La Terre promise - San

CHAPITRE 11

— Non Waneta, attends s'il te plaît.

— Attendre quoi ?

— Il n'est pas celui que tu crois !

— Il a tué toute la tribu Zaltana.

— Ce n'est pas lui !

— Alors c'est qui ? Personne ?

— Non, c'est son chef qui en a donné l'ordre mais lui ne les a jamais exécutés ! S'il-te-plaît parlons-en avant que tu décides de me ramener de force dans la tribu !

— Je suis obligé ?

— Je t'en serais reconnaissante.

— Argh, souffla-t-il. Très bien. Mais que ça ne traîne pas. Il va bientôt faire nuit.

Il s'assit mais insista tout de même pour se mettre entre nous deux afin de faire barrière, puis d'un ton sec demanda à l'étranger de tout lui dire de son point de vue de l'histoire. Cela dura, il répondit sans coupure d'un long monologue, puis je vis Waneta convaincu après plusieurs insistances de celui qu'il considérait comme un ennemi jusqu'à présent. Il ajouta même un détail qu'il ne m'avait jamais précisé : si jamais dans sa tribu quelqu'un savait qu'il descendait, ça serait catastrophique, pour lui comme pour nous.

——————————

Waneta et moi étions rentrés tous les deux, échangeant tout le long de la route sur la rencontre qu'il venait de faire. Il m'avait dit de faire très attention à moi malgré le fait que je lui fisse confiance, et que ceci était sûrement la dernière chose à faire. Mais il en parlait si calmement que je commençais à croire qu'il pouvait l'apprécier.

——————————

Je l'avais retrouvé peu après le lever du soleil, Tyee m'ayant laissé me promener sur cet instant de la journée car il en avait assez de s'inquiéter le soir lorsque je rentrais tard.

Je m'étais alors rendue au fleuve où j'avais l'habitude de le rencontrer, et l'avais attendu le temps que quelques nuages apparussent derrière une montagne et disparussent derrière celle à l'opposé.

— Ravi de vous voir, m'extirpa-t-il de mes pensées avec un grand sourire lorsqu'il descendit de son cheval.

— Moi de même, répondis-je en le lui rendant. Vous allez bien ?

— Oui. Vous êtes bien matinale pour une rencontre dites-moi, dit-il en sortant et regardant attentivement un objet rond avec deux pointes qui se déplaçaient lentement à l'intérieur.

— Matinale ?

— Vous venez très tôt aujourd'hui.

— Ah oui, mon chef préfère que je me promène au lever du soleil. Il n'aime plus me voir rentrer trop tard dans la nuit.

— C'est compréhensible, encore plus s'il savait avec qui vous passez la plupart de votre temps libre.

— Moi j'aime bien être avec vous. Vous êtes rassurant.

— Je pourrais vous dire la même chose. Vous avez du temps devant vous aujourd'hui ?

— Oui, il est vrai que je n'ai pas grand-chose à faire dans la tribu. Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Je me disais que nous pourrions faire une balade à cheval ? Enfin si vous êtes d'accord bien sûr.

— Je pense que nous pourrions. Vous avez une idée de là où nous pourrions aller ?

— Il y a une cascade assez loin d'ici. Mais comme il est encore tôt nous pouvons prendre la journée entière et rentrer ce soir après y avoir passé la journée, qu'en pensez-vous ?

— Euh... j'aurais vraiment aimé, le problème c'est que même si je n'ai pas beaucoup de travail aujourd'hui qui m'attend, le fait est que je ne peux pas me permettre de passer toute la journée hors de la tribu. Après rien ne nous empêche de nous asseoir et d'échanger normalement.

— Cela me convient tout à fait, répondit-il avec ce même sourire, s'asseyant et m'incitant à faire de même. Au fait je viens de penser à quelque chose, qui n'a aucun rapport mais qui je pense à tout de même son importance ; je ne vous ai jamais demandé votre nom ? Il me semble l'avoir entendu l'autre soir, mais je ne l'ai guère retenu.

— C'est que cela ne devait pas être si important pour que nous communiquions et nous comprenions, fis-je d'une voix amusée. Je m'appelle Zaltana.

— C'est très joli.

— Merci. C'est ma mère qui l'a choisi. Vous savez, on ne choisit pas les noms au hasard dans nos tribus. Chacun a une signification.

— Ah oui ? Que signifie le votre si je ne suis pas trop indiscret ?

— "Haute montagne". À travers ce prénom ma mère voyait en moi une femme qui résisterait à toutes les tempêtes même les plus impitoyables. Et vous alors, comment vous appelez-vous ?

— San. Choi San. Et cela vous fera sûrement rire, mais il a une signification similaire au vôtre.

— Vous êtes une montagne vous aussi ? demandai-je en riant, ce qui l'entraîna à faire de même.

— C'est un peu cela. Pour certains mon prénom est une colline réconfortante, pour d'autres c'est une montagne qu'ils n'oseraient guère défier.

— J'aime beaucoup. Vraiment.