CHAPITRE 17

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Nous arrivâmes après une longue trotte, je fus la première à descendre et San fit de même. La chaleur que le soleil apportait un peu trop m'incita à faire de même qu'à mon réveil : tremper les pieds dans l'eau. Je m'assis donc pendant que San me regarda faire, et je l'invitai à faire de même pour qu'il se rafraîchît. Il retira ce qui semblait fortement lui tenir aux pieds, puis ce qu'il avait de plus fin en-dessous, releva ce qui habillait ses jambes, ce jour-ci rouge, jusqu'à ses genoux et s'assit à côté de moi.

Cela me fait plaisir que vous m'invitiez dans votre tribu, dit-il en regardant les plaines de l'autre côté du fleuve. Vous n'étiez pas obligée, surtout avec ce que je vous ai dit la fois précédente en vous parlant de mon colonel.

Vous êtes un homme très courageux. Et de notre côté nous savons déjà à quoi nous en tenir par rapport à cette personne.

Si jamais il vous arrivait de vous faire prendre par surprise comme ce qui vous a poussé à venir ici, je n'aurais qu'une seule espérance.

Et quelle est-elle ?

Que vous combattiez pour les vôtres et que vous restiez en vie. Je m'ennuierais de savoir que ces barbares avec qui je combats auraient tué une femme aussi incroyable que vous l'êtes.

Je vous avoue que je ne sais trop quoi vous dire à part merci. Vous me touchez.

Je vous en prie. Je pense que c'est important de vous dire les choses avec honnêteté. Vous êtes admirable, autant vous le faire savoir. Une vie comme la mienne ou n'importe quel soldat paraît si simple à côté de la vôtre.

Oui mais on ne choisit pas. Et puis je ne peux pas vous juger, votre vie n'est que plus difficile de part vos expériences. Moi, j'ai toujours une famille...

Certes, et peut-être qu'un jour vous serez vous-même cheffe de famille.

Malheureusement non.

Pourquoi cela ?

C'est l'homme le chef. Je ne serai là que pour cultiver et m'occuper des enfants. C'est aussi une des raisons pour lesquelles je ne suis guère pressée d'avoir une famille et un... mariage. Dès que j'aurai tout cela, je ne pourrai plus faire ce que j'aime. Chasser, construire, monter à cheval et m'occuper d'eux... ce sont des affaires d'hommes.

Je comprends mieux votre rejet du mariage. En Europe aussi les femmes sont considérées comme inaptes à faire tout cela. Elles s'occupent des enfants et de leur mari lorsqu'il rentre du travail. La plupart d'entre elles ne les voient que très peu. Enfin, assez parlé de cela, que voulez-vous faire si nous avons l'accord de votre chef ?

J'aimerais vous montrer le plus de choses possible. Que vous soyez immergé dans ma vie. Je vous montrerai mon tipi, l'écurie, les cultures, et pourquoi n'assisteriez-vous pas à une cérémonie ce soir.

J'aimerais beaucoup, la cérémonie dépendra de l'heure.

De quoi ?

De l'heure. C'est vrai... j'oubliais que vous n'avez pas cela ici, dit-il en sortant ce même objet rond avec les deux pointes. J'aimerais prendre le temps de vous apprendre cette notion, cela pourrait nous aider pour nous voir, nous repérer dans le temps.

Vous ne savez pas vous repérer avec le soleil ?

C'est inné de se repérer avec le soleil, n'est-il pas ?

Je ne sais pas. Après je veux bien apprendre l'he... l'heure, c'est bien ça ?

Tout à fait. Peut-être ai-je le temps de vous apprendre les bases le temps que votre ami revienne ?

La Terre promise - SanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant