La Terre promise - San

CHAPITRE 14

Je rentrais voir Waneta après cette longue conversation avec San. Je me sentais libérée de quelque chose mais je ne savais pas de quoi il s'agissait.

Je m'occupais gentiment de Yatyeena en échangeant avec mon ami qui était le seul au courant de ce qui se tramait derrière mes sorties habituelles. Je lui racontais ce qui était arrivé à San et pourquoi je savais que je pouvais pertinemment lui faire confiance. Waneta était subjugué par l'histoire de celui qu'il avait surnommé l'ours toute la soirée de la veille.

Je lui annonçai soudainement que je voulus lui présenter la tribu. Lui montrer comment nous fonctionnions, lui faire visiter un tipi, lui faire ressentir l'atmosphère qui émanait de cette terre que nous avions adoptée.

Waneta était douteux face à cette pré-demande que je voulais exposer à Tyee. Ce que je comprenais. Du jour au lendemain il apprenait que je voyais chaque jour un étranger qui, même s'il n'avait tué personne, était parfaitement au courant de ce qui se passait et faisait partie de leur clan. Ce qu'il ignorait par contre, c'était que San l'avait rejointe pour faire mourir son armée.

Et ensuite je disais à mon ami que je voulais montrer à cet étranger ce que nous avions de plus précieux lorsque nous avions tout perdu quelques dizaines de journées plus tôt.

Il m'encouragea à le faire bien qu'il ne fût pas convaincu des paroles qu'il prononça, et termina avec une image où ils me dit que seuls ceux qui ont chassé ont ramené un bison.

Je me rendais après cela voir Tyee, occupé à échanger avec ma mère. Lorsqu'ils apparurent dans mon champ de vision, tous deux avaient un grand sourire affiché sur le visage. J'eus bien peur que celui-ci ne disparusse dès lors que j'aurais prononcé ma demande.

— Ah bonjour Zaltana, nous étions en train de parler de toi, m'accueillit le chef.

— Bonjour Tyee, répondis-je d'un mince sourire.

— Tu vas bien ? On dirait que tu es préoccupée.

— Euh oui, je le suis un peu en effet. J'aimerais vous faire une demande assez particulière.

— Ah ? Et quelle est-elle ? demanda-t-il surpris.

— Euh, c'est un peu délicat, je ne sais pas trop par où commencer... alors je ne vais pas passer par quatre plaines ; je vois un étranger.

— Tu quoi ?! cria-t-il.

— S'il-vous-plaît Tyee laissez-moi vous expliquer. San n'est pas quelqu'un de méchant, il...

— Tu connais son prénom ? Mais quel genre de relation entretiens-tu avec lui pour en arriver à échanger jusqu'à ton prénom avec un étranger ?!

— C'est peut-être parce que c'est la base de l'échange...?

— Bon euh d'accord euh... fit-il en se déplaçant par petits pas, essayant de reposer les pieds sur terre après cette annonce qui, je ne pouvais que comprendre, était loin de le rassurer. Et... que se passe-t-il avec ce... San ?

— Il m'a annoncé que ses hommes et lui sont cachés derrière une montagne. Je crois qu'ils nous espionnent mais que nous ne pouvons pas les voir. Ils attendent de nous attaquer lorsque nous ne serions pas aptes à nous défendre.

— Je vois. Donc... que devons-nous faire ?

— Lui faire confiance. Moi en tout cas c'est ce que je veux. Et c'est déjà ce que je fais. Et puis... nous avons beaucoup échangé à propos de nos cultures, et j'aimerais lui présenter notre tribu et le campement.

— C'est un peu rapide Zaltana.

— Je sais mais c'est la seule manière qu'il aura d'empêcher les étrangers de commettre l'irréparable sur nous ! Il me l'a dit, il est impressionné par nos compétences. Pour les étrangers la vie est beaucoup plus facile, ils n'ont pas à se mêler des problèmes de chasse, de culture, d'eau et j'en passe ! Alors laissons-le découvrir ce qu'est réellement la vie, ou du moins comment elle est ici.

— Bon... d'accord. Mais au moindre...

— Merci ! Ne vous en faîtes pas il ne fera rien de mal ou que vous puissiez désapprouver ! souris-je en repartant en courant vers les cultures.

J'y arrivai et vis les jumelles et Leïka. Toutes trois étaient penchées sur les trois soeurs que nous cultivions tout au long de l'année malgré les différentes saisons. Tala nous rejoignit à son tour et se pencha en maintenant son dos qui la faisait souffrir malgré les ordres de Kwanita de travailler moins aux cultures. Je fis comme elle.

Je racontai aux filles tout ce que j'avais juste dit à Tyee, à propos de San et de la confiance que je lui faisais, celle que je voulais que tout le monde lui apportât. Il pouvait nous aider d'une certaine manière, bien que je n'eusse pas réfléchi à celle-ci.