Le lendemain San et moi étions assis au même endroit que la veille, à l'exception que j'avais amené Yatyeena avec moi car juste après je devais partir chasser.
— Vous allez bien ? me demanda-t-il. Vous avez l'air un peu ailleurs.
— Oui oui, ça va. C'est vrai que je suis un peu ailleurs ces derniers temps. J'ai eu beaucoup d'émotions fortes d'un coup et je pense que c'est toute cette... mauvaise passe qui retombe. Accompagnée de la fatigue.
— Vous voulez rentrer vous reposer ?
— Non, je suis bien ici, avec vous. Puis il faudra que j'aille chasser après.
Je caressai l'encolure de mon cheval aux crins noirs, pendant que je sentis le doux regard de l'homme avec qui j'étais sur moi.
— Zaltana...
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— C'est votre prénom. Il m'impressionnera toujours.
— Vous me l'avez déjà dit San...
— Je sais. Mais je pourrais ajouter qu'il y a plus que votre prénom qui m'impressionne en vous.
— Ah oui ?
— Vous êtes une belle femme, avec du caractère, de l'ambition, des rêves, une force mentale et une détermination à en couper le souffle. Vous avez des valeurs qui vont bien au-delà de tous ceux que j'ai pu croiser lors de mes nombreux voyages. Et vous êtes toujours celle qui m'a sauvé la vie et qui a fait en sorte que l'hospitalité de votre tribu aille au-dessus de ce que les étrangers ont pu vous faire. J'ai réalisé que je ne veux pas vous perdre. Vous êtes mon ange gardien.
— Ça me fait un peu bizarre que vous me disiez cela, parce qu'en fait...
Je m'interrompis, essayant de formuler mes phrases correctement dans ma tête. Il m'avait touchée en plein cœur, et je me dis que c'était peut-être le bon moment pour lui dire ce que moi aussi je ressentais en étant avec lui.
— Parce qu'en fait ?
— Je ne me suis jamais sentie obligée avec vous. Au début oui, j'étais intimidée, mais j'ai rapidement trouvé une bonne accroche avec vous. Je me suis souvent inquiétée, et j'ai toujours trouvé ça étrange parce que cela ne faisait pas si longtemps que nous nous connaissions. Mais c'est avec les derniers évènements que Waneta m'a fait réaliser de la réalité.
— La réalité ?
— Je me sens différente avec vous.
— Différente ? Mais dans quel sens ?
— Mieux qu'avec quiconque. Vous savez, c'est un peu bizarre, je sais pas si vous connaissez ce ressenti, j'ai quelque chose qui me chatouille dans le ventre quand je vous parle. Et j'en parlais avec Waneta l'autre jour, et il m'a dit que j'étais tout simplement amoureuse de vous. Mais je ne voulais pas vous le dire au début, ça me faisait un peu peur.
— Je vous comprends, moi non plus je n'ai pas voulu vous le dire.
— Comment ça, vous non plus ?
Il ne répondit pas, me regardant comme si j'étais une enfant innocente à laquelle il fallait tout apprendre. Ce qui n'était pas faux d'un point de vue sentimental.
Alors que je cherchai une réponse dans ses yeux, il sourit de plus belle, ne disant toujours rien.
Puis il se rapprocha de moi, qui redevins aussi timide que la première fois que je l'eus vu, mais je n'eus le temps de dire quoiqu'il fût car il scella notre complicité au travers de notre premier baiser. Et vue la sensation que cela me procura, je n'espérais pas qu'il fût le dernier.
Je fermai les yeux et pus ressentir mon premier frémissement quand il mit sa main sur ma joue, et la descendit jusqu'à mon cou.
Ses lèvres étaient douces, chaudes et délicieuses. Et il devait avoir embrassé plusieurs femmes dans sa vie pour qu'au moment où elles touchèrent les miennes ce fût un succès garanti.
Il dégageait une odeur de braise que j'aimais tout particulièrement, car c'était grâce à lui que j'avais échappé à cette incinération. Malgré tout, je le considérais comme mon ange gardien aussi.
Emportée, je posai à mon tour une main sur son torse, l'autre autour de son cou également. Je ne voulais plus de limite entre nous.
Et si c'était ça aimer, j'espérais que cela durât jusqu'à ce que mort s'en suivît.
À contrecœur le moment arriva de nous séparer. Ce à quoi je n'étais pas prête, c'était reprendre mon souffle. Notre respiration avait été bloquée pendant plusieurs secondes...
— C'est quand je vous ai vue pleurer quand j'ai failli mourir que j'ai compris que vous étiez peut-être plus attachée à moi qu'il n'y paraissait. Et puis, quand je venais de chuter, que Yuma me disait les pires horreurs, et qu'il a prononcé votre nom, je vous ai dit que je vous imaginais avec lui, et que c'était une des pires choses que j'avais pu imaginer. Mais je pense que j'étais jaloux. J'étais jaloux parce que... je vous aimais déjà. Et puis encore aujourd'hui. Je vous aime.
— Je vous aime aussi.
Ce fut ensuite moi qui pris l'initiative de l'embrasser une nouvelle fois. J'avais tellement aimé cela que j'étais prête à crouler sous ses baisers.
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La Terre promise - San
Fanfic1534. Amahevane, là où elle avait tout pour être heureuse. Mais son train de vie et son rêve basculent lorsqu'elle et tout son entourage sont pris de court par des étrangers saccageant leur terre. Comporte des scènes de violence. Début le : 27-04-20...