La Terre promise - San

CHAPITRE 33

Nous revînmes un peu plus tard que prévu, faute du chemin que nous n'avions pas retenu. Ce fut la seule inquiétude que nous eûmes. Ni chute, ni mauvaise surprise, ni blessure de cheval. Seulement de grandes courses à des vitesses que nos chevaux n'atteignaient pas souvent.

Encore une fois Waneta m'avait impressionnée. Il était sur une jument qu'il ne connaissait que très peu pour ne pas dire pas du tout, et il la maîtrisait comme s'il était sur son éternel compagnon Brin d'Osier.

Je descendis de mon équidé et m'en occupai rapidement avant de le relâcher dans l'enclos, puis lorsque j'arrivai sous le tipi, San n'avait pas bougé. Personne n'avait essayé de l'aider à se relever, et à ce moment-ci de la journée en était-il encore capable ?

— Alors ? me demanda-t-il avec un sourire en coin lorsqu'il me vit. Votre balade s'est bien passée ?

— Pourquoi me demandez-vous cela sur un tel ton ? repris-je, surprise d'une telle voix.

— Vous êtes très proche de Waneta, n'est-ce pas ?

— Ouh, ce n'est pas du tout ce à quoi vous pouvez vous attendre ! Nous sommes amis, simplement !

— Vu comment vous le dîtes, je ne peux sûrement pas vous contredire.

— Bon, maintenant que vous avez votre réponse, parlez-moi de vous. Que s'est-il passé lors de mon absence, avec Ashaisha et Kwanita ?

— J'ai eu droit à des massages, des remises en formes, une séance de spiritualisme, et j'étais un peu étonné au départ, mais je me sens beaucoup mieux.

— Les remèdes de nos ancêtres sont surprenants n'est-ce pas. Pourtant ils fonctionnent à chaque fois. Vous n'avez pas essayé de vous lever ?

— Ils préféraient que vous soyez là. Que vous assistiez à chaque étape si je peux dire, étant donné que c'est sûrement avec vous que je vais connaître le plus d'avancement.

— D'accord. D'accord...

Je m'asseyais à côté de lui et nous continuâmes de discuter jusqu'à ce que la nuit arrivât.

Nous ne mangions pas ce soir-là. Nous discutions, ne voyant pas le temps passer, et nous endormions, peu avant que Kwanita et sa femme ne revinssent dans le tipi.

——————————

Le lendemain commença réellement sa rééducation.

Très tôt le matin nous fûmes réveillée par Ashaisha qui insista pour que nous commençassions le plus rapidement que nous pûmes dans l'objectif d'avancer au mieux et d'avoir des résultats le soir-même. Il nous fallut peu de temps pour réagir ; après que nous fussions tous trois prêts, elle nous expliqua sa manière de procéder afin que cela fût rapide, ou du moins le plus rapide possible.

Après cela je me plaçai à côté de San et, lui qui était déjà assis, lui pris sa main en lui disant de la serrer plus fort lorsqu'il aurait mal, ce qui, je le savais, arriverait.

San commença à bouger sa jambe, ce qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs jours, celle-ci paralysée à cause de sa profonde blessure. Au début il usa de l'aide d'Ashaisha, mais ils firent des exercices à plusieurs reprises et il finit par les faire lui-même, seul ou presque.

Au bout de quelques heures il réussit à se mettre debout, même si cela ne dura que très peu de temps et qu'il resta hésitant et tremblant. Cependant Ashaisha vit, comme elle dit, beaucoup d'espoir en cette façon de faire. Elle fut impressionnée par la volonté que San eut à se remettre sur pieds.

——————————

Le temps passa. Quelques jours durant lesquels San parvint à sortir du tipi, bien sûr jamais seul, je le maintenais à chaque fois tandis que Ashaisha l'aidait de l'autre côté à trouver son équilibre.

La plupart du temps je le voyais grimacer, parfois il geignait, mais il n'aimait pas exprimer sa douleur. Lorsqu'il le faisait c'était uniquement parce qu'il la supportait mal.

— Vous allez mettre du temps avant de remonter à cheval, n'est-ce pas...? lui demandai-je lorsque nous étions tous deux assis au bord du fleuve, au bout de l'enclos contrairement à nos anciennes habitudes.

— Je risque en effet... pourquoi me posez-vous cette question ? m'interrogea-t-il à son tour.

— Ça me manque de faire des balades avec vous, répondis-je plutôt timidement.