La Terre promise - San

CHAPITRE 28

Plusieurs jours passèrent. J'en appris plus à San sur notre manière de vivre, nos cultures, nos rituels et nos cérémonies, et lui me parlait de comment il vivait en Europe, des traditions, de ses voyages et des différences qu'il avait vues sur chacune de ses excursions.

Tout semblait plus calme sur le camp. San faisait désormais partie de la tribu.

Cependant de mon côté rien ne changea ; ma mère et Tyee continuaient de parler du mariage qu'ils voulaient programmer le plus rapidement et simplement possible, et ne me demandaient toujours pas mon avis. C'était difficile pour moi de m'imaginer mariée et privée de tout ce que j'aimais.

— Hé San ! l'interpella Yuma alors qu'il aidait Waneta et moi à l'écurie. Il faut que quelqu'un vienne chasser avec moi, mais personne n'est disponible ! Tu veux pas venir toi ?

— Tu peux aussi le faire tout seule Yuma ! marmonnai-je.

— Non, mon père m'a dit qu'il valait mieux que je sois accompagné, me dit-il d'un ton qu'il n'employait qu'avec moi, qui se voulait doux et rassurant, mais que je ne voyais pas de cet œil-là.

— Parce que bébé Yuma a peur tout seul face aux méchants bisons ? répliquai-je d'un ton à l'opposé du sien, à la fois ironique et glacial.

— Très drôle Zaltana. Bon San, je t'attends.

— J'arrive, répondit-il seulement.

— Vous n'allez pas y aller quand même ? fis-je, surprise, une fois que Yuma eut tourné les talons.

— Ne vous en faîtes pas pour moi.

— Il ne vous aime pas, pourquoi devriez-vous aller chasser avec lui ?

— Pour l'aider ?

— Vous ne voyez pas que c'est encore un piège qu'il vous tend ? Et vous tombez en plein dedans !

— Écoutez, dit-il en m'attrapant par les épaules ; je n'ai pas peur de Yuma, d'accord ? Je sais ce que je fais. Alors ne vous inquiétez pas pour moi.

— Je ne veux pas qu'il vous arrive quoique ce soit.

— Il ne m'arrivera rien, c'est promis.

Il s'approcha de moi et déposa un baiser sur mon front, puis il partit sur Brin d'Osier que Waneta lui confiait souvent, le temps qu'une de nos juments poulinât.

— Je n'aime pas ça du tout.

— Mais non, t'en fais pas il va rien lui arriver, il te l'a lui-même dit ! Fais-lui confiance un peu !

— En lui j'ai pleine confiance ! En revanche j'en ai aucune envers Yuma !

— C'est ton futur mari Zaltana... essaie de faire quelques eff... qu'est-ce que tu fais ? changea-t-il alors que je m'apprêtai à le laisser seul.

— J'en ai assez qu'on me rabâche que cet idiot est mon futur mari ! m'énervai-je. Je ne veux pas l'épouser ! Je ne veux pas de cette vie ! Je ne l'aime pas, je ne ressens rien pour lui, tout ce que je veux c'est être encore libre de travailler avec les chevaux et toi, pouvoir me promener avec San et être libre de toute interaction avec lui sans que Yuma me tombe dessus !

Il y eut un silence. Waneta baissa la tête. Je regrettai soudainement de m'être emportée ainsi, alors que Waneta était sûrement celui qui me comprenait le mieux en dehors de San.

— Il... reprit-il timidement. Il faudrait peut-être que je dise quelque chose pour montrer mon opposition au mariage ?

— Qu'est-ce que ça changera de toute façon ? pleurai-je. Tyee s'en réjouit, ma mère ne veut rien entendre, et je suis sûre que là tout de suite Yuma s'en vante auprès de San.

— Peut-être mais si j'explique à ta mère que tu te confies à moi et que tu ne veux rien de tout ça, peut-être y réfléchira-t-elle à deux fois ?

— Autant essayer...

— Je vais aller lui parler. Reste ici.