𝐏𝐫𝐨𝐛𝐥𝐞𝐦 𝐋𝐞𝐭𝐭𝐞𝐫𝐬 [𝑆𝑡𝑟𝑎𝑦 𝐾𝑖𝑑𝑠]

Monsieur Yuta et l'attrape-chaussette

-Pour commencer, j'ai le regret de vous annoncer que vous serez obligés de rater les cours, expliqua Monsieur Yuta, une once de tristesse dans la voix.

-Ah bon? Demanda Changbin, soudainement très intéressé par la tournure que prenait la conversation.

-Eh oui, mon petit Binnie, soupira le proviseur. Malheureusement, vous raterez votre dernière heure de cours du jeudi.

-Seulement? S'égosilla le ténébreux, qui s'attendait sûrement à manquer une semaine de cours.

Felix, qui ne voulait pas s'attarder sur ce sujet, s'empressa de demander:

-Mais que ferons nous, lors de cette heure?

-Ça, c'est à vous de voir, leur informa le proviseur. Vous pouvez vous amuser comme bon vous semble, vous pouvez très bien faire des coloriages magiques, discuter tranquillement, ou jouer à attrape-chaussette!

-Attrape-chaussette? répéta Felix, sûr d'avoir mal compris.

-Comment? s'écria monsieur Yuta. Vous ne connaissez pas CE jeu? Mais enfin, que vous apprend t-on à l'école? Attrape-chaussette représente toute ma jeunesse!

-Justement, vous êtes vieux, lui fit remarquer Changbin, non sans une once de dédain dans la voix.

Monsieur Yuta ne sembla pas avoir entendu la remarque de Changbin et prit un air sérieux et concentré pour leur expliquer les règles d'attrape-chaussette:

-C'est très simple: il suffit de compter jusqu'à trois, et à trois, vous attrapez la chaussette de votre voisin de droite!

Comme pour illustrer ses propos, le proviseur attrapa la chaussette de son voisin de droite, qui n'était autre que Chan. Ce dernier haussa les épaules avant d'échanger un regard entendu avec Hyunjin, comme pour dire, "c'est clair qu'il n'a plus toute sa tête".

-Mais c'est débile, ne put s'empêcher d'observer Changbin, en croisant les doigts pour qu'il y ait encore un ou deux cachets d'aspirine au fond de son sac.

Il avait le mauvais pressentiment que cette discussion allait être longue...

Monsieur Yuta ignora une fois de plus les propos du ténébreux et se tourna vers Felix, qui, il fallait le dire, même si le vieil homme ne l'avouerait jamais, était son chouchou:

-Alors, qu'en pensez-vous? Vous êtes partants? Demanda t-il, tout excité.

-Euh... J'ai une question, fit Minho, qui n'avait pas encore pris la parole jusqu'à présent.

-Oui?

-Comment fera t-on pour rattraper les cours?

-Mais vous n'en avez pas besoin, s'écria monsieur Yuta. Vos petits cerveaux ont besoin de repos, je l'ai lu dans Sciences et vie!

Le vieil homme faisait de grands gestes, comme pour exprimer sa lassitude, ce qui, au passage, manqua d'éborgner Chan, qui commençait vraiment à regretter de s'être assis à côté du proviseur.

Le jeune homme décida donc de changer de place, et de s'installer à côté de Jeongin. Ce dernier lui fit un petit sourire compatissant, révélant son appareil dentaire.

Si Chan n'avait pas été aussi épuisé par sa journée riche en émotions, il aurait sans doute remarqué les joues légèrement rougies de Jeongin, et aurait pensé que l'adolescent était craquant.

Mais s'en fut tout autrement: fatigué par le proviseur qui répétait à tue-tête qu'il fallait manger 5 fruits et légumes par jour, soit-disant parce que c'était bon pour leurs petits cerveaux, Chan ne jeta même pas un regard à Jeongin, ce qui eut le don de désespérer le gamin.

Monsieur Yuta avait soudainement stoppé son monologue, pour demander à l'australien:

-Pourquoi changes-tu de place, Channie?

-Euh...

Heureusement, le jeune homme fut sauvé par Seungmin. Ce dernier avait jugé bon de lever la main pour poser une question (Seungmin était un peu fayot, et avait pris l'habitude de lever la main, même dans un bureau composé de 9 personnes ).

-Tu as une question, Seungmin?

-Oui, où devrons-nous nous retrouver?

-C'est une très bonne question! Je propose que vous alliez à la bibliothèque!

Et, se prenant sûrement pour un super héros, monsieur Yuta ajouta d'une voix de stentor:

-Quuiii est avec mooiii?

Les huit garçons échangèrent tous un regard qui en disait long sur ce qu'ils pensaient et les mit immédiatement d'accord sur un point: il fallait en finir avec cette conversation.

-Eh bien, annonça courageusement Felix, nous nous retrouverons donc ce jeudi à 16 heures à la bibliothèque.