sais qu'elle m'appelle, parce que ça veut dire "ma chérie" et la seule chérie qu'elle a ma Maman, c'est moi.

- Regarde ce que je t'ai apporté, mon coeur. me dit-elle en déposant sur mon bureau ce qu'elle tient dans les mains.

- C'est une surprise ? je demande, impatiente.

- Oui, c'est une surprise.

Je m'assois sur ma chaise comme une grande et soulève le couvercle de la boîte à chaussures rapidement. J'espère que ce sont des chaussons de danse, parce que j'adore la danse. Maman m'a dit que je commencerais cette année parce que je rentre en 1ère classe, chez les grands (2). Mais quand j'en regarde le contenu, je suis déçue et fais une petite moue en me relâchant sur ma chaise. Des feuilles. Tout plein de feuilles. Pas de chaussures.

- Qu'est ce qu'il y a chérie (3), me demande Maman en baissant la tête vers moi.

- Je voulais pas ça, dis-je en repoussant doucement la boîte.

Elle s'accroupit à ma hauteur et me regarde dans les yeux en souriant. Je fronce légèrement des sourcils mais je ne peux pas m'arrêter de regarder ses yeux : ce sont les plus beaux du monde. J'ai les yeux de la même couleur qu'elle et Papa dit qu'on se ressemble beaucoup mais je sais qu'il dit ça pour me faire plaisir. Maman sera toujours la plus belle et en plus elle est magicienne. Le matin, par exemple, elle passe ses cheveux dans une machine magique qui les rends tous lisses. Alors que moi, je n'ai rien qu'une grosse touffe. Et puis quand je me fais mal, elle me fait un bisou et hop ! J'ai plus mal. Un jour, peut-être qu'elle me dira son secret, j'espère en tout cas.

Doucement, elle murmure :

"La danse ne commence qu'en octobre chérie (3), dans deux mois, tu les auras tes chaussons ne t'inquiète pas."

Même si j'adore entendre Maman mélanger le français et le russe, je la regarde tristement et murmure à mon tour :

"C'est vrai ?"

Elle place une mèche derrière mon oreille et caresse ma joue en me rassurant :

"Oui mon amour et tu seras la plus jolie danseuse étoile du monde, d'accord ?"

J'hoche la tête pauvrement, toujours un peu déçue de mon cadeau. Puis je sens ses deux mains me chatouiller les hanches.

- Qui est-ce qui boude ici, hein ? Qui est-ce qui boude ?

Je m'esclaffe, je n'aime pas les guillis et je n'arrive pas à sortir des bras de Maman, qui continue.

- Alors qui est-ce qui boude ici ?