CHAPITRE 22

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Je me réveillai avec une énorme douleur au crâne et dans les épaules. J'ouvris les yeux et fus d'emblée surprise par une immense flamme à quelques pas de moi.

Derrière moi j'entendais les chevaux hennir, ne pouvant s'échapper de l'enclos à cause de la hauteur des barrières.

Je tournai la tête et vis ma mère à côté de qui j'avais été ligotée, et de l'autre côté se tenait Isha, également accroché.

J'entendis un hurlement strident de Leïka qui me donna des frissons et fit monter des larmes dans mes yeux. Devant moi je la vis se tordre de douleur, du sang coulant de son bras, scarifié par une épée d'un homme qui me semblait être un chef. Celui-ci souriait.

Derrière une flamme je vis que Tyee et son fils étaient sur des chevaux, attachés et inconscients. Voir mon chef ainsi était la pire chose qui pouvait arriver à la tribu à ce moment-là. Nous avions besoin de lui.

Je vérifiai que personne n'était allongé par terre laissé pour mort, mais lorsque je vis Nashoba derrière ma mère, Magena avec Tekoa derrière Isha, Migina un peu plus loin, Kwanita et Ashaisha ligotés ensemble devant leur tipi, et Waneta tenu par un des hommes, je compris que tout le monde était encore vivant. Le problème était la phrase qui me traversa l'esprit : pour le moment.

Maintenant que toute la tribu était attachée à du bois, maintenue au sol, dispensée de faire quoiqu'il fût pour se défendre, les étrangers pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient. Nous étions tous en train de nous préparer à vivre les pires minutes de notre vie. Ces minutes que suivrait et rattraperait la mort.

Le même homme qui venait de torturer Leïka pointa une arme sur moi. Cette arme qui faisait autant de bruit qu'elle ne faisait de mal.

Le chaos se tut. Plus un bruit. Tout le monde regardait ce chef ingrat, laid et irresponsable qui n'avait que pour seule valeur l'égoïsme.

Je fermai les yeux. Le seul bruit que j'entendais étaient les reniflements de Tala. Elle priait, elle suppliait à voix basse que je ne mourusse pas. Mais alors que je m'attendais à la pire des douleurs et que les larmes me coulaient le long des joues, j'entendis une voix que je connaissais désormais très bien...

Non ! hurla San du haut de la colline.

Je rouvris les yeux et tournai la tête vers l'endroit d'où provenait son cri. Il arriva sur son cheval noir, en descendit et courut vers son chef qui l'arrêta en lui tendant l'arme. Il ne la pointait pas sur lui, non, il voulait la lui donner.

Vas-y, à toi l'honneur San.

Je ne peux pas...

Dans ce cas autant que je m'occupe de toi maintenant. Ta protégée va être ravie de voir son héros arriver pour se faire tuer sous ses yeux.

Il changea la manière de tenir l'arme pour cette fois-ci la braquer sur San. Mais ce dernier ne lui laissa pas l'occasion de tirer sur lui.

Ne vous donnez pas cette peine... dit-il d'une voix calme en sortant son épée.

San qu'est-ce que vous faites ! criai-je en me débattant, espérant me libérer et intervenir à temps.

Ce que j'aurais dû faire depuis le début Zaltana, répondit-il de cette même voix, portant l'épée à son cou. Je vous remercie de m'en avoir donné la force.

La Terre promise - SanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant