Speechless

Chapitre 22.5

POV Nija 

Je regarde l'horloge : ça fait au moins 1h30 que je me casse la tête sur le dernier exercice du devoir maison en maths et chaque tentative est un véritable échec. Je déchire ma feuille une fois de plus et la jette à la poubelle. J'en ai marre de rater. Pourtant, j'essaye d'appliquer ce qu'on a fait en cours, mais je n'y arrive pas. Je sais que mon résultat n'est pas correct.

Je me lève et décide de mettre un peu d'ordre dans ma chambre. Elle est sans dessus-dessous depuis quelques temps, c'est l'heure du rangement. Je ramasse tous les vêtements et me dirige vers la salle de bains, pour faire une machine.

Tout en les mettant un à un, je tombe sur le T-shirt d'Enes. Lorsqu'il m'avait raccompagné, je le portais toujours, j'avais juste enfilé mon jean encore humide. Je l'avais détesté à ce moment là, de me mettre dehors juste parce qu'il était énervé contre moi. Je n'avais même pas pris le temps de lui dire au revoir.

Je me souvenais de tout. Tout ce qu'il s'était passé cette nuit-là, chez Laure, mais je ne lui avais rien dis. Déjà parce que je ne pouvais pas le faire, mais aussi parce que d'un côté, je voulais l'entendre. Entendre ce qu'il pensait de moi.

Et il ne m'a pas raté. Du tout.

C'était la première fois que je le voyais aussi énervé. La rage que j'avais pu lire dans ses yeux m'avait clouée sur place, et pendant un moment je m'étais retrouvée dans une paralysie totale. Jusqu'à ce que je réfléchisse au vrai motif de sa colère.

Qu'est-ce qui l'avait vraiment énervé ? Me voir à cette soirée ? A moitié ivre ? Dans les bras de Brian ? Ou le simple fait que je lui avais menti ?

Je n'en savais rien. Et jusqu'à maintenant, je n'en ai toujours aucune idée. Lorsqu'il était apparu à la fête, j'ai bien cru que le ciel me tombait sur la tête. J'y étais allée pour évacuer la nouvelle que je venais d'apprendre, je voulais profiter, essayer de faire comme si tout allait bien, savoir que je pouvais encore plaire et m'amuser malgré mon handicap.

Mais Enes avait tout ruiné à l'instant, où il avait fait son apparition dans le salon. Ses yeux étaient d'un noir si profond que j'avais remercié intérieurement Brian de me tenir par les hanches parce que je serais tombée lamentablement par terre, si cela n'avait pas été le cas.

Je n'avais jamais vu Enes aussi énervé. La violence des coups qu'il avait porté à Brian m'avait tellement choquée que j'avais redouté l'attitude qu'il aurait eu avec moi, la cause de tout ses problèmes. Je me suis vraiment sentie ridicule quand au petit matin, j'ai reçu le message de Brian. Je ne sais même pas ce qui m'a pris d'aller vers lui. Il me faisait un peu penser à Mikhaïl physiquement et au fond de moi, j'espérais peut-être prouver que je pouvais plaire de nouveau. Mais je me suis rendu compte qu'il voulait juste m'utiliser et j'en avais été très peinée. Je n'étais même pas énervée contre lui, juste contre moi-même d'avoir été aussi stupide. Et je n'avais même pas remercié Enes ... 

Mais cette soirée n'avait pas été qu'un désastre. Elle avait été bien plus que ça. Et nous le savions tous les deux.

Je cesse d'humer son T-shirt et le met une bonne fois pour toutes dans la machine. Je vais dans ma chambre et attrape le balai. Je mets de la musique, pour éviter de penser à lui mais c'est peine perdue, comme d'habitude.

Il avait été si contradictoire. Il m'avait reproché mon comportement au moins 5000 fois et pourtant, il avait pris soin de moi, comme si ... Je comptais pour lui. Plus qu'une amie, je veux dire. Il m'avait déjà dit qu'il m'appréciait, il s'était déjà dévoilé à moi, mais là, nous étions arrivés à un niveau que nous n'avions jamais atteint jusque là.