La Terre promise - San

CHAPITRE 20

PDV OMNISCIENT

San était très heureux de la soirée qu'il venait de passer en compagnie de Zaltana et de sa tribu rescapée de l'attaque dont il avait lui-même été acteur. Il regrettait de ne pas avoir pu les aider, mais il savait que sa vie en dépendait, et que le colonel n'aurait eu aucun scrupule à le couper en viande fraîche pour les chiens en manque de chair s'il se refusait à ses ordres.

Il fit la route le plus rapidement qu'il put, sachant pourtant qu'il serait attendu en haut de la colline par un des hommes qui lui faisaient le plus peur au monde. Il était tard, près de onze heures. Une heure bien trop tardive pour rentrer alors que le lendemain aurait été un jour d'espionnage et peut-être même de passage à l'acte.

Le jeune soldat n'était pourtant pas prêt pour ce qui l'attendait là-haut. Il termina sa course au petit trot, mais à peine arriva-t-il qu'un premier cheval passa à côté de son grand noir et lui fit une peur bleue, suivi d'un autre, puis deux, trois. San se rendit vers son chef, également paré à l'attaque, une épée à la main, un pistolet accroché à la bride de son cheval.

— Théodore t'a vu derrière une flamme sur le camp de nos ennemis, annonça-t-il avant de partir à son tour vers la direction que San redoutait le plus : la plaine.

— Non attendez ! cria-t-il.

— Quoi, San ? Qu'est-ce que tu faisais là-bas ?

— Ils ne sont pas du tout comme vous le croyez ! Ils ont une manière de voir le monde bien différente de nous, ils sont impressionnants ! Vous ne pouvez pas faire ça !

— Te rangerais-tu de leur côté ?

— Je...

Il s'interrompit lui-même ; dans les deux cas, son colonel ne serait pas satisfait de sa réponse.

— C'est bien ce que je me disais. Passer plusieurs jours avec cette pimbêche n'a pas fait de toi un homme. Tu vas descendre avec nous les massacrer, et après je m'occuperai de ton cas personnellement.

Ce fut la dernière phrase que San entendit de son supérieur avant que celui-ci ne partît à son tour. Pris d'un élan et d'une conviction à ne pas se laisser faire, il fit galoper son animal dans une autre direction, ne voulant pas que son chef le vit partir du campement.