La Terre promise - San

CHAPITRE 30

— Oh San s'il-vous-plaît encore un petit effort... le suppliai-je en sentant mes nerfs me lâcher.

— J'ai mal...

— Je sais. Mais s'il-vous-plaît ne me laissez pas. On va trouver une solution, on va...

— Zaltana ! entendis-je derrière moi. Je reconnus très clairement la voix d'Isha, qui arriva accompagné de Tekoa.

— Isha, Tekoa !

— Il va bien ?

— Non, il ne peut pas se relever. J'ai même peur qu'il soit mourant...

— Ne pense pas à ça, me coupa Tekoa. On va le ramener dans la tribu.

— San, vous pouvez me dire quelque chose ? commença Isha.

— Peux... pas...

— Ne force pas Isha s'il-te-plaît.

— C'était juste un essai. Il faut qu'on le ramène d'urgence.

— Je m'en occupe, réagit Tekoa en se plaçant à côté de San. Isha je vais avoir besoin de ton aide pour le mettre sur Moka.

— Attendez, il a une blessure ici ! désignai-je sa cuisse où se trouvait une immense griffure d'ours très profonde. Du sang continuait d'en couler.

— Ah oui, ça devient plus sérieux soudainement... euh... Isha, trouve-moi une peau, n'importe où...

— J'en ai une, coupai-je. Tiens, prends celle-ci, tendis-je une peau que j'avais placée autour de mes épaules le matin même, en plus de celles que je portais habituellement.

— Parfait. Je m'occupe de lui, retournez au camp avec Leïka, Isha et moi vous rejoignons dès que possible.

— Je suis désolée mais non. On rentre tous ensemble.

L'opération relever San se voulut plus difficile que prévu. Rien ne le tenait, son propre corps ne fonctionnait plus. Le maintenir assis était déjà bien compliqué...

Mes deux amis réussirent non sans difficulté à placer San sur Moka, Tekoa monta aussitôt que mon voyageur fut installé, puis il partit sur une cadence plutôt lente pour commencer. Leïka et moi remontâmes sur Yatyeena, Isha retrouva son cheval également, puis c'est ainsi que nous débutâmes le chemin du retour, qui nous paraîtrait plus long que l'allée.

J'essayais de parler avec San pour le maintenir et le garder avec nous. Isha restait très près de lui et le retenait du mieux qu'il le pouvait, pendant que Tekoa faisait attention à la cadence de sa monture.

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Nous arrivâmes lorsque le soleil se coucha. Magena et Migina étaient déjà là, ainsi que mon frère qui, dès qu'il nous vit, se joignit à nous et me serra dans ses bras pendant que je craquai et pleurai toutes les larmes de mon corps. Parallèlement, mes deux amis amenèrent San chez Ashaisha et Kwanita, alors qu'il s'était endormi à la fin du retour. Waneta remarqua mon mal-être depuis le tipi où il se trouvait avec ma mère, et une fois que Nashoba me lâcha, il vint à son tour.

— Il faudra que nous parlions tous les deux. Mais pas tout de suite, bien évidemment. Va voir San, Ashaisha te fait signe.

Je rejoignis directement Ashaisha et vis dans son tipi San allongé sur une sorte de couche qu'elle avait fabriquée pour les individus blessés. Elle commença par me rassurer en me disant qu'il n'allait pas y passer, mais qu'il lui faudrait tout un temps de rééducation, puisque sa blessure était très profonde et que certaines parties de sa jambe ne fonctionneraient plus comme avant. Il faudrait dans un premier temps lui réapprendre à marcher.

Ensuite elle m'annonça que ce soir il ne ferait que dormir. La journée avait été trop difficile pour lui pour qu'il se réveillât avant le lever du soleil. Mais elle me proposa de rester avec lui, afin qu'il eût une présence chaleureuse et qu'il connût celle qui demeurait à ses côtés.

Elle et Kwanita quittèrent ensuite le tipi, me laissant seule dans un silence meurtri avec celui qui m'avait fait vivre les plus grandes peurs que je n'avais jamais connues en si peu de temps.

Je pris sa main que j'embrassai, puis après lui avoir dit quelques mots que je savais qu'il entendait, je m'allongeai à côté de lui et m'endormis quelques instants plus tard, ne l'ayant pas lâché.