CHAPITRE 27

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Je me rendis en courant vers le tipi de Tyee en insistant sur le fait qu'il s'agissait d'une urgence, ce qui le fit sortir rapidement. Mon attitude avait soudainement bien changée, il sembla ne pas me reconnaître depuis le matin.

Que se passe-t-il Zaltana ?

J'ai retrouvé San, commençai-je. Il était sur le point de mourir, je ne pouvais pas le laisser là-bas, alors pour faire simple je l'ai ramené ici en attendant que nous sachions quoi faire.

Oh Zaltana... soupira-t-il.

Je n'allais quand même pas le laisser mourir sous une telle chaleur alors qu'il nous a sauvé la vie !

Comme il a accidentellement failli nous la reprendre ! intervint Yuma.

Super, à chaque fois que je veux surtout pas que tu débarques tu es là, en plus pour faire des remarques plus immatures les unes que les autres. Tyee !

Quand tu dis qu'il était sur le point de mourir, comment était-il très exactement ?

Affiné. À faire peur. Son cheval est mort, tué par un ours, duquel il a fini par se nourrir parce qu'il n'avait rien d'autre !

Il a tué un ours ?

Oui ! À cause de toutes ses émotions mélangées, il a vaincu à lui seul l'animal que nous redoutons le plus !

Je vois... bon... fais-le venir, nous allons le garder quelques temps, afin qu'il reprenne des forces, et qu'il ait quelqu'un avec lui.

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Deux heures passèrent ; j'avais trouvé quelques peaux que ma mère avait assemblées afin de changer les accoutrements déchirés de San pour quelque chose, certes moins élégant que ce qu'il portait, mais qui lui tiendrait plus au corps et qui lui permettrait de se fondre parmi nous.

Waneta avait proposé qu'il dormît dans son tipi, il y avait assez de place pour une deuxième personne, ce que San avait gentiment accepté.

Tout le monde semblait assez reconnaissant du geste qu'il avait fait pour nous protéger et nous sauver ; tout le monde sauf Yuma qui exagérait, il insistait quand il le regardait mal, il ne lui adressait pas la parole, et quand je passais "trop de temps" avec lui, le voilà qui venait me piquer des crises de jalousie. Il avait le don de m'énerver lorsque tout commençait à s'arranger.

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Lorsque la nuit tomba et que nous eûmes fait ce que nous faisions quotidiennement, San et moi allâmes au fleuve où nous allions du temps où il venait tous les jours. Il devait le remarquer mais j'étais très heureuse de l'avoir avec moi, même si les conditions nous ayant amenés à nous revoir étaient loin d'être enchanteresses.

Je venais de passer la journée la plus forte en émotions que je n'avais jamais vécue ; j'étais partie du campement abattue, inquiète, triste et énervée, avais retrouvé un homme que j'appréciais fortement à moitié mort, et pourtant j'étais si heureuse de le revoir, cependant il venait de vivre des moments bien trop douloureux. Et nous voici quelques heures plus tard, assis au bord de ce fleuve, les pieds dans l'eau, comme si de rien n'était.

En y pensant je me rapprochai de lui et posai ma tête sur son épaule. Quelque chose que je faisais souvent avec Tekoa, Isha et Waneta, qui leur montrait mon affection à leur égard. Mais cette fois-ci me sembla différente. Je n'avais plus envie de bouger.

Nous ne nous ennuyions pas, nous ne disions rien, nous restions assis et profitions de ce sort à la fois cruel et têtu qui nous avait poussé à nous revoir, alors que rien n'était fait de telle sorte que cela arrivât.

Je vous ai entendue vous disputer avec votre mère, brisa-t-il le silence ; sans vouloir être indiscret, quelle en était la raison ?

Euh... soupirai-je. Elle... veut que je me marie avec Yuma... maintenant que je me sens mieux, elle veut que je me marie. Avec Yuma, redis-je d'une voix plus basse.

Et vous n'avez pas envie n'est-ce pas...

Non, fis-je les larmes aux yeux. Je ne veux pas d'un mariage avec un homme que je n'aime pas. Je ne ressens rien pour lui, et pourtant je me suis forcée à me dire qu'il s'agit d'un homme bien. Il venait me voir sur les jours où vous étiez dans votre grotte, il me parlait beaucoup mais rien ne m'intéressait. En plus ma vie va encore changer après ça ; il va devenir chef et moi je serai femme de chef. Je ne sais même pas quel rôle j'aurai. Lui faire des descendants quand il en aura envie peut-être ? Je ne sais pas... ce que je sais en revanche c'est que je pourrai dire adieu à mes balades à cheval et mon temps libre sur Yatyeena. Adieu mon rêve de devenir cheffe des écuries. En fait épouser Yuma voudrait dire adieu à la vie que je veux. Et puis, un autre détail mais si Yuma devient chef, vous ne pourrez pas rester... il ne vous aime pas, j'en suis persuadée. Mais je ne veux pas vous perdre une seconde fois.

Je finis sur cette phrase en relevant ma tête et passant mes deux bras autour de son cou, au creux duquel je vins placer ma tête. Ce que je venais de lui exposer serait la pire chose qui pourrait m'arriver.

La Terre promise - SanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant