Je voulus oublier cela et me rendis voir Nashoba pour l'informer que j'avais ramené un bison.
Mon frère était énervé de voir que j'avais mis autant de temps pour rentrer. Il m'avoua s'être inquiété toute la soirée. Mais il fut plus content lorsque je lui montrai l'animal, pourtant loin de faire partie des plus gros. Je lui mentis en lui disant que ramener cela toute seule m'avait pris un temps fou, et il finit par me féliciter.
— Je suis fier de toi p'tite soeur. C'est vrai, être une fille et...
— Hop hop hop, le coupai-je. Je ne veux rien entendre là-dessus. Ça m'énerve que sous prétexte que je suis une fille je ne suis pas capable de faire des trucs d'homme, ou que ça paraisse plus impressionnant.
— Oui, tu as raison, il n'empêche que j'en connais que très peu.
— Eh bien prépare-toi à ce que cela devienne une habitude. Allez viens, aide-moi à ramener ce gros bestiau.
Nous arrivâmes devant notre tipi duquel Leïka sortit dès qu'elle entendit le son de ma voix s'adressant à mon frère. Elle me prit et me serra entre ses bras encore frêles, pendant que je vis ma mère sortir à son tour.
— Tyee est très énervé, m'annonça-t-elle.
— J'ai dit à Nashoba que j'avais tué le bison et que le ramener toute seule n'était pas une mince affaire.
— Je sais bien Zaltana.
— Je vais l'informer que tu es revenue, intervint Nashoba.
— Il avait peur que tu... enfin tu as compris, reprit-elle lentement. Ou que tu te sois faite enlever par les étrangers.
— Je ne les ai même pas croisés.
— Et heureusement.
Je retirais les cordes qui m'avaient servies à traîner le bison jusqu'au camp pendant que Waneta s'occupait de mon cheval et que ma mère se préparait à faire les peaux. Tekoa et Isha étaient venus me voir après la longue excursion que j'avais faite, et Tyee m'avait fait la morale. Il avait terminé en me faisant promettre de ne plus rentrer aussi tard lorsque je me promenais toute seule.
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Pourtant dès le lendemain je recommençais. Je partais assez tôt en prétendant vouloir me vider l'esprit de la nuit horrible que je venais de passer. Ce n'était pas le cas, c'était juste un prétexte.
J'arrivai après plusieurs dizaines de foulées au même endroit que la veille, et, depuis le point culminant où j'étais, je reconnus le cheval noir sur lequel était l'homme de la veille.
Yatyeena hennit, ce qui fit se retourner le cheval d'en face, et l'homme aux cheveux alezans. Il m'avait vue, je ne pouvais plus repartir fugitivement. Je le rejoignis alors et arrivée vers lui je descendis de mon cheval et le saluai. Nous nous assîmes près du fleuve comme la veille, reparlions des évènements passés et de comment, dans ma tribu, nous avions réussi à tout refaire aussi rapidement. Cela nous prit beaucoup de temps.
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Je faisais cela pendant plusieurs jours, entre la fabrication d'un outil, les cultures, la chasse, je trouvais parfois un temps de repos durant lequel je descendais voir cet homme avec lequel je parlais de ce que je faisais de mes journées, et qui semblait toujours plus impressionné. Puis je rentrais avant le lever de la nuit.
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Le soleil allait se coucher. Je venais encore de passer une demi-journée avec cet homme à peine plus âgé que moi. Nous avions à nouveau parlé de ce que nous avions fait entre les deux jours où nous nous étions vus, rien de plus.
Je lui trouvais plusieurs qualités au fil du temps ; il était très doux, très gentil, il n'avait pas de préjugés sur les femmes. Il avait une éloquence que j'aimais tout particulièrement, il était très intelligent, avait beaucoup de conversation, il possédait également un certain charisme. Il était excellent à cheval, d'ailleurs il m'avait proposé que nous fissions une balade ensemble si nous en aurions le temps. Et puis il était très beau, ça je ne pouvais le nier.
— Zaltana ?! entendis-je alors que j'étais avec lui face au fleuve.
— Waneta ?!
Je me retournai après avoir reconnu sa voix et me levai soudainement pendant que je le vis descendre la colline sur Brin d'Osier. Plus il se rapprochait plus la colère s'affichait sur son visage.
— Viens avec moi, dit-il d'un ton froid en descendant de sa monture et en fixant celui avec qui je me tenais d'un regard noir.
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La Terre promise - San
Fiksi Penggemar1534. Amahevane, là où elle avait tout pour être heureuse. Mais son train de vie et son rêve basculent lorsqu'elle et tout son entourage sont pris de court par des étrangers saccageant leur terre. Comporte des scènes de violence. Début le : 27-04-20...