CHAPITRE 23

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Il commença à appuyer la lame sur son propre cou, mais alors que je crus qu'il se tuerait devant moi, il fit soudainement un tour sur lui-même, éloignant l'arme de son corps, la rapprochant de son colonel. N'ayant rien vu venir, celui-ci fut trop près de la manipulation de son soldat, et la lame fine et de nouveau brillante se retrouva entièrement rouge de sang, séparant la tête du corps du colonel.

Quelqu'un d'autre ? cria-t-il en désignant les autres hommes de sa troupe qui se tenaient devant lui. Elle est peut-être sale mais elle fonctionne toujours !

Personne ne répondit. San demeurait devant le feu, à côté du corps de son supérieur, et attendait que quelqu'un se manifestât s'il le désirait. Il ordonna à tout le monde de partir, ce qu'ils firent, posant leurs armes avant. San lâcha son épée qui tomba à côté de la tête de sa victime, puis il se dirigea vers moi en premier, et défit tous les cordages. Aussitôt que mes bras étaient libres de tous les mouvements je les passai autour de son cou en pleurant à chaudes larmes. J'avais eu peur pour lui, et je comptai bien lui faire comprendre.

Vous m'avez fait peur imbécile ! Pourquoi avoir procédé ainsi ?

Pour être sûr qu'il ne se douterait de rien. Zaltana... enchaîna-t-il en me prenant par la taille et reculant d'un petit pas. Je ne veux pas que vous souffriez à cause de moi. Je veux juste vous promettre avant de partir...

Non ne partez pas je vous en prie...

Il le faut, c'est mieux pour tout le monde croyez-moi. Écoutez-moi. Avant que je parte je veux juste vous promettre que jamais je n'ai voulu ce qui vient d'arriver. À la limite je voulais la peau de mon colonel, mais je ne sais pas ce que vous pensez, et vous pensez ce que vous voulez, croyez-moi ou non. Mais jamais je n'ai dit quoique ce soit. Je vous ai toujours gardée secrète.

Nous nous lâchâmes sans dire plus rien, commençant à détacher les autres des poteaux, cassant les cordages... je le regardai faire, en essayant de procéder comme lui. Mais je demeurai sur sa dernière phrase.

Où irez-vous ?

Je l'ignore.

C'est insensé !

Comme toute ma vie, vous le savez bien. Et je m'en suis toujours sorti, la preuve à vos pieds, désigna-t-il la tête à deux pas de moi. Comprenez que je ne peux ni retourner avec mes soi-disant compagnons, et que je ne peux pas vous demander l'hospitalité.

On pourrait faire des concessions, vous venez de nous sauver la vie !

Parallèlement votre tribu croit que c'est de ma faute, continua-t-il en se dirigeant vers Tyee et Yuma, ce dernier qu'il détacha en premier.

Me touche pas ! cria-t-il. Je te déteste !

Yuma... fit Tyee d'une voix faible. Calme-toi s'il te plaît, tu ne serais plus de ce monde si San n'était pas intervenu.

Il le reconnaît, c'est de sa faute si on nous a attaqués !

Non Yuma tu mélanges tout ! C'était prévu qu'on se fasse prendre une seconde fois, ils étaient cachés derrière une montagne ! C'était prévu !

Peu importe Zaltana, reprit San en regardant d'un mauvais œil son interlocuteur. Je vous aide à détacher tout le monde, et je m'en vais.

Vous ne pouvez pas...

Je n'ai plus le choix.

La Terre promise - SanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant